• Un Chasseur Coniagui – Dans les sociétés africaines rurales, la chasse est une activité traditionnelle importante. Elle procure des ressources alimentaires précieuses à la communauté. Pour les hommes, elle constitue aussi un cadre symbolique central, dans la construction sociale du groupe et dans le rôle et la place des individus. Mais en plus, elle devient à compter du XIXe siècle une composante économique nouvelle. Elle permet de commercer avec les comptoirs européens installés sur le continent pour alimenter la forte demande mondiale d’ivoire. La consommation de ce matériau - et particulièrement celui aisé à travailler des éléphants d’Afrique – explose en effet. Faute de matières plastiques, qui ne se banaliseront qu’après le tournant du XXe siècle, l’ivoire répond à des besoins nouveaux en rapport avec la modernité. Il permet notamment de fabriquer les boules de billard à une époque où ce jeu se démocratise. Il est aussi utilisé pour les touches de piano, tandis que la demande s’envole en Occident et en Asie. La pratique de cet instrument est entrée dans le programme des écoles normales japonaises et sa présence se répand dans de nombreux foyers aisés. De fait, la pression sur la faune des pachydermes africains s’accroit tant, que la ressource commence à décliner fortement dès avant la première guerre mondiale. Les chiffres d’exportation d’ivoire, enregistrés par les services de  douane de Guinée française en témoignent.
  • Conakry, Rue Commerciale - Également connue comme rue, avenue ou boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. En 1899, l’administrateur Bie la décrit en ces termes : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • L’hôpital Ballay de Conakry, à la veille de l’indépendance. – Bâti entre 1899 et 1902, ce centre hospitalier moderne remplace le premier établissement, ouvert non loin de là en 1894 et devenu trop exigu. A l’heure où la capitale guinéenne, le pays entier et ses voisins affrontent une redoutable épidémie de fièvre Ebola, son nom a une résonnance toute singulière. C’est celui du médecin Noël Ballay, ancien lieutenant-gouverneur de la colonie, victime d’une épidémie de fièvre jaune. Au moment où le nouvel hôpital entre en fonction, au tout début du XXème siècle, il vient de succomber à Saint-Louis du Sénégal, où la maladie connait une flambée très meurtrière. Parti prêter main forte aux équipes soignantes, et contraint à assurer également l’intérim du gouverneur-général d’AOF tombé malade et évacué vers la métropole, il fait partie des très nombreuses victimes dans le corps médical. Saint-Louis, subit des épisodes de fièvre jaune récurrents, en 1830, 1881, 1890, 1900... Ce dernier décime le personnel sanitaire, ne laissant vivants que 2 médecins sur 25 dans la colonie ! Nombreuses autres villes africaines connaissent des tragédies comparables jusqu’à la mise au pont d’un vaccin dans les années 1930 et sa diffusion un peu plus tard. Ainsi, la capitale de la Côte d’Ivoire est transférée à Bingerville, après la terrible épidémie qui ravage la ville côtière  de Grand Bassam entre 1899 et 1900. La fièvre jaune reste endémique en zone tropicale et continue de faire des victimes parmi les populations non-vaccinées. Aujourd’hui, la Guinée semble très démunie face à la nouvelle menace virale. Mais il faut noter le piètre héritage de la période coloniale en matière sanitaire, et l’absence d’investissement de la part des régimes suivants. Au moment de son indépendance, en 1958, le pays ne dispose que de 58 médecins dont seulement 3 docteurs en médecine guinéens ! Par la suite, les préoccupations des gouvernants n’ayant guère été au bien être des populations, le développement du secteur de la santé n’a pas accompagne l’explosion démographique de ces dernières décennies. – Un article très récent d’Adama Aly Ram, de la BCEAO, fait un parallèle intéressant entre la situation sociale actuelle et celle engendrée par les épidémies de choléra du XIXème siècle au Sénégal, cherchez sur un moteur de recherche « Les épidémies ont aussi une histoire : le choléra au Sénégal au 19ème siècle ».
  • Conakry, Hôtel du Niger. – Cet établissement a été créé, comme le Grand-Hôtel, par un entrepreneur corse dans l’entre deux guerres. Celui-ci, Jean-Baptiste Ferracci, né en 1884 à Sartène, était arrivé en Guinée à l’âge de 19 ans pour y exercer le métier d’agent de commerce, avant de se lancer dans l’hôtellerie. Selon l’écrivain et journaliste Jean Martret, dans un ouvrage paru en 1934, il aurait du exploiter le Grand-Hôtel avec son beau-frère, un certain Millet, avant qu’ils ne se brouillent et que ce dernier ne parte réitérer l’expérience à Douala. Mais l’anecdote, recueillie par des témoignages de comptoir au Cameroun, n’est pas forcément vraie… Ferracci, quant à lui, connait ensuite une belle carrière, accédant en 1938 à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes. Egalement investi dans la vie publique et dans la défense de la condition des indigènes, sa popularité le porte dès 1936 au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer. Investi par la SFIO, il est élu en 1947 à la seconde Assemblée nationale constituante, dans le collège des citoyens de Guinée. Puis il est également porté par les urnes, dans le premier collège de Guinée, au Conseil de la République le 13 janvier 1947. Il s’emploie à y améliorer la représentation politique des colonies et des départements d’outre-mer. Toujours en 1947, concrétisant un souhait ancien, il se fait élire maire de Sartène, sa ville natale. Il disparaît à Paris fin 1950, en cours de mandat. En 1951, l’entreprise Ferracci-fils ouvre à Camayenne, en périphérie de Conakry et en bordure de mer, « l'Hôtel et le Restaurant Bar de Camayenne », établissement toujours réputé aujourd’hui. L’hôtel du Niger existe encore de nos jours mais serait vétuste. Sources : Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Kankan, porteurs de marchandises avant leur départ pour le Sud. - L’explosion de la demande industrielle en caoutchouc à partir de la fin du XIX ème siècle, liée au développement de la bicyclette puis de l’automobile, a entraîné une véritable fièvre du latex en Guinée. Le produit était ici tiré de lianes sauvages et non de l’hévéa comme en Amazonie. Mais rapidement, les ressources les plus accessibles, proches du littoral où est embarqué le latex, sont épuisées et il faut mobiliser pour aller en chercher plus loin, au Fouta-Djallon d’abord, en Haute-Guinée ensuite –dont Kankan est la principale ville-, puis jusqu’en Guinée Forestière. Une partie importante de la population guinéenne se trouve alors enrôlée pour la récolte et le transport, sur des distances toujours plus grandes, du précieux produit. Alfred Guignard, un fonctionnaire proche du général Mangin, évoque le phénomène à l’occasion d’une mission dans la région en 1911 : « La ruée européenne sur ce produit a introduit dans les mœurs rurales des pays dotés de cette richesse néfaste deux causes de perturbations profondes : l’abandon des champs moins rémunérateurs, la multiplication du portage, corvée abrutissante, qui n’a souvent de volontaire, on le sait, que le nom » (1). Le chemin de fer, qui relie le port de Conakry à Kankan avant la première guerre mondiale, arrive un peu tard pour cette ressource devenue rare et trop chère pour concurrencer celles issues des récentes plantations asiatiques d’hévéa. Source (1) : Guignard, A., « Zig-zags en AOF » dans L’Afrique Française, n°10, oct. 1912.
