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Le site présente des centaines de cartes postales anciennes et photos d'époque accompagnées de leurs légendes originales et, quand c'est possible, de commentaires sur leur contexte historique ou de références littéraires sur le sujet. Vous pouvez contribuer à l'enrichissement du site en communiquant des images, des données historiques ou des connaissances vécues ou transmises.

  • Un Chasseur Coniagui – Dans les sociétés africaines rurales, la chasse est une activité traditionnelle importante. Elle procure des ressources alimentaires précieuses à la communauté. Pour les hommes, elle constitue aussi un cadre symbolique central, dans la construction sociale du groupe et dans le rôle et la place des individus. Mais en plus, elle devient à compter du XIXe siècle une composante économique nouvelle. Elle permet de commercer avec les comptoirs européens installés sur le continent pour alimenter la forte demande mondiale d’ivoire. La consommation de ce matériau - et particulièrement celui aisé à travailler des éléphants d’Afrique – explose en effet. Faute de matières plastiques, qui ne se banaliseront qu’après le tournant du XXe siècle, l’ivoire répond à des besoins nouveaux en rapport avec la modernité. Il permet notamment de fabriquer les boules de billard à une époque où ce jeu se démocratise. Il est aussi utilisé pour les touches de piano, tandis que la demande s’envole en Occident et en Asie. La pratique de cet instrument est entrée dans le programme des écoles normales japonaises et sa présence se répand dans de nombreux foyers aisés. De fait, la pression sur la faune des pachydermes africains s’accroit tant, que la ressource commence à décliner fortement dès avant la première guerre mondiale. Les chiffres d’exportation d’ivoire, enregistrés par les services de  douane de Guinée française en témoignent.
  • Conakry, Rue Commerciale - Également connue comme rue, avenue ou boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. En 1899, l’administrateur Bie la décrit en ces termes : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • L’hôpital Ballay de Conakry, à la veille de l’indépendance. – Bâti entre 1899 et 1902, ce centre hospitalier moderne remplace le premier établissement, ouvert non loin de là en 1894 et devenu trop exigu. A l’heure où la capitale guinéenne, le pays entier et ses voisins affrontent une redoutable épidémie de fièvre Ebola, son nom a une résonnance toute singulière. C’est celui du médecin Noël Ballay, ancien lieutenant-gouverneur de la colonie, victime d’une épidémie de fièvre jaune. Au moment où le nouvel hôpital entre en fonction, au tout début du XXème siècle, il vient de succomber à Saint-Louis du Sénégal, où la maladie connait une flambée très meurtrière. Parti prêter main forte aux équipes soignantes, et contraint à assurer également l’intérim du gouverneur-général d’AOF tombé malade et évacué vers la métropole, il fait partie des très nombreuses victimes dans le corps médical. Saint-Louis, subit des épisodes de fièvre jaune récurrents, en 1830, 1881, 1890, 1900... Ce dernier décime le personnel sanitaire, ne laissant vivants que 2 médecins sur 25 dans la colonie ! Nombreuses autres villes africaines connaissent des tragédies comparables jusqu’à la mise au pont d’un vaccin dans les années 1930 et sa diffusion un peu plus tard. Ainsi, la capitale de la Côte d’Ivoire est transférée à Bingerville, après la terrible épidémie qui ravage la ville côtière  de Grand Bassam entre 1899 et 1900. La fièvre jaune reste endémique en zone tropicale et continue de faire des victimes parmi les populations non-vaccinées. Aujourd’hui, la Guinée semble très démunie face à la nouvelle menace virale. Mais il faut noter le piètre héritage de la période coloniale en matière sanitaire, et l’absence d’investissement de la part des régimes suivants. Au moment de son indépendance, en 1958, le pays ne dispose que de 58 médecins dont seulement 3 docteurs en médecine guinéens ! Par la suite, les préoccupations des gouvernants n’ayant guère été au bien être des populations, le développement du secteur de la santé n’a pas accompagne l’explosion démographique de ces dernières décennies. – Un article très récent d’Adama Aly Ram, de la BCEAO, fait un parallèle intéressant entre la situation sociale actuelle et celle engendrée par les épidémies de choléra du XIXème siècle au Sénégal, cherchez sur un moteur de recherche « Les épidémies ont aussi une histoire : le choléra au Sénégal au 19ème siècle ».
  • Conakry, Hôtel du Niger. – Cet établissement a été créé, comme le Grand-Hôtel, par un entrepreneur corse dans l’entre deux guerres. Celui-ci, Jean-Baptiste Ferracci, né en 1884 à Sartène, était arrivé en Guinée à l’âge de 19 ans pour y exercer le métier d’agent de commerce, avant de se lancer dans l’hôtellerie. Selon l’écrivain et journaliste Jean Martret, dans un ouvrage paru en 1934, il aurait du exploiter le Grand-Hôtel avec son beau-frère, un certain Millet, avant qu’ils ne se brouillent et que ce dernier ne parte réitérer l’expérience à Douala. Mais l’anecdote, recueillie par des témoignages de comptoir au Cameroun, n’est pas forcément vraie… Ferracci, quant à lui, connait ensuite une belle carrière, accédant en 1938 à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes. Egalement investi dans la vie publique et dans la défense de la condition des indigènes, sa popularité le porte dès 1936 au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer. Investi par la SFIO, il est élu en 1947 à la seconde Assemblée nationale constituante, dans le collège des citoyens de Guinée. Puis il est également porté par les urnes, dans le premier collège de Guinée, au Conseil de la République le 13 janvier 1947. Il s’emploie à y améliorer la représentation politique des colonies et des départements d’outre-mer. Toujours en 1947, concrétisant un souhait ancien, il se fait élire maire de Sartène, sa ville natale. Il disparaît à Paris fin 1950, en cours de mandat. En 1951, l’entreprise Ferracci-fils ouvre à Camayenne, en périphérie de Conakry et en bordure de mer, « l'Hôtel et le Restaurant Bar de Camayenne », établissement toujours réputé aujourd’hui. L’hôtel du Niger existe encore de nos jours mais serait vétuste. Sources : Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Kankan, porteurs de marchandises avant leur départ pour le Sud. - L’explosion de la demande industrielle en caoutchouc à partir de la fin du XIX ème siècle, liée au développement de la bicyclette puis de l’automobile, a entraîné une véritable fièvre du latex en Guinée. Le produit était ici tiré de lianes sauvages et non de l’hévéa comme en Amazonie. Mais rapidement, les ressources les plus accessibles, proches du littoral où est embarqué le latex, sont épuisées et il faut mobiliser pour aller en chercher plus loin, au Fouta-Djallon d’abord, en Haute-Guinée ensuite –dont Kankan est la principale ville-, puis jusqu’en Guinée Forestière. Une partie importante de la population guinéenne se trouve alors enrôlée pour la récolte et le transport, sur des distances toujours plus grandes, du précieux produit. Alfred Guignard, un fonctionnaire proche du général Mangin, évoque le phénomène à l’occasion d’une mission dans la région en 1911 : « La ruée européenne sur ce produit a introduit dans les mœurs rurales des pays dotés de cette richesse néfaste deux causes de perturbations profondes : l’abandon des champs moins rémunérateurs, la multiplication du portage, corvée abrutissante, qui n’a souvent de volontaire, on le sait, que le nom » (1). Le chemin de fer, qui relie le port de Conakry à Kankan avant la première guerre mondiale, arrive un peu tard pour cette ressource devenue rare et trop chère pour concurrencer celles issues des récentes plantations asiatiques d’hévéa. Source (1) : Guignard, A., « Zig-zags en AOF » dans L’Afrique Française, n°10, oct. 1912.