  • Haute-Guinée, Tam-tam, la danse des fusils. – Les visiteurs étrangers qualifiaient autrefois toutes les cérémonies traditionnelles africaines de « Tam-tam ». Ce terme générique faisait bien sûr référence au recours quasi systématique à des percussions à peaux tendues pour rythmer les festivités. L’officier Baratier, dans un ouvrage consacré à ses campagnes d’Afrique, explique ainsi la réception organisée pour l’accueillir avec faste par un chef local : « Il m'annonce qu'avant de palabrer, ses guerriers vont exécuter un grand tam-tam en mon honneur ! » (1). Quant à la danse des fusils, quelques fois appelée berezzana ou fantasia à pied, c’est une coutume que l’on trouve sous différentes formes sur les deux rives du Sahara. Elle met en scène une chorégraphie mimant le combat, avec des sabres ou des fusils. Car si on trouve beaucoup d’armes à feu en Afrique aujourd’hui, il y en avait bien davantage deux siècles plus tôt ! Le commerce négrier avait en effet déversé vingt millions de fusils en Afrique de l’Ouest avant la fin du XVIIIème siècle, en échange d’esclaves. Et puis les artisans locaux ont également appris à en fabriquer. Et il y a fort à parier que les fusils de traite visibles sur cette photo - des armes rudimentaires, dans lesquelles la charge propulsive est enflammée par l’étincelle d’un silex porté par un chien - sont de facture locale.  Sources : (1) Baratier, Lt-Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Kankan, Rue du Commerce. La principale ville de Haute-Guinée fut le théâtre d’un événement peu ordinaire au sortir de la Seconde guerre mondiale. La région connaissait alors divers remous politiques et sociaux et, en 1947, les anciens combattants se révoltèrent et prirent ponctuellement le contrôle de Kankan. Ils y proclamèrent une éphémère république africaine. L’ordre fut vite rétabli, mais cette affaire reflète l’état de défiance envers l’autorité de l’administration et des chefferies locales qui régnait à  cette époque. Ces dernières avaient en effet été l’instrument zélé d’un effort de guerre épuisant pour la Guinée. Car l’AOF, rentrée dans le camp des alliés depuis 1942, était coupée de la métropole et exigeait beaucoup de ses colonies. Il leur faillait à la fois subvenir à leurs propres besoins, à ceux des grands centres urbains comme Dakar, et à l’effort de guerre. Les attentes, en taxes sur les populations et en produits – riz, céréales… -, étaient souvent démesurées voire irréalisables, fondées sur des connaissances erronées des ressources disponibles. On rapporte ainsi  l’histoire d’un administrateur de cercle de Guinée, à qui l’on réclamait la fourniture de plusieurs tonnes de miel, qui fut sanctionné pour avoir répondu par télégramme à Dakar : « D’accord pour le miel. Stop. Envoyez les abeilles… ». Sources : Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Le convoi du Général De Gaulle dans les rues de Conakry, le 25 août 1958 (cliché amateur de Léon Anselmo). – A la veille du référendum du 28 septembre 1958, le Général De Gaulle fait la tournée des capitales africaines. Il s’emploie à  convaincre les populations de voter en faveur de l’adhésion de leur territoire respectif à la Communauté française. Ce nouveau statut, qui confère aux colonies une grande autonomie, fait partie du projet de constitution de la Vème république. L’accueil du nouveau chef de l’exécutif français – il est revenu au pouvoir depuis quelques mois seulement, porté par les difficultés de la décolonisation algérienne – est contrasté. A Conakry, il est chaleureusement fêté, la population est mobilisée pour saluer son passage et Ahmed Sékou Touré est venu en personne le chercher à l’aéroport (on l’aperçoit d’ailleurs dans la voiture aux côtés du général) alors qu’à l’étape suivante de Dakar ni Léopold Sédar Senghor ni Mamadou Dia, le président du gouvernement du Sénégal, ne seront là. Mais bien vite c’est le malentendu : le discours du leader guinéen est une douche froide pour l’homme du 18 juin. Il clame préférer « la pauvreté dans la liberté, à la richesse dans l’esclavage » et appelle son peuple à refuser la Communauté pour choisir l’indépendance. Le Général De Gaulle est ulcéré, il prend acte sèchement en parlant de « sécession » et quitte Conakry très contrarié. Lors du référendum, le oui l’emporte largement dans toutes l’Afrique (y compris au Niger où l’administration a falsifié les résultats semble-t-il) sauf en Guinée qui accède à l’indépendance dès le 3 octobre. Et le torchon continue de bruler entre Conakry et Paris, puisque la passation de pouvoir prend la forme d’une rupture économique et politique brutale. Malgré les tentatives de réconciliations tentées par Sékou Touré, De Gaulle et Jacques Foccart - son homme de l’ombre en charge des affaires africaines – lui en tiendront rigueur jusqu’au bout, multipliant même les tentatives d’attentat à son égard.
  • Conakry, rue commerciale. - Connue également comme avenue commerciale, rue, avenue ou boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. L’administrateur Bie la décrit ainsi en 1899 : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • Conakry, fête du 14 juillet, course de bicyclettes. - La fête nationale du14 juillet est systématiquement célébrée dans tout l’empire colonial français, y compris dans les territoires sous mandat de la SDN comme au Cameroun. Cérémonies officielles et militaires, rencontres sportives (régates, courses pédestres, équestres et cyclistes, concours de tir…), jeux collectifs et bien sûr bals et flonflons sont de mise. Pour les édiles et notables africains c’est également l’occasion de renouveler leur témoignage d’allégeance aux autorités coloniales, en venant, par exemple, saluer l’administrateur ou le commandant de cercle. Peu impliqués dans le sentiment national en temps de paix, les Africains – ceux résidants dans les villes et les chefs-lieux notamment – sont étroitement associés à ses festivités. Ces commémorations civiles permettent à l’administration coloniale de se démarquer des multiples fêtes religieuses orchestrées par le clergé local, alors que la séparation entre l’église et l’Etat est encore toute fraiche. Après la seconde guerre mondiale, une nouvelle fête, le 1er mai, va détrôner  celles officielles du 14 juillet et du 11 novembre, auprès des populations autochtones. Importée elle aussi, la fête du travail est adoptée et adaptée localement, parfois sur un mode revendicatif tandis que les aspirations indépendantistes se font jour.
  • Kankan (Haute-Guinée française). Sur le bord du Milo (affluent du Niger). – La ville de Kankan en Haute-Guinée est située sur la rive gauche du Milo, le principal affluent de la rive droite du fleuve Niger. Le Milo, qui est navigable à partir de Kankan, permit, des siècles durant, la diffusion des produits de cette région vers le bassin du Moyen-Niger. A l’inverse, les produits d’importation diffusés avec la colonisation suivirent  ces mêmes axes fluviaux, mais de Bamako vers la Haute-Guinée. L’arrivée du chemin de fer Conakry-Niger, achevé en 1913, qui passait par Kouroussa (le point amont extrême de navigation sur le fleuve Niger) et avait Kankan pour terminus, bouleversa les équilibres de la région qui se trouva désormais tournée directement sur la façade atlantique.
  • Conakry, promenade de la Corniche. – « La ville donne l’impression au visiteur de quelque cité du district des lacs d’Angleterre, plutôt que celle d’une escale de la côte d’Afrique. La vue de la ville et des îles voisines est merveilleuse de beauté tropicale. Conakry est tracée selon le plan habituel des villes coloniales françaises : rues à angles droits, squares et jardins bien dessinés. Un boulevard extérieur, macadamisé, bordé de palmiers, l’encercle. Je crois que la raison poussant les Français à bâtir leurs villes tropicales de façon si pratique s’explique par leur désir de s’y sentir « at home ». La demeure qu’ils s’y aménagent leur servira pendant des années de résidence fixe. » Sources : écrits d’un « voyageur anglais » qui a vécu à Lagos, Onitsha, Accra et Sekondi paru dans le Bulletin d’information du gouvernement général de l’Afrique occidentale française, cité dans Ricord, M., France noire, Marseille, Sud-éditions, 1939.
  • Conakry, pont de Tumbo. Vue prise de la grande terre. – Il s’agit ici du gué, apparemment déjà aménagé, qui relie Conakry au continent. La circulation sera pérennisée dès la fin du XIXème siècle par la construction d’un pont métallique – parfois appelé pont du Saloum -, renforcé ensuite pour accueillir la voie ferrée qui relie le port au fleuve Niger en Haute-Guinée. Plus tard encore, dans les années 1950, le mince cordon sera durablement remblayé. Le site choisi en 1885 pour implanter le siège de l’autorité française dans la région, le modeste village de Conakry, est en effet situé sur une presqu’île séparée de la terre ferme par un passage submersible. La presqu’île de Tumbo, longue de 3,5 km et large de 1 km, sera ainsi successivement le lieu de résidence du commandant du cercle de Dubréka à partir de 1885, le chef-lieu des Rivières du Sud en 1890, puis la capitale de la colonie de Guinée à compter de 1903. La ville ne s’étendra réellement sur le continent qu’après la Seconde Guerre mondiale, à la faveur des fonds FIDES – Fond d’investissement pour le développement économique et social - et de la prospérité bananière. Henry Bordeaux, un écrivain membre de l’Académie française un peu oublié aujourd’hui, fit un voyage en AOF en 1936. Il voit une portée géopolitique  à l’aménagement du cordon reliant Tumbo à la terre ferme : « Konakry elle-même occupe la pointe de la presqu’île de Toumba, rattachée au continent par une chaussée. L’Angleterre niait l’existence de cette chaussée et revendiquait le terrain comme faisant partie des îles auxquelles elle avait droit. Pendant cette discussion nous consolidions la digue. La nature l’avait faite, l’homme l’améliorait. Le doute n’était plus possible. Les Anglais, dès lors, abandonnèrent le reste qui était sans valeur » (1). Sources : (1) Bordeaux, H., Nos  Indes noires, Paris, éditions Plon, 1936.
  • Conakry, rue commerciale. - Connue également comme avenue commerciale, rue, avenue ou boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. L’administrateur Bie la décrit ainsi en 1899 : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • Boké, l'hôpital. - La Guinée dispose, à la fin de l'époque coloniale, d'un seul vrai hôpital (le vieil hôpital Bellay de Conakry), un hôpital de seconde classe à Kankan, 98 dispensaires et de moins de 60 médecins, dont 39 Guinéens sur 58 en 1958 (1). « Le budget du Service de Santé, en 1955, s’est élevé à 357 981 000 francs, soit 11,62 % du budget, dont environ 215 millions pour les dépenses du personnel. Ce personnel comprend, à l’heure actuelle, 17 docteurs en médecine, dont 3 Africains, 41 médecins africains, 58 sages-femmes et 306 infirmiers et infirmières. […] Les formations sanitaires du Territoire se répartissent en six catégories : hôpital, ambulance, gros centres médicaux, centres médicaux de chefs-lieux, dispensaires avec infirmiers, centres ce consultation fixes : elles comprennent au total 1471 lits. » (2). Sources : (1) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.  (2) Collectif, La Guinée Française, Paris, Cahiers Charles de Foucauld, 3ème série, n°44, 1956.
  • Conakry, l’hôpital. – Bâti entre 1899 et 1902, à plus d’un kilomètre du centre européen de la ville en bord de mer, l’établissement remplaçait un premier hôpital ouvert en 1894 à côté de l’Hôtel du Gouvernement et devenu trop petit.  Composé de quatre pavillons principaux d’un étage, reliés entre eux par des passerelles couvertes - une option souvent utilisée pour l’architecture sanitaire en zone tropicale -, et de quelques autres bâtiments annexes –cuisines, bains, morgue, pavillon de désinfection et pavillon des contagieux -, Il est encore aujourd’hui en service. Ces installations constituaient, à l’époque, la section européenne de l’hôpital, tandis qu’une section indigène était édifiée en dehors de l’enclos. On donna au nouvel établissement  le nom de « Hôpital Ballay », en hommage à l’ancien lieutenant-gouverneur de la colonie, médecin de formation, qui venait de succomber à l’épidémie de fièvre-jaune, en janvier 1902, au Sénégal où il occupait le poste de gouverneur. Un autre établissement hospitalier sera construit, à Donka en banlieue, en 1950.
  • Sougueta, Etablissements Syriens. – « Comme la plupart des administrateurs, celui de L… nous parle de la formidable puissance de pénétration des Syriens. Les maisons françaises qui s’installent en Guinée s’échelonnent le long de la voie ferrée mais ne s’enfoncent pas dans la brousse. Le Syrien, lui, entre partout. Il consent de longs crédits au nègre. Il emprunte aux banques et il tient rigoureusement ses engagements envers elles ; les autres Syriens désignés comme caution paient toujours. On a beau exiger des nouveaux arrivants en A.O.F. un pécule, et en élever le montant, ils sont toujours à même de le fournir. Dans l’ensemble, depuis le Gouverneur Général jusqu’aux fonctionnaires de cercle, j’ai trouvé l’administration française favorable aux Syriens ; il en sera ainsi tant que ceux-ci n’écouleront que des produits français. Mais le petit commerce et les employés subalternes les haïssent. Quelle part faire à la vérité et quelle part faire à l’envie ? On nous avait dit qu’en A.O.F. les Syriens se considéraient comme chez eux. L’administrateur qui nous offre ce soir l’hospitalité nous raconte qu’un Syrien de son cercle se fait adresser ses lettres : Guinée syrienne » (1). – Les entrepreneurs libano-syriens – on parlait essentiellement de Syriens avant la création du Liban en 1926 par les Français qui exerçaient alors un mandat de la SDN sur cette région - ont investi un échelon intermédiaire dans le commerce d’Afrique de l’Ouest, entre les compagnies françaises et les acheteurs indigènes, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Beaucoup de familles ont fait souche et continuent de vivre, des générations plus tard, sur le continent. Certains ont constitué des fortunes considérables, mais la plupart restent exploiter des affaires plus modestes, dans le commerce, les services, l’artisanat ou l’industrie locale. On peut lire sur le sujet l’article de l’historien Ibrahima Thioub : « Les Libano-Syriens en Afrique de l’Ouest. De la fin du XIXe siècle à nos jours » (http://www.histoire-afrique.org/article159.html).  – Contrairement à l’idée émise par P. Morand, situant les commerces syriens à l’écart des grandes voies de communication, Sougueta se trouve être sur le chemin de fer Conakry-Niger. Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • A Benty, ancré dans la Mellacorée, le « Tamara » attend sa cargaison de bananes. – L’appontement de Benty se trouve sur la Mellacorée, une des Rivières du Sud où les navigateurs européens viennent faire du commerce de traite depuis des siècles. Le poste de Benty est l’un des deux forts français fondés dans cette région du temps où Faidherbe était gouverneur du Sénégal, avant la création de la colonie de Guinée. Délaissé après l’édification de Conakry, le lieu reprend du service au milieu des années 1930 à la faveur de la fièvre de la banane guinéenne. Benty devient alors l’escale hebdomadaire de navires bananiers marseillais. Retombé dans sa torpeur quand les bananes latino-américaine eurent raison de leur rivale guinéenne, il faillit connaître une nouvelle résurrection au début des années 1960, comme débouché du minerai de fer de la Guinée forestière. Mais le projet fit long feu : la ligne de chemin de fer nécessaire pour joindre les lointains monts Nimba, à travers le relief, n’aurait pas été rentable. Le gouvernement de la jeune République de Guinée dut se résoudre à négocier l’évacuation du minerai à travers le Libéria, où existait une ligne ferroviaire liant le Nimba libérien au port de Buchanan. Finalement, le gisement guinéen n’entra jamais en production, le marché étant déjà suffisamment approvisionné par la Mauritanie, le Libéria et la Sierra Leone. L’écrivain voyageur Maurice Ricord décrit ainsi l’escale à Benty, au temps de la splendeur bananière : « L’estuaire de la Mellacorée a pour cadre des terres à palétuviers qui forment d’abord, à l’horizon, une interminable et basse ligne verte. [...] Lentement, le Tamara remonte la rivière dont les berges se rapprochent. Dans la verdure, touffue, où l’on distingue maintenant les hautes futaies immobiles des palmiers et des cocotiers, les maisons apparaissent, la résidence administrative, les cases des planteurs, et derrière le rideau des palétuviers, l’on devine les plantations. [...] A peine arrêté dans la rivière, qu’il vient de remonter sur vingt kilomètres, le Tamara est envahi. Le bateau, chaque mercredi, c’est le Casino qui passe. On vient à bord boire le whisky, déjeuner, prendre le thé, passer la soirée, danser au son du pick-up et du jazz du bord. C’est le Casino et c’est aussi le magasin d’alimentation. On vient à bord avec ses filets à provisions, acheter du beurre frais, des légumes, de la viande »(1). Le Tamara appartenait à la compagnie marseillaise Fabre-Fraissinet. Sources : (1) Ricord, M., France noire, Marseille, Sud-éditions, 1939.
  • Conakry, le palais du gouverneur. – Bâti entre fin 1889 et mi 1890, cet hôtel cossu devait en imposer : « Les indigènes sentiront l’autorité et la respecteront davantage en voyant une construction plus grandiose et plus en harmonie avec le grade du haut-fonctionnaire qui l’habitera », écrivait le conducteur des travaux dans un rapport, juste avant le début du chantier (1). Il est vrai que le premier résident à avoir représenté la France sur place, le Dr Péreton, arrivé en 1885, avait été bien mal loti. Faute de résidence, il était resté longtemps l’hôte de la maison de commerce SCOA, dans des conditions très précaires. De fait, le palais fut construit massif : 21 X 17 m. pour une hauteur de plus de 15 m., avant même l’ajout dès 1892 de deux ailes.  De plus, il bénéficiait d’un confort sophistiqué, notamment grâce à des circulations d’air, ménagées dans le soubassement, protégées par des grilles en fontes, et dans les combles. Premier grand édifice érigé à Conakry, il devait rester le siège du gouverneur de la colonie, jusqu’à l’indépendance, le 2 octobre 1958. Et il n’échappa pas aux conditions tendues du divorce entre Paris et la Guinée : « Les Français en partant ont détruit les archives, ils ont tout emporté. Le palais du gouverneur, qui sera plus tard la résidence du chef de l’Etat, a été vidé de tout son contenu. La vaisselle qu’ils n’ont pas pu emporter, ils l’ont brisée [...] et nous avons débuté avec nos affaires personnelles » expliquait récemment Andrée Sékou Touré, la femme du premier président de la Guinée indépendante (2). Le palais, que l’on assimilait désormais à la funeste mémoire de ce dernier occupant, fut rasé l’année même de sa disparition en 1984. Le nouveau palais présidentiel, construit pour son successeur, devait à son tour être détruit par des tirs d’artillerie lors d’une mutinerie de l’armée, en 2005. Sources : (1) cité par Odile Goerg, dans Soulilou, J. (éditeur scientifique), Rives coloniale, Paris, éditions Parenthèses et éditions de l’Orstom, 1993. (2) interrogée en 2009  pour l’émission La Nouvelle fabrique de l’Histoire, série Boulevards des indépendances, sur France Culture.