  • Haute-Guinée, Tam-tam, la danse des fusils. – Les visiteurs étrangers qualifiaient autrefois toutes les cérémonies traditionnelles africaines de « Tam-tam ». Ce terme générique faisait bien sûr référence au recours quasi systématique à des percussions à peaux tendues pour rythmer les festivités. L’officier Baratier, dans un ouvrage consacré à ses campagnes d’Afrique, explique ainsi la réception organisée pour l’accueillir avec faste par un chef local : « Il m'annonce qu'avant de palabrer, ses guerriers vont exécuter un grand tam-tam en mon honneur ! » (1). Quant à la danse des fusils, quelques fois appelée berezzana ou fantasia à pied, c’est une coutume que l’on trouve sous différentes formes sur les deux rives du Sahara. Elle met en scène une chorégraphie mimant le combat, avec des sabres ou des fusils. Car si on trouve beaucoup d’armes à feu en Afrique aujourd’hui, il y en avait bien davantage deux siècles plus tôt ! Le commerce négrier avait en effet déversé vingt millions de fusils en Afrique de l’Ouest avant la fin du XVIIIème siècle, en échange d’esclaves. Et puis les artisans locaux ont également appris à en fabriquer. Et il y a fort à parier que les fusils de traite visibles sur cette photo - des armes rudimentaires, dans lesquelles la charge propulsive est enflammée par l’étincelle d’un silex porté par un chien - sont de facture locale.  Sources : (1) Baratier, Lt-Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Kankan, Rue du Commerce. La principale ville de Haute-Guinée fut le théâtre d’un événement peu ordinaire au sortir de la Seconde guerre mondiale. La région connaissait alors divers remous politiques et sociaux et, en 1947, les anciens combattants se révoltèrent et prirent ponctuellement le contrôle de Kankan. Ils y proclamèrent une éphémère république africaine. L’ordre fut vite rétabli, mais cette affaire reflète l’état de défiance envers l’autorité de l’administration et des chefferies locales qui régnait à  cette époque. Ces dernières avaient en effet été l’instrument zélé d’un effort de guerre épuisant pour la Guinée. Car l’AOF, rentrée dans le camp des alliés depuis 1942, était coupée de la métropole et exigeait beaucoup de ses colonies. Il leur faillait à la fois subvenir à leurs propres besoins, à ceux des grands centres urbains comme Dakar, et à l’effort de guerre. Les attentes, en taxes sur les populations et en produits – riz, céréales… -, étaient souvent démesurées voire irréalisables, fondées sur des connaissances erronées des ressources disponibles. On rapporte ainsi  l’histoire d’un administrateur de cercle de Guinée, à qui l’on réclamait la fourniture de plusieurs tonnes de miel, qui fut sanctionné pour avoir répondu par télégramme à Dakar : « D’accord pour le miel. Stop. Envoyez les abeilles… ». Sources : Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Le convoi du Général De Gaulle dans les rues de Conakry, le 25 août 1958 (cliché amateur de Léon Anselmo). – A la veille du référendum du 28 septembre 1958, le Général De Gaulle fait la tournée des capitales africaines. Il s’emploie à  convaincre les populations de voter en faveur de l’adhésion de leur territoire respectif à la Communauté française. Ce nouveau statut, qui confère aux colonies une grande autonomie, fait partie du projet de constitution de la Vème république. L’accueil du nouveau chef de l’exécutif français – il est revenu au pouvoir depuis quelques mois seulement, porté par les difficultés de la décolonisation algérienne – est contrasté. A Conakry, il est chaleureusement fêté, la population est mobilisée pour saluer son passage et Ahmed Sékou Touré est venu en personne le chercher à l’aéroport (on l’aperçoit d’ailleurs dans la voiture aux côtés du général) alors qu’à l’étape suivante de Dakar ni Léopold Sédar Senghor ni Mamadou Dia, le président du gouvernement du Sénégal, ne seront là. Mais bien vite c’est le malentendu : le discours du leader guinéen est une douche froide pour l’homme du 18 juin. Il clame préférer « la pauvreté dans la liberté, à la richesse dans l’esclavage » et appelle son peuple à refuser la Communauté pour choisir l’indépendance. Le Général De Gaulle est ulcéré, il prend acte sèchement en parlant de « sécession » et quitte Conakry très contrarié. Lors du référendum, le oui l’emporte largement dans toutes l’Afrique (y compris au Niger où l’administration a falsifié les résultats semble-t-il) sauf en Guinée qui accède à l’indépendance dès le 3 octobre. Et le torchon continue de bruler entre Conakry et Paris, puisque la passation de pouvoir prend la forme d’une rupture économique et politique brutale. Malgré les tentatives de réconciliations tentées par Sékou Touré, De Gaulle et Jacques Foccart - son homme de l’ombre en charge des affaires africaines – lui en tiendront rigueur jusqu’au bout, multipliant même les tentatives d’attentat à son égard.