  • Siguiri, un mineur indigène chercheur d’or, entrant dans son trou. Cliché du ministère de la France d’outre-mer. - On extrait traditionnellement de l’or dans la région de la vallée du Haut-Niger, entre Kouroussa et Siguiri, depuis un millénaire ou plus. Les techniques de production fondées sur l’orpaillage, attestées dès le XVIIIème siècle dans l’empire du Mali dont cette région était le cœur, restent inchangées. Des puits individuels, traversant la cuirasse pour atteindre les alluvions aurifères, sont creusés et exploités en saison sèche. Le minerai, remonté dans des sceaux, est lavé à la batée par les femmes dans des calebasses. Les zones d’exploitation sont attribuées par les « maîtres de l’or », équivalents des « chefs de terre » dans l’agriculture. Commercialisée par les Dioulas, la majeure partie de la production alimente le marché intérieur, et notamment la bijouterie indigène, tandis qu’une fraction achetée par les sociétés de traite est exportée à partir du XXème siècle, entre 50 et 300 kilogrammes par an entre les années 1920 et 1930. Aujourd’hui encore, dans toute l’Afrique de l’Ouest et même au-delà, de très nombreux mineurs, opérant en marge des compagnies minières établies, ont recours à ces techniques d’exploitation archaïques. Elles occasionnent de fréquents accidents meurtriers.
  • Dans un poste, caravane de porteurs prête à partir. - L’explosion de la demande industrielle en caoutchouc à partir de la fin du XIX ème siècle, liée au développement de la  bicyclette puis de l’automobile, a entraîné une véritable fièvre du latex en Guinée. Le produit était ici tiré de lianes et non de l’hévéa comme en Amazonie. Mais rapidement, les ressources les plus accessibles, proches du littoral où est embarqué le latex, sont épuisées, et il faut mobiliser pour aller en chercher plus loin, au Fouta-Djallon d’abord, en Haute-Guinée – alors souvent appelée Haut Niger - ensuite, puis jusqu’en Guinée Forestière.  Une partie importante de la population guinéenne se trouve enrôlée pour la récolte et le transport, sur des distances toujours plus grandes, du précieux produit. Alfred Guignard, un fonctionnaire proche du général Mangin, évoque le phénomène à l’occasion d’une mission dans la région en 1911 : « La ruée européenne sur ce produit a introduit dans les mœurs rurales des pays dotés de cette richesse néfaste deux causes de perturbations profondes : l’abandon des champs moins rémunérateurs, la multiplication du portage, corvée abrutissante, qui n’a souvent de volontaire, on le sait, que le nom » (1). – Cette carte fait partie du travail d’Edmond Fortier (1862-1928), à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. Elle doit dater de 1905. Fortier s’était alors rendu dans le Haut Niger – ou  Haute-Guinée - par le fleuve  depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer vers Conakry. Il avait effectué un premier voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il serait alors resté en Guinée Maritime. Célèbre photographe et éditeur dakarois, M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Source (1) : Guignard, A., « Zig-zags en AOF » dans L’Afrique Française, n°10, oct. 1912.
  • Konakry, rue du Commerce. – Connue également comme rue ou avenue commerciale, boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. L’administrateur Bie la décrit ainsi en 1899 : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle  totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • Conakry, affaire de Gomba, confrontation du Gouverneur avec les prisonniers Foulahs, maison d’arrêt. – La scène se situe en 1911. A cette époque, suite au retour en Guinée du roi du Labé Alpha Yaya Diallo – il avait était déporté au Dahomey en 1905 par le colonisateur -, des troubles politiques secouèrent le Foutah-Djallon. A la tête de cette insurrection, qui tentait de rétablir le pouvoir du souverain et l’indépendance de la région, se trouvent le Ouali de Gomba, Thierno Aliou, et Karamoko Sankoun de Touba. Pour mater la contestation, l’administration fit appel à la 7ème compagnie de tirailleurs sénégalais (en garnison à Kati près de Bamako), qui s’empara facilement de la localité de Touba. Mais, le 30 mars 1911, la troupe rencontra à Gomba une résistance sans précédent, qui devait coûter la vie au capitaine Talay qui la dirigeait, à un lieutenant et  à 12 tirailleurs. A force de combat Gomba tomba, la répression fut féroce et les captifs nombreux (comme le montre la photo). Thierno Aliou, qui avait fuit vers la Sierra Leone voisine, fut capturé et extradé par les Anglais, puis condamné à mort par la Cour d’Assise de Conakry. Octogénaire, le vieux chef mourut d’épuisement en détention avant même que son recours en grâce n’ait été rejeté. Alpha Yaya Diallo et ses proches furent exilés à Port Etienne, l’actuelle Nouadhibou. « L’année 1911 fut marquée par une très forte présence de détenus politiques parmi la population pénale », note l’historien Mamadou Dian Chérif Diallo (Répression et enfermement en Guinée. Le pénitencier de Fotoba et la prison de Conakry de 1900 à 1958, Paris, L’Harmattan, 2005). En Guinée, les régimes changent, mais la violence répressive reste une constante de l'arsenal politique...
  • Haute-Guinée, achat du caoutchouc en factorerie. Coupage des boules. – Cette opération vise à contrôler la qualité du produit récolté, car la fraude était répandue dans le commerce guinéen du caoutchouc : les boules contenaient jusqu’à 25 % d’impuretés, comme des cailloux, pour en augmenter le poids. La demande de caoutchouc, engendrée par le développement de la bicyclette et de l’automobile à la fin du XIXème siècle, stimule la production en Guinée, alors appelée les Rivières du Sud. Contrairement à l’Amazonie où l’on tire la matière première des hévéas, on exploite en Guinée des lianes à latex. Le produit obtenu est de piètre qualité, les rendements sont faibles, mais l’affaire est rentable pour les traitants dans la mesure où la main d’œuvre est contrainte par la nécessité d’acquitter l’impôt colonial. La « ruée sur le caoutchouc » a de fortes conséquences sur la trajectoire économique et sociale du pays. Le travail nécessaire à la récolte et au transport du latex, tandis qu’il faut toujours aller le chercher plus loin, mobilisent les populations, au détriment de toutes les autres cultures, y compris vivrières. A l’époque où fut prise cette photo - vers 1905 quand le photographe Fortier se rendit en Haute-Guinée par le fleuve Niger-, la Guinée exportait près de 1700 tonnes de caoutchouc par an ; soit les deux tiers des exportations guinéennes en valeur. Quand les plantations d’hévéa d’Extrême-Orient entrèrent en production vers 1910, le produit guinéen, cher et médiocre, se trouva totalement disqualifié. La crise qui s’en suivit fut très dure, et dura jusqu’à ce que les exportations de banane aient remplacé celles de caoutchouc. L’économie de la Guinée a connu quatre cycles successifs durant les deux derniers siècles : les esclaves, le caoutchouc, la banane et la bauxite.
  • Conakry, le Palais du Gouverneur. – «  Le 23 avril  [1890], j’embarquai sur le paquebot « Taygète » de la Compagnie Fraissinet. Mes amis m’accompagnèrent à bord et plusieurs pleurèrent en me disant adieu. Conakry, chef-lieu de la nouvelle colonie formée avec les « Rivières du Sud », fut notre première escale ; le navire mouilla assez loin de la ville (une douzaine de maisons). Ce n’est déjà plus le Sénégal, la végétation est luxuriante et la température plus humide. A travers les arbres, on aperçoit une maison en construction, c’est le nouvel hôtel du Gouvernement ». Source : Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995.
  • Conakry, l’Hôtel de France. – « Pour atteindre le port, les navires doivent contourner les îles Los et défiler venant du sud entre la cité rouge et verte des « Bauxites du Midi » fixée dans les îles, et le quartier résidentiel de Conakry, bouquet vert d’où jaillissent de puissants buildings de dix à quinze étages, l’hôtel de France et aussi la coupole de la cathédrale avec ses deux tours. […] on y goutte, aussi un peu, le confort de l’hôtel de France, achevé en 1954 et qui représente au bord de la mer, face aux îles, avec l’immense rotonde ventilée de sa salle à manger, un de ces haut lieux de rencontre où la camaraderie facile des Blancs d’Afrique s’exprime avec aisance et légèreté. » Source : La Guinée Française, Cahiers Charles de Foucauld, Paris, 1957.