  • Conakry, rue commerciale. - Connue également comme avenue commerciale, rue, avenue ou boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. L’administrateur Bie la décrit ainsi en 1899 : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • Conakry, fête du 14 juillet, course de bicyclettes. - La fête nationale du14 juillet est systématiquement célébrée dans tout l’empire colonial français, y compris dans les territoires sous mandat de la SDN comme au Cameroun. Cérémonies officielles et militaires, rencontres sportives (régates, courses pédestres, équestres et cyclistes, concours de tir…), jeux collectifs et bien sûr bals et flonflons sont de mise. Pour les édiles et notables africains c’est également l’occasion de renouveler leur témoignage d’allégeance aux autorités coloniales, en venant, par exemple, saluer l’administrateur ou le commandant de cercle. Peu impliqués dans le sentiment national en temps de paix, les Africains – ceux résidants dans les villes et les chefs-lieux notamment – sont étroitement associés à ses festivités. Ces commémorations civiles permettent à l’administration coloniale de se démarquer des multiples fêtes religieuses orchestrées par le clergé local, alors que la séparation entre l’église et l’Etat est encore toute fraiche. Après la seconde guerre mondiale, une nouvelle fête, le 1er mai, va détrôner  celles officielles du 14 juillet et du 11 novembre, auprès des populations autochtones. Importée elle aussi, la fête du travail est adoptée et adaptée localement, parfois sur un mode revendicatif tandis que les aspirations indépendantistes se font jour.
  • Kankan (Haute-Guinée française). Sur le bord du Milo (affluent du Niger). – La ville de Kankan en Haute-Guinée est située sur la rive gauche du Milo, le principal affluent de la rive droite du fleuve Niger. Le Milo, qui est navigable à partir de Kankan, permit, des siècles durant, la diffusion des produits de cette région vers le bassin du Moyen-Niger. A l’inverse, les produits d’importation diffusés avec la colonisation suivirent  ces mêmes axes fluviaux, mais de Bamako vers la Haute-Guinée. L’arrivée du chemin de fer Conakry-Niger, achevé en 1913, qui passait par Kouroussa (le point amont extrême de navigation sur le fleuve Niger) et avait Kankan pour terminus, bouleversa les équilibres de la région qui se trouva désormais tournée directement sur la façade atlantique.
  • Conakry, promenade de la Corniche. – « La ville donne l’impression au visiteur de quelque cité du district des lacs d’Angleterre, plutôt que celle d’une escale de la côte d’Afrique. La vue de la ville et des îles voisines est merveilleuse de beauté tropicale. Conakry est tracée selon le plan habituel des villes coloniales françaises : rues à angles droits, squares et jardins bien dessinés. Un boulevard extérieur, macadamisé, bordé de palmiers, l’encercle. Je crois que la raison poussant les Français à bâtir leurs villes tropicales de façon si pratique s’explique par leur désir de s’y sentir « at home ». La demeure qu’ils s’y aménagent leur servira pendant des années de résidence fixe. » Sources : écrits d’un « voyageur anglais » qui a vécu à Lagos, Onitsha, Accra et Sekondi paru dans le Bulletin d’information du gouvernement général de l’Afrique occidentale française, cité dans Ricord, M., France noire, Marseille, Sud-éditions, 1939.
  • Conakry, pont de Tumbo. Vue prise de la grande terre. – Il s’agit ici du gué, apparemment déjà aménagé, qui relie Conakry au continent. La circulation sera pérennisée dès la fin du XIXème siècle par la construction d’un pont métallique – parfois appelé pont du Saloum -, renforcé ensuite pour accueillir la voie ferrée qui relie le port au fleuve Niger en Haute-Guinée. Plus tard encore, dans les années 1950, le mince cordon sera durablement remblayé. Le site choisi en 1885 pour implanter le siège de l’autorité française dans la région, le modeste village de Conakry, est en effet situé sur une presqu’île séparée de la terre ferme par un passage submersible. La presqu’île de Tumbo, longue de 3,5 km et large de 1 km, sera ainsi successivement le lieu de résidence du commandant du cercle de Dubréka à partir de 1885, le chef-lieu des Rivières du Sud en 1890, puis la capitale de la colonie de Guinée à compter de 1903. La ville ne s’étendra réellement sur le continent qu’après la Seconde Guerre mondiale, à la faveur des fonds FIDES – Fond d’investissement pour le développement économique et social - et de la prospérité bananière. Henry Bordeaux, un écrivain membre de l’Académie française un peu oublié aujourd’hui, fit un voyage en AOF en 1936. Il voit une portée géopolitique  à l’aménagement du cordon reliant Tumbo à la terre ferme : « Konakry elle-même occupe la pointe de la presqu’île de Toumba, rattachée au continent par une chaussée. L’Angleterre niait l’existence de cette chaussée et revendiquait le terrain comme faisant partie des îles auxquelles elle avait droit. Pendant cette discussion nous consolidions la digue. La nature l’avait faite, l’homme l’améliorait. Le doute n’était plus possible. Les Anglais, dès lors, abandonnèrent le reste qui était sans valeur » (1). Sources : (1) Bordeaux, H., Nos  Indes noires, Paris, éditions Plon, 1936.
  • Conakry, rue commerciale. - Connue également comme avenue commerciale, rue, avenue ou boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. L’administrateur Bie la décrit ainsi en 1899 : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • Boké, l'hôpital. - La Guinée dispose, à la fin de l'époque coloniale, d'un seul vrai hôpital (le vieil hôpital Bellay de Conakry), un hôpital de seconde classe à Kankan, 98 dispensaires et de moins de 60 médecins, dont 39 Guinéens sur 58 en 1958 (1). « Le budget du Service de Santé, en 1955, s’est élevé à 357 981 000 francs, soit 11,62 % du budget, dont environ 215 millions pour les dépenses du personnel. Ce personnel comprend, à l’heure actuelle, 17 docteurs en médecine, dont 3 Africains, 41 médecins africains, 58 sages-femmes et 306 infirmiers et infirmières. […] Les formations sanitaires du Territoire se répartissent en six catégories : hôpital, ambulance, gros centres médicaux, centres médicaux de chefs-lieux, dispensaires avec infirmiers, centres ce consultation fixes : elles comprennent au total 1471 lits. » (2). Sources : (1) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.  (2) Collectif, La Guinée Française, Paris, Cahiers Charles de Foucauld, 3ème série, n°44, 1956.
  • Conakry, l’hôpital. – Bâti entre 1899 et 1902, à plus d’un kilomètre du centre européen de la ville en bord de mer, l’établissement remplaçait un premier hôpital ouvert en 1894 à côté de l’Hôtel du Gouvernement et devenu trop petit.  Composé de quatre pavillons principaux d’un étage, reliés entre eux par des passerelles couvertes - une option souvent utilisée pour l’architecture sanitaire en zone tropicale -, et de quelques autres bâtiments annexes –cuisines, bains, morgue, pavillon de désinfection et pavillon des contagieux -, Il est encore aujourd’hui en service. Ces installations constituaient, à l’époque, la section européenne de l’hôpital, tandis qu’une section indigène était édifiée en dehors de l’enclos. On donna au nouvel établissement  le nom de « Hôpital Ballay », en hommage à l’ancien lieutenant-gouverneur de la colonie, médecin de formation, qui venait de succomber à l’épidémie de fièvre-jaune, en janvier 1902, au Sénégal où il occupait le poste de gouverneur. Un autre établissement hospitalier sera construit, à Donka en banlieue, en 1950.