  • Siguiri : indigènes travaillant aux mines d’or. - On extrait traditionnesdllement de l’or dans la région de la vallée du Haut-Niger, entre Kouroussa et Siguiri, depuis un millénaire ou plus. Les techniques de production fondées sur l’orpaillage, attestées dès le XVIIIème siècle dans l’empire du Mali dont cette région était le cœur, restent inchangées. Des puits individuels traversent la cuirasse pour atteindre les alluvions aurifères sont creusés et exploités en saison sèche. Le minerai, remonté dans des sceaux, est lavé à la batée par les femmes dans des calebasses. Les zones d’exploitation sont attribuées par les « maîtres de l’or », équivalents des « chefs de terre » dans l’agriculture. Commercialisée par les Dioulas, la majeure partie de la production alimente le marché intérieur, et notamment la bijouterie indigène, tandis qu’une fraction achetée par les sociétés de traite est exportée à partir du XXème siècle, entre 50 et 300 kilogrammes par an entre les années 1920 et 1930. Source : (photo) Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Conakry, le Grand Hôtel. - Le Grand Hôtel de Douala, écrit Jean Martret dans son ouvrage Les bâtisseurs de royaumes paru en 1932, « est ouvert par un certain Millet, qui était arrivé en 1917 à Douala après s’être fâché avec son beau frère avec qui il devait exploiter le Grand Hôtel de Conakry. »
  • Conakry, Hôtel du Port et avenue de la Gare, petite vitesse. – La « petite vitesse » désigne le chemin de fer Decauville, dont on voit ici les rails au milieu des rues, qui sillonnait la ville de Conakry, comme celles de beaucoup d’autres capitales coloniales africaines. Les voies Decauville étaient constituées de rails écartés de 60 cm, fixés sur des traverses métalliques. – « Philippe, s’exclama tout à coup Andrée, je ne comprends rien à votre Decauville. Tout à l’heure, j’y voyais passer un train minuscule, puis ce fut un camion chargé de pierres et traîné, à bras, par des Noirs. Maintenant, regardez cette voiture élégante où trône une jeune femme, à demi cachée sous son ombrelle, tandis que son compagnon conduit le cheval. – Notre Decauville, expliqua Dorhez en souriant, n’est pas, comme en France, un égoïste, gardant les rails pour lui tout seul. Ici, ce chemin de fer sur route est mis à la disposition du commerce et même des particuliers, moyennant un droit fixé à un franc par tonne. Chacun fournit son véhicule et son moyen de traction. – Comme à Rufisque, remarqua l’Oncle Guy. – Un franc la tonne, reprit Andrée, alors cette jeune dame... -- ... n’a pas besoin de se peser, rassurez-vous, répliqua Dorthez. Ici les wagonnets de promenade ne payent aucune taxe ». Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Guinée, travaux du chemin de fer, une tranchée dans le roc. – « Au passage, nos voyageurs purent admirer les ponts, les viaducs, les tranchées, travaux remarquables non par leur importance, mais par les difficultés que dut vaincre pour les mener à bien le capitaine Salesses. C’est à ce vaillant pionnier, alors capitaine du génie, plus tard administrateur des colonies, qu’est due cette oeuvre qui lui fait grand honneur. N’a-t-il pas exécuté successivement le tracé primitif, l’avant-projet, le tracé définitif et dirigé d’une main ferme les premier travaux d’exécution ? » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. LibrairieVuibert, 1910.
  • Conakry, l’Hôtel de France. – « Pour atteindre le port, les navires doivent contourner les îles Los et défiler venant du sud entre la cité rouge et verte des « Bauxites du Midi » fixée dans les îles, et le quartier résidentiel de Conakry, bouquet vert d’où jaillissent de puissants buildings de dix à quinze étages, l’hôtel de France et aussi la coupole de la cathédrale avec ses deux tours. […] on y goutte, aussi un peu, le confort de l’hôtel de France, achevé en 1954 et qui  représente au bord de la mer, face aux îles, avec l’immense rotonde ventilée de sa salle à manger, un de ces haut lieux de rencontre où la camaraderie facile des Blancs d’Afrique s’exprime avec aisance et légèreté. » Source : La Guinée Française, Cahiers Charles de Foucauld, Paris, 1957.
  • Conakry, Place du marché. – « Le marché de Conakry, où l’on voyait jadis à peine quelques vieilles femmes ou quelques négrillons vendant des oranges ou des petits tas d’arachides, fait aujourd’hui, pendant la saison de la traite, plus de 25 000 francs d’affaires par jour. Son port [de Conakry] a un mouvement annuel de 40 000 tonnes, représentant une valeur de plus d’un million. Il y a ici plus d’une vingtaine de maisons de commerce de premier ordre. » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Wharf de Conakry. – « Bientôt le paquebot stoppa devant le wharf du Gouvernement. Long de 325 mètres, y compris la jetée en pierre qu’il prolonge, large de dix, ce wharf, commencé en 1896, est bâti en rhônier et en pitchpin  et permet l’accostage des vapeurs de commerce de cinq à six mètres de tirant d’eau. Sur ses bords sont disposés quatre mâts de chafge et deux grues à vapeur de quatre tonnes, pour le service desquelles on doit payer le modeste prix de vingt-cinq centimes par tonne. » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. LibrairieVuibert, 1910.
  • Youkounkoun, pavillon-dispensaire ancien modèle et courant dans toute la Guinée. – « Le budget di Service de Santé, en 1955, s’est élevé à 357 981 000 francs, soit 11,62 % du budget, dont environ 215 millions pour les dépenses du personnel. Ce personnel comprend, à l’heure actuelle, 17 docteurs en médecine, dont 3 Africains, 41 médecins africains, 58 sages-femmes et 306 infirmiers et infirmières. […] Les formations sanitaires  du Territoire se répartissent en six catégories : hôpital, ambulance, gros centres médicaux, centres médicaux de chefs-lieux, dispensaires avec infirmiers, centres ce consultation fixes : elles comprennent au total 1471 lits. » Source (photo et texte) : Collectif, La Guinée Française, Paris, Cahiers Charles de Foucauld, 3ème série, n°44, 1956.
  • Guinée : une bananeraie avant la récolte. Cliché Agence économique des colonies. – La banane de Chine est introduite en Guinée au tout début du XXème siècle, par la société « La Camayenne ». Sa culture se développe modestement, atteignant 500 ha en 1914, à une époque où l’entrée en production des plantations d’hévéas en Extrême-Orient vient de sceller le déclin du caoutchouc guinéen de médiocre qualité. Mais l’essai de la Camayenne n’aboutit pas ; faute de moyens de transport, l’exportation de banane stagne puis périclite durant le premier conflit mondial. Après la guerre,  la production bananière va croître lentement, passant de 114 tonnes en 1920 à 8769 tonnes en 1930. Le réel démarrage survient en pleine crise économique mondiale, et en 1934 la banane représente 5 % en valeur des exportations d’AOF, la Guinée fournissant l’essentiel de la production. Les primes, l’aménagement des infrastructures portuaires et de stockage, et le lancement d’une flotte bananière produisent leurs effets. La culture bananière, qui implique des techniques coûteuses, et notamment  l’usage d’intrants chimiques, est jusqu’à la Seconde Guerre mondiale le fait de planteurs européens et de quelques Libanais. D’autant que le concours de l’administration, indispensable pour obtenir les crédits, les concessions et pour lever l’abondante main-d’œuvre que nécessite cette culture, est réservé aux colons. Ainsi, à la fin des années 1930, la production « indigène » ne représente que le quinzième de la production guinéenne, laquelle satisfait le tiers de la consommation française. La plupart des plantations sont de petites entreprises, et à l’apogée de l’époque bananière en 1958, tandis que la la Guinée produit 98 000 tonnes de bananes, seules 5 sociétés produisent plus 1000 tonnes. Puis, dès l’année suivante, surviennent deux fléaux agronomiques majeurs pour la banane, la cercosporiose et les nématodes, qui vont faire décliner la production. Les traitements mis au point sont trop coûteux pour les producteurs africains qui ont investi le secteur après la Seconde Guerre mondiale, et les rendements à l’hectare passent de 22 à 12 tonnes. A l’époque de son indépendance, la Guinée sort progressivement du cycle de la banane, comme elle était sortie successivement de ceux des esclaves et du caoutchouc, pour entrer dans le cycle de la bauxite.