  • Sougueta, Etablissements Syriens. – « Comme la plupart des administrateurs, celui de L… nous parle de la formidable puissance de pénétration des Syriens. Les maisons françaises qui s’installent en Guinée s’échelonnent le long de la voie ferrée mais ne s’enfoncent pas dans la brousse. Le Syrien, lui, entre partout. Il consent de longs crédits au nègre. Il emprunte aux banques et il tient rigoureusement ses engagements envers elles ; les autres Syriens désignés comme caution paient toujours. On a beau exiger des nouveaux arrivants en A.O.F. un pécule, et en élever le montant, ils sont toujours à même de le fournir. Dans l’ensemble, depuis le Gouverneur Général jusqu’aux fonctionnaires de cercle, j’ai trouvé l’administration française favorable aux Syriens ; il en sera ainsi tant que ceux-ci n’écouleront que des produits français. Mais le petit commerce et les employés subalternes les haïssent. Quelle part faire à la vérité et quelle part faire à l’envie ? On nous avait dit qu’en A.O.F. les Syriens se considéraient comme chez eux. L’administrateur qui nous offre ce soir l’hospitalité nous raconte qu’un Syrien de son cercle se fait adresser ses lettres : Guinée syrienne » (1). – Les entrepreneurs libano-syriens – on parlait essentiellement de Syriens avant la création du Liban en 1926 par les Français qui exerçaient alors un mandat de la SDN sur cette région - ont investi un échelon intermédiaire dans le commerce d’Afrique de l’Ouest, entre les compagnies françaises et les acheteurs indigènes, à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Beaucoup de familles ont fait souche et continuent de vivre, des générations plus tard, sur le continent. Certains ont constitué des fortunes considérables, mais la plupart restent exploiter des affaires plus modestes, dans le commerce, les services, l’artisanat ou l’industrie locale. On peut lire sur le sujet l’article de l’historien Ibrahima Thioub : « Les Libano-Syriens en Afrique de l’Ouest. De la fin du XIXe siècle à nos jours » (http://www.histoire-afrique.org/article159.html).  – Contrairement à l’idée émise par P. Morand, situant les commerces syriens à l’écart des grandes voies de communication, Sougueta se trouve être sur le chemin de fer Conakry-Niger. Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • A Benty, ancré dans la Mellacorée, le « Tamara » attend sa cargaison de bananes. – L’appontement de Benty se trouve sur la Mellacorée, une des Rivières du Sud où les navigateurs européens viennent faire du commerce de traite depuis des siècles. Le poste de Benty est l’un des deux forts français fondés dans cette région du temps où Faidherbe était gouverneur du Sénégal, avant la création de la colonie de Guinée. Délaissé après l’édification de Conakry, le lieu reprend du service au milieu des années 1930 à la faveur de la fièvre de la banane guinéenne. Benty devient alors l’escale hebdomadaire de navires bananiers marseillais. Retombé dans sa torpeur quand les bananes latino-américaine eurent raison de leur rivale guinéenne, il faillit connaître une nouvelle résurrection au début des années 1960, comme débouché du minerai de fer de la Guinée forestière. Mais le projet fit long feu : la ligne de chemin de fer nécessaire pour joindre les lointains monts Nimba, à travers le relief, n’aurait pas été rentable. Le gouvernement de la jeune République de Guinée dut se résoudre à négocier l’évacuation du minerai à travers le Libéria, où existait une ligne ferroviaire liant le Nimba libérien au port de Buchanan. Finalement, le gisement guinéen n’entra jamais en production, le marché étant déjà suffisamment approvisionné par la Mauritanie, le Libéria et la Sierra Leone. L’écrivain voyageur Maurice Ricord décrit ainsi l’escale à Benty, au temps de la splendeur bananière : « L’estuaire de la Mellacorée a pour cadre des terres à palétuviers qui forment d’abord, à l’horizon, une interminable et basse ligne verte. [...] Lentement, le Tamara remonte la rivière dont les berges se rapprochent. Dans la verdure, touffue, où l’on distingue maintenant les hautes futaies immobiles des palmiers et des cocotiers, les maisons apparaissent, la résidence administrative, les cases des planteurs, et derrière le rideau des palétuviers, l’on devine les plantations. [...] A peine arrêté dans la rivière, qu’il vient de remonter sur vingt kilomètres, le Tamara est envahi. Le bateau, chaque mercredi, c’est le Casino qui passe. On vient à bord boire le whisky, déjeuner, prendre le thé, passer la soirée, danser au son du pick-up et du jazz du bord. C’est le Casino et c’est aussi le magasin d’alimentation. On vient à bord avec ses filets à provisions, acheter du beurre frais, des légumes, de la viande »(1). Le Tamara appartenait à la compagnie marseillaise Fabre-Fraissinet. Sources : (1) Ricord, M., France noire, Marseille, Sud-éditions, 1939.
  • Conakry, le palais du gouverneur. – Bâti entre fin 1889 et mi 1890, cet hôtel cossu devait en imposer : « Les indigènes sentiront l’autorité et la respecteront davantage en voyant une construction plus grandiose et plus en harmonie avec le grade du haut-fonctionnaire qui l’habitera », écrivait le conducteur des travaux dans un rapport, juste avant le début du chantier (1). Il est vrai que le premier résident à avoir représenté la France sur place, le Dr Péreton, arrivé en 1885, avait été bien mal loti. Faute de résidence, il était resté longtemps l’hôte de la maison de commerce SCOA, dans des conditions très précaires. De fait, le palais fut construit massif : 21 X 17 m. pour une hauteur de plus de 15 m., avant même l’ajout dès 1892 de deux ailes.  De plus, il bénéficiait d’un confort sophistiqué, notamment grâce à des circulations d’air, ménagées dans le soubassement, protégées par des grilles en fontes, et dans les combles. Premier grand édifice érigé à Conakry, il devait rester le siège du gouverneur de la colonie, jusqu’à l’indépendance, le 2 octobre 1958. Et il n’échappa pas aux conditions tendues du divorce entre Paris et la Guinée : « Les Français en partant ont détruit les archives, ils ont tout emporté. Le palais du gouverneur, qui sera plus tard la résidence du chef de l’Etat, a été vidé de tout son contenu. La vaisselle qu’ils n’ont pas pu emporter, ils l’ont brisée [...] et nous avons débuté avec nos affaires personnelles » expliquait récemment Andrée Sékou Touré, la femme du premier président de la Guinée indépendante (2). Le palais, que l’on assimilait désormais à la funeste mémoire de ce dernier occupant, fut rasé l’année même de sa disparition en 1984. Le nouveau palais présidentiel, construit pour son successeur, devait à son tour être détruit par des tirs d’artillerie lors d’une mutinerie de l’armée, en 2005. Sources : (1) cité par Odile Goerg, dans Soulilou, J. (éditeur scientifique), Rives coloniale, Paris, éditions Parenthèses et éditions de l’Orstom, 1993. (2) interrogée en 2009  pour l’émission La Nouvelle fabrique de l’Histoire, série Boulevards des indépendances, sur France Culture.