  • Conakry, vue panoramique au tout début du XXème siècle. – Le développement des centres guinéens se fit au gré des cycles commerciaux successifs, caractérisés par la domination d’un produit d’exportation : esclaves, arachide, caoutchouc, banane et enfin bauxite. L’édification de Conakry fut portée par le cycle du caoutchouc. L’emplacement, choisi pour résidence du commandant du cercle de Dubrékà en 1885, puis chef-lieu des Rivières du Sud et enfin capitale de la Guinée Française en 1893, avait été retenu pour son vide politique et commercial. Cette création ex nihilo permit aux administrateurs et ingénieurs de Travaux Publics de donner libre cours à leurs projets d’urbanisme. Le résultat, mêlant homogénéité des constructions et maîtrise de la végétation, fut si réussi qu’il valut pendant longtemps à la ville le surnom de « perle de la côte occidentale d’Afrique ». Source : Goerg, Odile, La Guinée Conakry dans Rives Coloniales, Paris, éditions Parenthèses et éditions de l’Orstom, 1993.
  • Kankan, avenue de Siguiri. - « Arrivée à la gare de Kankan peu avant midi. Les chefs indigènes, dont un descendant de Samory, viennent nous voir à la gare, drapés, la tête enveloppée de linges blancs, assez semblables à des Flamands du XVème siècle. Dehors, la milice composée d’anciens tirailleurs, khaki et rouge, porte les armes. Alors éclate, comme une bombe sous le soleil, dans la poussière, avec une brusquerie extraordinaire, mon premier tam-tam d’Afrique »(1). « Jusqu’en 1911 l’orientation soudanienne demeura prépondérante : les marchandises d’importation arrivaient de Bamako à Kouroussa (terminus des 400 km du bief navigable supérieur du Niger) et à Kankan (par le Milo). La construction du chemin de fer et celle du réseau routier ont renversé l’orientation traditionnelles des courants d’échange au bénéfice de Conakry et donné à Kankan un nouvel essor » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928 ; (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Cimetière de Youkounkoun. – « Non loin du poste s’alignent dans un enclos rustique les tombes des Français et tirailleurs tués par les Coniaguis lors de la conquête. Autour de chacune d’elles, simplement limitée par des pierres, on a planté les canons des moukalas pris à l’ennemi. La tombe de l’officier est vide. Relevé par les Coniaguis, au cours du combat, son cadavre, trophée sanglant réservé sans doute pour quelque horrible triomphe, ne pu jamais être retrouvé. Ces cimetières lointains nous émeuvent. Car ce sont « nos » morts ; squelettes éparpillés à travers le monde, morts glorieux, morts obscurs ; enfants prodigues qu’on ne revit jamais plus, morts de fatigue, morts de faim, tombés dans des combats, ensanglantés, les bras en croix, massacrés ou morts de fièvre, sans parents pour leur fermer les yeux ; Angevins, Gascons, Normands ou Bretons qui portèrent au loin le nom de leur pays ». Source (photo et texte) : J. Soubrier, Savanes et forêts, éditions J. Susse, Paris, 1944.
  • Kankan, rue du commerce. - « Arrivée à la gare de Kankan peu avant midi. Les chefs indigènes, dont un descendant de Samory, viennent nous voir à la gare, drapés, la tête enveloppée de linges blancs, assez semblables à des Flamands du XVème siècle. Dehors, la milice composée d’anciens tirailleurs, khaki et rouge, porte les armes. Alors éclate, comme une bombe sous le soleil, dans la poussière, avec une brusquerie extraordinaire, mon premier tam-tam d’Afrique »(1). « Jusqu’en 1911 l’orientation soudanienne demeura prépondérante : les marchandises d’importation arrivaient de Bamako à Kouroussa (terminus des 400 km du bief navigable supérieur du Niger) et à Kankan (par le Milo). La construction du chemin de fer et celle du réseau routier ont renversé l’orientation traditionnelles des courants d’échange au bénéfice de Conakry et donné à Kankan un nouvel essor » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928 ; (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970. - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1905. Edmond Fortier avait effectué un voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il semble qu’il soit allé à Kankan par le fleuve, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer, depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan français en 1905.
  • Conakry, concours agricole, caravane venant de Timbo et leur chef. – Dès le début du XXème siècle, l’administration coloniale française s’emploie à développer l’agriculture en Guinée. Pour ce faire, elle créé un droit foncier en 1901 et lance des actions incitatives en direction des notables africains. Les foires agricoles constituent le meilleur moyen pour promouvoir et vulgariser  les techniques, tandis que les concours permettent de récompenser les producteurs méritants. Le premier concours agricole de Conakry a lieu en 1901. Lors du second, en 1902, l’administrateur Noirot, directeur des affaires indigènes, exhorte les producteurs africains à redoubler d’efforts : « Aujourd’hui, le gouverneur réserve sa plus grande considération, non pas aux chefs indigènes qui ont eu une représentation de bravoures dans les combats, mais bien aux chefs qui aideront au plus grand développement des cultures dans leur pays, parce que ceux-là seuls travaillent au bonheur de leur peuple ». Les chefs de canton, à qui s’adresse directement  ce discours, participaient activement aux concours agricoles. Ainsi, le chef de Timbi-Madina vient accompagné d’une suite de deux cents personnes, et celui de Labé est à la tête d’une délégation de plus de mille deux cents personnes. – A lire sur le sujet : Diop, Mustapha, Réformes foncières et gestion des ressources naturelles en Guinée: enjeux de patrimonialité et de propriété dans le Timbi au Fouta Djalon, Paris, Karthala, 2007.
  • Conakry, monument et place des Martyrs, années 1960. – Le 2 octobre 1958, la Guinée accède à l’indépendance, au terme d’un bras de fer politique qui opposa plusieurs années durant, Sékou Touré, bientôt rejoint par la majorité de Guinéens, à l’administration coloniale. En refusant par référendum à 94,4%, le 28 septembre 1958, d’entrer dans la Communauté française, un nouveau cadre supposé donner plus d’autonomie aux colonies, la Guinée rompt de facto avec Paris. Elle devient symbole d’espoir pour les nombreux Africains qui aspirent à s’affranchir de la tutelle coloniale. Mais rapidement, le pouvoir guinéen réduit tout espace de contestation, optant pour le parti unique dès 1959, dissolvant en 1961 le syndicat enseignant, son allié naturel, et embastillant les membres de son bureau. Entre difficultés économiques et complots politiques réels ou supposés, l’expérience guinéenne sombre dans la tragédie d’une dictature implacable. Nombre de Guinéens choisissent l’exil pour échapper à l’arbitraire d’une répression aveugle. Autour du référendum, on peut lire le discours du Général De Gaule à Conakry le 25 août 1958 sur [http://www.intelligentsia-gn.net/DiscoursduGeneraldeGaulle.pdf] et écouter le bulletin d’information de l’ORTF  au lendemain du scrutin sur [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=Cologne-R%E9publique+f%E9d%E9rale+d'Allemagne&num_notice=4&total_notices=5]
  • Siguiri, vue générale. – « A Siguiri, nous entrons dans la région ravagée, il y a neuf mois, par l’Almany en retraite devant le colonel Archinard ; nous y prenons une première vision de la désolation qui nous précèdera désormais dans tout le Ouassoulou » (1). Ce cliché du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), ne fait pas partie de la collection générale publiée en cartes postales. Elle est forcément postérieure à l’épisode qu’elle illustre dans l’ouvrage du Général Baratier. Celui-ci décrit la campagne de 1891-1892 contre Samory, alors que Fortier ne se rendit qu’à deux reprises en Guinée, en 1902-1903 et en 1905. Elle due être prise lors de ce second voyage qui avait mené le photographe en Haute-Guinée, en passant en passant par le fleuve Niger et son affluent le Milo depuis Bamako à l’occasion d’un périple au Soudan français, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer. Source image et (1) texte : Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Kouroussa, la place du marché. – « Village guinéen à la tombée du jour. Grandeur, majesté antique de l’Afrique. […] Au centre, un fromager géant unit le ciel à la terre. Un autre arbre abattu, couché, est gros comme un éléphant. Les cases, séparées par des nattes de deux mètres de haut, dessinent des rues pleines de chicanes et de tortis » (1). Kouroussa est le point amont extrême de navigation sur le fleuve Niger. La navigation fluviale sur ce tronçon, mais aussi sur son affluent le Milo qui est navigable jusqu’à Kankan, permit des siècles durant la diffusion des produits de Haute Guinée vers le bassin du Moyen-Niger. A partir de 1913, la ligne  de chemin de fer Conakry-Niger reliant la capitale de la colonie à Kankan en passant par Kouroussa, contribue au désenclavement de la région, mais aussi du Soudan français. En 1924,  l’ouverture du tronçon ferroviaire entre Dakar et Kayes, rejoignant la ligne qui allait du fleuve Sénégal au fleuve Niger, et permettant de joindre Bamako à l’océan sans rupture de charge, devait partiellement disqualifier le rôle sous-régional de Kouroussa et Kankan. Source : Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Une noce à la Côte. Le coupé des mariés. – La Guinée maritime était occupée, encore au XIXème siècle, par des populations peu évoluées et peu islamisées. L’influence économique et sociale du commerce maritime européen, remontant pourtant au XVème siècle, était restreinte à quelques clans privilégiés qui contrôlaient les comptoirs et leurs abords. Longtemps, ces derniers contribuèrent au désordre persistant dans la région, en se livrant à de perpétuelles rivalités armées, souvent suscitées par les commerçants européens concurrents. Cette insécurité persistante n’étant pas favorable au commerce conventionnel, c’est principalement la traite d’esclaves qui se développa. Si une grande partie de la population des « Rivières » restait en marge de ce commerce, il émergea néanmoins au XIXème siècle une bourgeoisie fortunée de commerçants et de planteurs esclavagistes, mêlant les descendants métis de traitants américains, portugais ou français à des éléments de la chefferie locale, et vivant matériellement à l’européenne. L’implantation de sociétés commerciales européennes dès le début du XXème siècle, favorisée par l’administration coloniale, devait disqualifier cette élite économique locale, la ramenant au rang de notables. Cette bourgeoisie d’ancienne origine devait renaître en partie, juste après la seconde guerre mondiale, à la faveur du développement de la culture bananière (1). - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1902-1903. Edmond Fortier a en effet effectué deux voyages en Guinée ; l’un en Guinée maritime en 1902 ou 1903 à partir de Conakry, et l’autre en Haute-Guinée, en 1905, en passant par le fleuve Niger et son affluent le Milo depuis Bamako à l’occasion d’un périple au Soudan français, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer. Sources : Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Les bords du Milo à Kankan. – La ville de Kankan en Haute-Guinée est située sur la rive gauche du Milo, le principal affluent de la rive droite du fleuve Niger. Le Milo, qui est navigable à partir de Kankan, permit des siècles durant la diffusion des produits de cette région vers le bassin du Moyen-Niger. La ligne  de chemin de fer Conakry-Niger, achevée en 1913, qui passait par Kouroussa (le point amont extrême de navigation sur le fleuve Niger) et avait Kankan pour terminus, valorisa encore ces axes fluviaux qui permettaient le désenclavement du Soudan occidental en général, et de Bamako en particulier. Cependant la ligne de chemin de fer reliant le fleuve Niger au fleuve Sénégal (entre Kayes et Bamako-Koulikoro) à partir de 1904, puis reliant directement Bamako au port de Dakar à compter de 1924, disqualifia la desserte du Soudan passant par la Haute-Guinée. - Cette image fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1905. Edmond Fortier avait effectué un voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il semble qu’il soit allé à Kankan par le fleuve, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer, depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan français en 1905.
  • Intérieur de village djallonké. - « Enfin nous arrivons à quelques paillotes. Derrière une clôture, on entrevoit une sorte de grande ruche. Pas de fenêtre. La paille s’arrête à deux mètres du sol et le toit se prolonge jusqu’à terre par des branchages. En-dessous, maçonnerie circulaire autour de laquelle je tourne, essayant en vain de trouver l’entrée » (1). « Les Foulahs, de même origine kamitique que les Peulhs, mais plus métissés de nègres, constituent la majeure partie de la population [du Fouta-Djalon]. Ce sont avant tout des pasteurs, inséparables de leurs troupeaux. […] Leur cases rondes, coiffées de chaume, on un toit très épais qui descend près du sol » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.  (2) Soubrier, Jacques, Savanes et Forêts, Paris, J. Susse, 1944.-  Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest. Il effectua deux voyages en Guinée, l’un en 1902-1903, au cours duquel cette photo aurait peu être prise, et l’autre en 1905-1906 en empruntant le fleuve Niger pour se rendre à Kankan.  Il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Conakry, hôtel du Niger. – Cet établissement a été fondé, comme le Grand Hôtel, par un entrepreneur corse dans l’entre deux guerres. Celui-ci, Jean-Babptiste Ferracci, né en 1884 à Sartène, était arrivé en Guinée à l’âge de 19 ans pour y exercer le métier d’agent de commerce. En 1938, son accession à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes consacre sa réussite professionnelle. Egalement investi dans la vie commune et dans la défense de la condition des indigènes, sa popularité le porte en 1936, au second tour de scrutin, au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer. En 1947, il est élu à la seconde Assemblée nationale Constituante, dans le collège des citoyens de Guinée. Il avait reçu l’investiture de la fédération de l’AOF et du Togo de la SFIO, en même temps que Yacine Diallo, lors du le congrès extraordinaire de Dakar le 12 mai 1946. Puis il est également élu, dans le premier collège de Guinée, au Conseil de la République le 13 janvier 1947. Il s’emploie à améliorer la représentation politique des colonies et des départements d’outre-mer. Toujours en 1947, concrétisant un souhait ancien, il se fait élire maire de Sartène, sa ville natale. Il disparaît à Paris fin 1950, en cours de mandat. En 1951, l’entreprise Feracci fils ouvre à Camayenne en périphérie de Conakry et en bordure de mer, « l'Hôtel et le Restaurant Bar de Camayenne », établissement toujours réputé aujourd’hui. L’hôtel du Niger quant à lui existe toujours, mais serait vétuste. – « Voici les allées ombragées de Konakry, célèbres dans toute l’Afrique. Fromagers, manguiers, cocotiers. Plages sablées de roux, récifs noirs, métalliques. Un hôtel neuf et tout à fait confortable ». Source : Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Guinée française, groupe d’indigènes. – « L’administrateur, écrit un témoin, de sa propre initiative ou sur les instructions du chef-lieu, réunit les chefs indigènes, leur vante les bienfaits de telle ou telle culture et leur enjoint de s’y adonner. Il distribue les graines, envoie ses gardes délimiter les champs et contrôler en cours de culture ou à la récolte l’exécution de ses ordres. L’amende, la prison, viennent frapper ceux qui n’ont pas voulu ou pu obéir ». Source : Cosnier, H, L’Ouest africain français, Paris, Larose, 1921.
  • La mosquée de Kankan, vers 1900. Dessin d’époque de Gaston de Burggraff. – Kankan, fondée au XVIIème, est un regroupement de villages partageant des terres avoisinantes et un centre de commerce agricole. C’est aussi un centre religieux ; l’islamisation pourtant ancienne reste longtemps superficielle en Haute Guinée, sauf à Kankan. Samory, qui conquit la ville en 1879, contribua à affermir l’implantation de la religion musulmane en luttant contre les vestiges des cultes traditionnels. La France, en la personne du colonel Archinard, pris Kankan en 1891 et en fit la base arrière des expéditions contre l’Almany (commandeur de croyants, titre de Samory Touré). – « L’histoire dit bien qu’à la suite de la pointe poussée par le colonel Archinard, en 1891, Kankan devint la capitale d’une nouvelle province. En réalité, si ladite capitale n’avait été pourvue d’une solide garnison, le règne de son commandant eut été des plus éphémères. Il n’est pas un jour, où ce poste n’ait eu à échanger des coups de fusil avec les détachements de Samory. Parfois c’étaient les Sofis qui passaient le Milo, l’affluent du Niger sur les bords duquel se dressent les murs de Kankan ; mais le plus souvent l’attaque venait de notre côté ». Source : Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Jeunes gens coniaguis. – « Les Coniaguis, tous armés de l’arc et des flèches, n’ont pour costume qu’une large ceinture de raphia tressé en fines cordelettes, interrompue sur le ventre, et par devant le petit étui de roseau en forme de doigt de gant, l’hyppog, pointu ou carré du bout, selon la mode de chacun. Ils sont admirablement bâtis, avec les hanches étroites et les épaules carrées ; ils se rasent les tempes, ne gardant au sommet du crâne qu’une sorte de cimier. Deux longues tiges de métal pendent à leurs oreilles, effleurant les épaules ; entre la lèvre supérieure et le nez une mince plaquette d’argent, sertie dans la chair, brille par instants. Les traits fins, les yeux en amande et le galbe du corps évoquent les fresques des nécropoles égyptiennes » (1). « Coniagui et Bassari sont les seuls groupes de Guinée à avoir conservé une organisation sociale en clans matrilinéaires. Peuples sans Etat, ne connaissant aucune organisation politique, au-delà du clan ou du village, mais guerriers farouches, ils ont réussi à résister aux attaques des Peuls […] Coniagui et Bassari sont restés réfractaires à l’Islam » (2). Sources : (1)  Soubrier, Jacques, Savanes et Forêts, Paris, J. Susse, 1944. (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Comment on voyage en Guinée. Arrivée au campement. Les campements sont des cases que l’on trouve sur les principaux itinéraires tous les 20 kilomètres environ et dans lesquelles on passe la nuit loin des villages. – « Monté dans le hamac, je m’endors et je rêve à Paris, aux parents, aux amis… J’aperçois à mon réveil les dos nus des porteurs, dont les muscles allongés, brillants et souples, tressaillent à chaque pas. La finesse de leurs attaches est surprenante : ces gaillards de deux mètres, musclés comme des centaures, ont des poignets d’enfants ». Source : Soubrier, Jacques, Savanes et Forêts, Paris, J. Susse, 1944. - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1902-1903 ou 1905. Edmond Fortier a en effet effectué deux voyages en Guinée ; l’un en 1902 ou 1903 à partir de Conakry, et l’autre en 1905 en passant par le fleuve Niger et son affluent le Milo depuis Bamako à l’occasion d’un périple au Soudan français, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer.