  • Siguiri, un mineur indigène chercheur d’or, entrant dans son trou. Cliché du ministère de la France d’outre-mer. - On extrait traditionnellement de l’or dans la région de la vallée du Haut-Niger, entre Kouroussa et Siguiri, depuis un millénaire ou plus. Les techniques de production fondées sur l’orpaillage, attestées dès le XVIIIème siècle dans l’empire du Mali dont cette région était le cœur, restent inchangées. Des puits individuels, traversant la cuirasse pour atteindre les alluvions aurifères, sont creusés et exploités en saison sèche. Le minerai, remonté dans des sceaux, est lavé à la batée par les femmes dans des calebasses. Les zones d’exploitation sont attribuées par les « maîtres de l’or », équivalents des « chefs de terre » dans l’agriculture. Commercialisée par les Dioulas, la majeure partie de la production alimente le marché intérieur, et notamment la bijouterie indigène, tandis qu’une fraction achetée par les sociétés de traite est exportée à partir du XXème siècle, entre 50 et 300 kilogrammes par an entre les années 1920 et 1930. Aujourd’hui encore, dans toute l’Afrique de l’Ouest et même au-delà, de très nombreux mineurs, opérant en marge des compagnies minières établies, ont recours à ces techniques d’exploitation archaïques. Elles occasionnent de fréquents accidents meurtriers.
  • Dans un poste, caravane de porteurs prête à partir. - L’explosion de la demande industrielle en caoutchouc à partir de la fin du XIX ème siècle, liée au développement de la  bicyclette puis de l’automobile, a entraîné une véritable fièvre du latex en Guinée. Le produit était ici tiré de lianes et non de l’hévéa comme en Amazonie. Mais rapidement, les ressources les plus accessibles, proches du littoral où est embarqué le latex, sont épuisées, et il faut mobiliser pour aller en chercher plus loin, au Fouta-Djallon d’abord, en Haute-Guinée – alors souvent appelée Haut Niger - ensuite, puis jusqu’en Guinée Forestière.  Une partie importante de la population guinéenne se trouve enrôlée pour la récolte et le transport, sur des distances toujours plus grandes, du précieux produit. Alfred Guignard, un fonctionnaire proche du général Mangin, évoque le phénomène à l’occasion d’une mission dans la région en 1911 : « La ruée européenne sur ce produit a introduit dans les mœurs rurales des pays dotés de cette richesse néfaste deux causes de perturbations profondes : l’abandon des champs moins rémunérateurs, la multiplication du portage, corvée abrutissante, qui n’a souvent de volontaire, on le sait, que le nom » (1). – Cette carte fait partie du travail d’Edmond Fortier (1862-1928), à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. Elle doit dater de 1905. Fortier s’était alors rendu dans le Haut Niger – ou  Haute-Guinée - par le fleuve  depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer vers Conakry. Il avait effectué un premier voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il serait alors resté en Guinée Maritime. Célèbre photographe et éditeur dakarois, M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Source (1) : Guignard, A., « Zig-zags en AOF » dans L’Afrique Française, n°10, oct. 1912.
  • Konakry, rue du Commerce. – Connue également comme rue ou avenue commerciale, boulevard du Commerce ou encore « 3ème boulevard », cette artère majeure de la capitale guinéenne aboutit au port. L’administrateur Bie la décrit ainsi en 1899 : « n’a pas moins de 30 m. de large sur une longueur d’environ un kilomètre. De larges trottoirs bordant cette rue, de splendides maison à étage, toutes neuves, lui donnent une apparence toute moderne » (1). Le chemin de fer Decauville, que l’on distingue sur l’image, fut déployé dans ce quartier de négoce à partir de 1897. Cette installation, constituée de rails écartés de 60 cm et fixés sur des traverses métalliques, était souvent désignée comme « petite vitesse », par opposition au chemin de fer plus rapide et en voies métriques qui joignait le fleuve Niger. A partir de 1902, elle  totalisait 9,7 kilomètres de voies. Son usage n’était pas réservé au commerce, et les particuliers pouvaient y faire circuler des marchandises, moyennant un droit de 1 franc par tonne transportée et en fournissant le véhicule et son mode de traction. Les wagonnets de promenade, emportant des passagers, n’étaient pas soumis à cette taxe. Source (1) : Bie. A. (administrateur), Voyage à la côte occidentale d’Afrique, de Marseille à Conakry, Conakry le 20 mai 1899 (archive privée citée par Odile Goerg dans Rives Coloniales, Soulilou, Jacques, éditeur scientifique, Paris, édition Parenthèses et édition Orstom, 1993).
  • Conakry, affaire de Gomba, confrontation du Gouverneur avec les prisonniers Foulahs, maison d’arrêt. – La scène se situe en 1911. A cette époque, suite au retour en Guinée du roi du Labé Alpha Yaya Diallo – il avait était déporté au Dahomey en 1905 par le colonisateur -, des troubles politiques secouèrent le Foutah-Djallon. A la tête de cette insurrection, qui tentait de rétablir le pouvoir du souverain et l’indépendance de la région, se trouvent le Ouali de Gomba, Thierno Aliou, et Karamoko Sankoun de Touba. Pour mater la contestation, l’administration fit appel à la 7ème compagnie de tirailleurs sénégalais (en garnison à Kati près de Bamako), qui s’empara facilement de la localité de Touba. Mais, le 30 mars 1911, la troupe rencontra à Gomba une résistance sans précédent, qui devait coûter la vie au capitaine Talay qui la dirigeait, à un lieutenant et  à 12 tirailleurs. A force de combat Gomba tomba, la répression fut féroce et les captifs nombreux (comme le montre la photo). Thierno Aliou, qui avait fuit vers la Sierra Leone voisine, fut capturé et extradé par les Anglais, puis condamné à mort par la Cour d’Assise de Conakry. Octogénaire, le vieux chef mourut d’épuisement en détention avant même que son recours en grâce n’ait été rejeté. Alpha Yaya Diallo et ses proches furent exilés à Port Etienne, l’actuelle Nouadhibou. « L’année 1911 fut marquée par une très forte présence de détenus politiques parmi la population pénale », note l’historien Mamadou Dian Chérif Diallo (Répression et enfermement en Guinée. Le pénitencier de Fotoba et la prison de Conakry de 1900 à 1958, Paris, L’Harmattan, 2005). En Guinée, les régimes changent, mais la violence répressive reste une constante de l'arsenal politique...