  • Kankan, le marché. (en 1905). – « Arrivée à la gare de Kankan peu avant midi. Les chefs indigènes, dont un descendant de Samory, viennent nous voir à la gare, drapés, la tête enveloppée de linges blancs, assez semblables à des Flamands du XVème  siècle. Dehors, la milice composée d’anciens tirailleurs, khaki et rouge, porte les armes. Alors éclate, comme une bombe sous le soleil, dans la poussière, avec une brusquerie extraordinaire, mon premier tam-tam d’Afrique »(1). « Jusqu’en 1911 l’orientation soudanienne demeura  prépondérante : les marchandises d’importation arrivaient de Bamako à Kouroussa (terminus des 400 km du bief navigable supérieur du Niger) et à Kankan (par le Milo). La construction du chemin de fer et celle du réseau routier ont renversé l’orientation traditionnelles des courants d’échange au bénéfice de Conakry et donné à Kankan un nouvel essor » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928 ; (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970. - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1905. Edmond Fortier avait effectué un voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il semble qu’il soit allé à Kankan par le fleuve, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer, depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan français en 1905.
  • Conakry, route et hôtel du Niger. – Cet établissement a été fondé, comme le Grand Hôtel, par un entrepreneur corse dans l’entre deux guerres. Celui-ci, Jean-Babptiste Ferracci, né en 1884 à Sartène, était arrivé en Guinée à l’âge de 19 ans pour y exercer le métier d’agent de commerce. En 1938, son accession à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes consacre sa réussite professionnelle. Egalement investi dans la vie commune et dans la défense de la condition des indigènes, sa popularité le porte en 1936, au second tour de scrutin, au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer. En 1947, il est élu à la seconde Assemblée nationale Constituante, dans le collège des citoyens de Guinée. Il avait reçu l’investiture de la fédération de l’AOF et du Togo de la SFIO, en même temps que Yacine Diallo, lors du le congrès extraordinaire de Dakar le 12 mai 1946. Puis il est également élu, dans le premier collège de Guinée, au Conseil de la République le 13 janvier 1947. Il s’emploie à améliorer la représentation politique des colonies et des départements d’outre-mer. Toujours en 1947, concrétisant un souhait ancien, il se fait élire maire de Sartène, sa ville natale. Il disparaît à Paris fin 1950, en cours de mandat. En 1951, l’entreprise  Feracci fils ouvre a Camayenne en périphérie de Conakry et en bordure de mer, « l'Hôtel et le Restaurant Bar de Camayenne », établissement toujours réputé aujourd’hui. L’hôtel du Niger quant à lui existe toujours, mais serait vétuste.
  • Mission catholique de Youkounkoun. - « La cloche que le père  Martinière a fait acheminer par porteur à travers les montagnes du Fouta se détache sur le ciel dans la fourche d’un immense fromager.[…] dimanche, à la messe, tôt dite, car dès la montée du soleil, le prêtre, même à travers les tôles du toit, risquerait une insolation, des négrillons nus comme des vers garnissent les bancs de bois, après avoir quitté sur le seuil l’arc de bambous et le carquois en peau de chat-tigre. […] Le Père Martinière dit l’évangile en Coniagui, tout missionnaire étant obligé de savoir la langue de ses ouailles et même de prononcer dans le dialecte indigène le sermon de Pâques qui suit son arrivée au pays de la Mission. » Source image et texte : Soubrier, Jacques, Savanes et forêts, Paris, Les écrivains français, 1944
  • Kindia, le marché vers 1900. – Chef-lieu du cercle du même nom, la ville de Kindia est caractérisée par « une grande rue principale allant de la Résidence [du commandant de cercle] à la gare [ligne Conakry-Kankan], en passant par la place du marché… […] La population, en dehors de l’élément fonctionnaire et militaire, comprend essentiellement les planteurs et les commerçants. » source Guid’AOF, Dakar, 1948.
  • CFKN, la station de la Tamba. - Le CFKN serait en fait le
  • Le personnel de la mission Salesse (1895-1896) – Cette mission, organisée sous l’égide de la Société de géographie, est chargée de reconnaître et tracer la route reliant Conakry au Niger.
  • Conakry, débarcadère officiel et compagnie française
  • Conakry, le phare du dragonnier indiquant la passe de Conakry
  • Conakry, rade de Boulbinet
  • Conakry, la Mairie
  • Conakry, rue commerciale - Carte postée en 1908
  • Conakry, l'hôtel du Niger
  • Vue de Conakry
  • Conakry, Place du Gouvernement
  • Conakry, marché de Timbo
  • Conakry, entrée
  • Conakry, plage de Camayenne
  • Conakry, monument Ballay
  • Conakry, rade sur la corniche
  • Conakry, place du Gouvernement
  • Conakry
  • Conakry, vue sur la rade
  • Conakry, un coin sur la corniche, le soir
  • Une route en Guinée Française
  • Guinée Française, femme soussou en toilette
  • Conakry, l'hôpital
  • Conakry, bassin du Chateau d'eau
  • Conakry, bassin du Chateau d'eau
  • Conakry, le wharf, Voilier en débarquement  - Le port de Conakry bénéficie, en 1948, de 661 mètres de quais, soit 300 m. de quais par tirant d'eau de 8 m. ou plus, 155 m. de 6,5 m. à 8 m. et 206 m. à moins de 6,5 m. En outre, le port dispose de 4400 m. de voies ferrées, d'une cale de halage de 400 tonnes et de 3 cales pour petites embarcations, de 9 hangars à marchandises couvrant 8430 m2. Il possède 2 remorqueurs, 9 chaloupes et 8 chalands. Les phares et balises sont Tamara, Boulbinet et les feux du port. En 1945, le trafic est 2313 navires jaugeant 228 779 tonnes, 3125 passagers, 47 500 tonnes importées et 26 386 tonnes exportées. Guid'AOF, éditions Agence de Distribution de Presse et Agence Havas AOF, Dakar, 1948
  • Exploitation agricole en Guinée Française
  • Conakry, Palais de Justice
  • Conakry, le mouvement du wharf
  • Kindia, Hôtel de France
  • Balanldougou, lavoir sur les bords du Niger - Carte écrite et postée le 05.09.1912 - Il doit s'agir d'un des Balandougou du cercle de Siguiri
  • Conakry, un coin de la corniche et du port
  • Kouroussa, le débarcadère
  • Conakry, avenue du Commerce
  • Conakry, avenue du Commerce
  • Conakry, le Temple Protestant
  • Conakry, Eglise Sainte Marie.
  • Conakry, place du Gouvernement
  • Conakry, entrée de la rade
  • Conakry, un coin du jardin public et le chateau d'eau
  • Conakry, Hôtel du port et Avenue de la Gare
  • Kouroussa, la place du marché
  • Conakry, la grande jetée à l'arrivée du courrier
  • Guinée Française, pont de Doukéa - Chemin de fer Konakry-Niger.
  • Le roi Alpha Yaya et sa suite - fin XIX ème - début XX ème siècle  - Ce roi de Labé, devenu menaçant pour le colonisateur français dont il avait été un fidèle allié dans un premier temps, fut destituté et déporté. Aimé Olivier (comte de Sanderval au titre portugais), aventurier français qui tenta de coloniser à titre privé le Fouta Djalon à la fin du XIX ème siècle, dresse de lui un portrait sévère dans son ouvrage La Conquête du Fouta-Djallon publié en 1899 :
  • Haute Guinée, chasseurs d'éléphants
  • Haute Guinée, Noble dame indigène
  • AOF, village au bord d'une rivière
  • AOF, bord du marigot
  • Konakry, le bureau de poste
  • Kindia, le quartier européen
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