  • Haute-Guinée, achat du caoutchouc en factorerie. Coupage des boules. – Cette opération vise à contrôler la qualité du produit récolté, car la fraude était répandue dans le commerce guinéen du caoutchouc : les boules contenaient jusqu’à 25 % d’impuretés, comme des cailloux, pour en augmenter le poids. La demande de caoutchouc, engendrée par le développement de la bicyclette et de l’automobile à la fin du XIXème siècle, stimule la production en Guinée, alors appelée les Rivières du Sud. Contrairement à l’Amazonie où l’on tire la matière première des hévéas, on exploite en Guinée des lianes à latex. Le produit obtenu est de piètre qualité, les rendements sont faibles, mais l’affaire est rentable pour les traitants dans la mesure où la main d’œuvre est contrainte par la nécessité d’acquitter l’impôt colonial. La « ruée sur le caoutchouc » a de fortes conséquences sur la trajectoire économique et sociale du pays. Le travail nécessaire à la récolte et au transport du latex, tandis qu’il faut toujours aller le chercher plus loin, mobilisent les populations, au détriment de toutes les autres cultures, y compris vivrières. A l’époque où fut prise cette photo - vers 1905 quand le photographe Fortier se rendit en Haute-Guinée par le fleuve Niger-, la Guinée exportait près de 1700 tonnes de caoutchouc par an ; soit les deux tiers des exportations guinéennes en valeur. Quand les plantations d’hévéa d’Extrême-Orient entrèrent en production vers 1910, le produit guinéen, cher et médiocre, se trouva totalement disqualifié. La crise qui s’en suivit fut très dure, et dura jusqu’à ce que les exportations de banane aient remplacé celles de caoutchouc. L’économie de la Guinée a connu quatre cycles successifs durant les deux derniers siècles : les esclaves, le caoutchouc, la banane et la bauxite.
  • Conakry, le Palais du Gouverneur. – «  Le 23 avril  [1890], j’embarquai sur le paquebot « Taygète » de la Compagnie Fraissinet. Mes amis m’accompagnèrent à bord et plusieurs pleurèrent en me disant adieu. Conakry, chef-lieu de la nouvelle colonie formée avec les « Rivières du Sud », fut notre première escale ; le navire mouilla assez loin de la ville (une douzaine de maisons). Ce n’est déjà plus le Sénégal, la végétation est luxuriante et la température plus humide. A travers les arbres, on aperçoit une maison en construction, c’est le nouvel hôtel du Gouvernement ». Source : Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995.
  • Conakry, l’Hôtel de France. – « Pour atteindre le port, les navires doivent contourner les îles Los et défiler venant du sud entre la cité rouge et verte des « Bauxites du Midi » fixée dans les îles, et le quartier résidentiel de Conakry, bouquet vert d’où jaillissent de puissants buildings de dix à quinze étages, l’hôtel de France et aussi la coupole de la cathédrale avec ses deux tours. […] on y goutte, aussi un peu, le confort de l’hôtel de France, achevé en 1954 et qui représente au bord de la mer, face aux îles, avec l’immense rotonde ventilée de sa salle à manger, un de ces haut lieux de rencontre où la camaraderie facile des Blancs d’Afrique s’exprime avec aisance et légèreté. » Source : La Guinée Française, Cahiers Charles de Foucauld, Paris, 1957.
  • Siguiri : indigènes travaillant aux mines d’or. - On extrait traditionnesdllement de l’or dans la région de la vallée du Haut-Niger, entre Kouroussa et Siguiri, depuis un millénaire ou plus. Les techniques de production fondées sur l’orpaillage, attestées dès le XVIIIème siècle dans l’empire du Mali dont cette région était le cœur, restent inchangées. Des puits individuels traversent la cuirasse pour atteindre les alluvions aurifères sont creusés et exploités en saison sèche. Le minerai, remonté dans des sceaux, est lavé à la batée par les femmes dans des calebasses. Les zones d’exploitation sont attribuées par les « maîtres de l’or », équivalents des « chefs de terre » dans l’agriculture. Commercialisée par les Dioulas, la majeure partie de la production alimente le marché intérieur, et notamment la bijouterie indigène, tandis qu’une fraction achetée par les sociétés de traite est exportée à partir du XXème siècle, entre 50 et 300 kilogrammes par an entre les années 1920 et 1930. Source : (photo) Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Conakry, le Grand Hôtel. - Le Grand Hôtel de Douala, écrit Jean Martret dans son ouvrage Les bâtisseurs de royaumes paru en 1932, « est ouvert par un certain Millet, qui était arrivé en 1917 à Douala après s’être fâché avec son beau frère avec qui il devait exploiter le Grand Hôtel de Conakry. »
  • Conakry, Hôtel du Port et avenue de la Gare, petite vitesse. – La « petite vitesse » désigne le chemin de fer Decauville, dont on voit ici les rails au milieu des rues, qui sillonnait la ville de Conakry, comme celles de beaucoup d’autres capitales coloniales africaines. Les voies Decauville étaient constituées de rails écartés de 60 cm, fixés sur des traverses métalliques. – « Philippe, s’exclama tout à coup Andrée, je ne comprends rien à votre Decauville. Tout à l’heure, j’y voyais passer un train minuscule, puis ce fut un camion chargé de pierres et traîné, à bras, par des Noirs. Maintenant, regardez cette voiture élégante où trône une jeune femme, à demi cachée sous son ombrelle, tandis que son compagnon conduit le cheval. – Notre Decauville, expliqua Dorhez en souriant, n’est pas, comme en France, un égoïste, gardant les rails pour lui tout seul. Ici, ce chemin de fer sur route est mis à la disposition du commerce et même des particuliers, moyennant un droit fixé à un franc par tonne. Chacun fournit son véhicule et son moyen de traction. – Comme à Rufisque, remarqua l’Oncle Guy. – Un franc la tonne, reprit Andrée, alors cette jeune dame... -- ... n’a pas besoin de se peser, rassurez-vous, répliqua Dorthez. Ici les wagonnets de promenade ne payent aucune taxe ». Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Guinée, travaux du chemin de fer, une tranchée dans le roc. – « Au passage, nos voyageurs purent admirer les ponts, les viaducs, les tranchées, travaux remarquables non par leur importance, mais par les difficultés que dut vaincre pour les mener à bien le capitaine Salesses. C’est à ce vaillant pionnier, alors capitaine du génie, plus tard administrateur des colonies, qu’est due cette oeuvre qui lui fait grand honneur. N’a-t-il pas exécuté successivement le tracé primitif, l’avant-projet, le tracé définitif et dirigé d’une main ferme les premier travaux d’exécution ? » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. LibrairieVuibert, 1910.
  • Conakry, l’Hôtel de France. – « Pour atteindre le port, les navires doivent contourner les îles Los et défiler venant du sud entre la cité rouge et verte des « Bauxites du Midi » fixée dans les îles, et le quartier résidentiel de Conakry, bouquet vert d’où jaillissent de puissants buildings de dix à quinze étages, l’hôtel de France et aussi la coupole de la cathédrale avec ses deux tours. […] on y goutte, aussi un peu, le confort de l’hôtel de France, achevé en 1954 et qui  représente au bord de la mer, face aux îles, avec l’immense rotonde ventilée de sa salle à manger, un de ces haut lieux de rencontre où la camaraderie facile des Blancs d’Afrique s’exprime avec aisance et légèreté. » Source : La Guinée Française, Cahiers Charles de Foucauld, Paris, 1957.
  • Conakry, Place du marché. – « Le marché de Conakry, où l’on voyait jadis à peine quelques vieilles femmes ou quelques négrillons vendant des oranges ou des petits tas d’arachides, fait aujourd’hui, pendant la saison de la traite, plus de 25 000 francs d’affaires par jour. Son port [de Conakry] a un mouvement annuel de 40 000 tonnes, représentant une valeur de plus d’un million. Il y a ici plus d’une vingtaine de maisons de commerce de premier ordre. » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Wharf de Conakry. – « Bientôt le paquebot stoppa devant le wharf du Gouvernement. Long de 325 mètres, y compris la jetée en pierre qu’il prolonge, large de dix, ce wharf, commencé en 1896, est bâti en rhônier et en pitchpin  et permet l’accostage des vapeurs de commerce de cinq à six mètres de tirant d’eau. Sur ses bords sont disposés quatre mâts de chafge et deux grues à vapeur de quatre tonnes, pour le service desquelles on doit payer le modeste prix de vingt-cinq centimes par tonne. » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. LibrairieVuibert, 1910.
  • Youkounkoun, pavillon-dispensaire ancien modèle et courant dans toute la Guinée. – « Le budget di Service de Santé, en 1955, s’est élevé à 357 981 000 francs, soit 11,62 % du budget, dont environ 215 millions pour les dépenses du personnel. Ce personnel comprend, à l’heure actuelle, 17 docteurs en médecine, dont 3 Africains, 41 médecins africains, 58 sages-femmes et 306 infirmiers et infirmières. […] Les formations sanitaires  du Territoire se répartissent en six catégories : hôpital, ambulance, gros centres médicaux, centres médicaux de chefs-lieux, dispensaires avec infirmiers, centres ce consultation fixes : elles comprennent au total 1471 lits. » Source (photo et texte) : Collectif, La Guinée Française, Paris, Cahiers Charles de Foucauld, 3ème série, n°44, 1956.
  • Guinée : une bananeraie avant la récolte. Cliché Agence économique des colonies. – La banane de Chine est introduite en Guinée au tout début du XXème siècle, par la société « La Camayenne ». Sa culture se développe modestement, atteignant 500 ha en 1914, à une époque où l’entrée en production des plantations d’hévéas en Extrême-Orient vient de sceller le déclin du caoutchouc guinéen de médiocre qualité. Mais l’essai de la Camayenne n’aboutit pas ; faute de moyens de transport, l’exportation de banane stagne puis périclite durant le premier conflit mondial. Après la guerre,  la production bananière va croître lentement, passant de 114 tonnes en 1920 à 8769 tonnes en 1930. Le réel démarrage survient en pleine crise économique mondiale, et en 1934 la banane représente 5 % en valeur des exportations d’AOF, la Guinée fournissant l’essentiel de la production. Les primes, l’aménagement des infrastructures portuaires et de stockage, et le lancement d’une flotte bananière produisent leurs effets. La culture bananière, qui implique des techniques coûteuses, et notamment  l’usage d’intrants chimiques, est jusqu’à la Seconde Guerre mondiale le fait de planteurs européens et de quelques Libanais. D’autant que le concours de l’administration, indispensable pour obtenir les crédits, les concessions et pour lever l’abondante main-d’œuvre que nécessite cette culture, est réservé aux colons. Ainsi, à la fin des années 1930, la production « indigène » ne représente que le quinzième de la production guinéenne, laquelle satisfait le tiers de la consommation française. La plupart des plantations sont de petites entreprises, et à l’apogée de l’époque bananière en 1958, tandis que la la Guinée produit 98 000 tonnes de bananes, seules 5 sociétés produisent plus 1000 tonnes. Puis, dès l’année suivante, surviennent deux fléaux agronomiques majeurs pour la banane, la cercosporiose et les nématodes, qui vont faire décliner la production. Les traitements mis au point sont trop coûteux pour les producteurs africains qui ont investi le secteur après la Seconde Guerre mondiale, et les rendements à l’hectare passent de 22 à 12 tonnes. A l’époque de son indépendance, la Guinée sort progressivement du cycle de la banane, comme elle était sortie successivement de ceux des esclaves et du caoutchouc, pour entrer dans le cycle de la bauxite.
  • Conakry, vue panoramique au tout début du XXème siècle. – Le développement des centres guinéens se fit au gré des cycles commerciaux successifs, caractérisés par la domination d’un produit d’exportation : esclaves, arachide, caoutchouc, banane et enfin bauxite. L’édification de Conakry fut portée par le cycle du caoutchouc. L’emplacement, choisi pour résidence du commandant du cercle de Dubrékà en 1885, puis chef-lieu des Rivières du Sud et enfin capitale de la Guinée Française en 1893, avait été retenu pour son vide politique et commercial. Cette création ex nihilo permit aux administrateurs et ingénieurs de Travaux Publics de donner libre cours à leurs projets d’urbanisme. Le résultat, mêlant homogénéité des constructions et maîtrise de la végétation, fut si réussi qu’il valut pendant longtemps à la ville le surnom de « perle de la côte occidentale d’Afrique ». Source : Goerg, Odile, La Guinée Conakry dans Rives Coloniales, Paris, éditions Parenthèses et éditions de l’Orstom, 1993.
  • Kankan, avenue de Siguiri. - « Arrivée à la gare de Kankan peu avant midi. Les chefs indigènes, dont un descendant de Samory, viennent nous voir à la gare, drapés, la tête enveloppée de linges blancs, assez semblables à des Flamands du XVème siècle. Dehors, la milice composée d’anciens tirailleurs, khaki et rouge, porte les armes. Alors éclate, comme une bombe sous le soleil, dans la poussière, avec une brusquerie extraordinaire, mon premier tam-tam d’Afrique »(1). « Jusqu’en 1911 l’orientation soudanienne demeura prépondérante : les marchandises d’importation arrivaient de Bamako à Kouroussa (terminus des 400 km du bief navigable supérieur du Niger) et à Kankan (par le Milo). La construction du chemin de fer et celle du réseau routier ont renversé l’orientation traditionnelles des courants d’échange au bénéfice de Conakry et donné à Kankan un nouvel essor » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928 ; (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Cimetière de Youkounkoun. – « Non loin du poste s’alignent dans un enclos rustique les tombes des Français et tirailleurs tués par les Coniaguis lors de la conquête. Autour de chacune d’elles, simplement limitée par des pierres, on a planté les canons des moukalas pris à l’ennemi. La tombe de l’officier est vide. Relevé par les Coniaguis, au cours du combat, son cadavre, trophée sanglant réservé sans doute pour quelque horrible triomphe, ne pu jamais être retrouvé. Ces cimetières lointains nous émeuvent. Car ce sont « nos » morts ; squelettes éparpillés à travers le monde, morts glorieux, morts obscurs ; enfants prodigues qu’on ne revit jamais plus, morts de fatigue, morts de faim, tombés dans des combats, ensanglantés, les bras en croix, massacrés ou morts de fièvre, sans parents pour leur fermer les yeux ; Angevins, Gascons, Normands ou Bretons qui portèrent au loin le nom de leur pays ». Source (photo et texte) : J. Soubrier, Savanes et forêts, éditions J. Susse, Paris, 1944.
  • Kankan, rue du commerce. - « Arrivée à la gare de Kankan peu avant midi. Les chefs indigènes, dont un descendant de Samory, viennent nous voir à la gare, drapés, la tête enveloppée de linges blancs, assez semblables à des Flamands du XVème siècle. Dehors, la milice composée d’anciens tirailleurs, khaki et rouge, porte les armes. Alors éclate, comme une bombe sous le soleil, dans la poussière, avec une brusquerie extraordinaire, mon premier tam-tam d’Afrique »(1). « Jusqu’en 1911 l’orientation soudanienne demeura prépondérante : les marchandises d’importation arrivaient de Bamako à Kouroussa (terminus des 400 km du bief navigable supérieur du Niger) et à Kankan (par le Milo). La construction du chemin de fer et celle du réseau routier ont renversé l’orientation traditionnelles des courants d’échange au bénéfice de Conakry et donné à Kankan un nouvel essor » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928 ; (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970. - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1905. Edmond Fortier avait effectué un voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il semble qu’il soit allé à Kankan par le fleuve, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer, depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan français en 1905.
  • Conakry, concours agricole, caravane venant de Timbo et leur chef. – Dès le début du XXème siècle, l’administration coloniale française s’emploie à développer l’agriculture en Guinée. Pour ce faire, elle créé un droit foncier en 1901 et lance des actions incitatives en direction des notables africains. Les foires agricoles constituent le meilleur moyen pour promouvoir et vulgariser  les techniques, tandis que les concours permettent de récompenser les producteurs méritants. Le premier concours agricole de Conakry a lieu en 1901. Lors du second, en 1902, l’administrateur Noirot, directeur des affaires indigènes, exhorte les producteurs africains à redoubler d’efforts : « Aujourd’hui, le gouverneur réserve sa plus grande considération, non pas aux chefs indigènes qui ont eu une représentation de bravoures dans les combats, mais bien aux chefs qui aideront au plus grand développement des cultures dans leur pays, parce que ceux-là seuls travaillent au bonheur de leur peuple ». Les chefs de canton, à qui s’adresse directement  ce discours, participaient activement aux concours agricoles. Ainsi, le chef de Timbi-Madina vient accompagné d’une suite de deux cents personnes, et celui de Labé est à la tête d’une délégation de plus de mille deux cents personnes. – A lire sur le sujet : Diop, Mustapha, Réformes foncières et gestion des ressources naturelles en Guinée: enjeux de patrimonialité et de propriété dans le Timbi au Fouta Djalon, Paris, Karthala, 2007.
  • Conakry, monument et place des Martyrs, années 1960. – Le 2 octobre 1958, la Guinée accède à l’indépendance, au terme d’un bras de fer politique qui opposa plusieurs années durant, Sékou Touré, bientôt rejoint par la majorité de Guinéens, à l’administration coloniale. En refusant par référendum à 94,4%, le 28 septembre 1958, d’entrer dans la Communauté française, un nouveau cadre supposé donner plus d’autonomie aux colonies, la Guinée rompt de facto avec Paris. Elle devient symbole d’espoir pour les nombreux Africains qui aspirent à s’affranchir de la tutelle coloniale. Mais rapidement, le pouvoir guinéen réduit tout espace de contestation, optant pour le parti unique dès 1959, dissolvant en 1961 le syndicat enseignant, son allié naturel, et embastillant les membres de son bureau. Entre difficultés économiques et complots politiques réels ou supposés, l’expérience guinéenne sombre dans la tragédie d’une dictature implacable. Nombre de Guinéens choisissent l’exil pour échapper à l’arbitraire d’une répression aveugle. Autour du référendum, on peut lire le discours du Général De Gaule à Conakry le 25 août 1958 sur [http://www.intelligentsia-gn.net/DiscoursduGeneraldeGaulle.pdf] et écouter le bulletin d’information de l’ORTF  au lendemain du scrutin sur [http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=Cologne-R%E9publique+f%E9d%E9rale+d'Allemagne&num_notice=4&total_notices=5]
  • Siguiri, vue générale. – « A Siguiri, nous entrons dans la région ravagée, il y a neuf mois, par l’Almany en retraite devant le colonel Archinard ; nous y prenons une première vision de la désolation qui nous précèdera désormais dans tout le Ouassoulou » (1). Ce cliché du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), ne fait pas partie de la collection générale publiée en cartes postales. Elle est forcément postérieure à l’épisode qu’elle illustre dans l’ouvrage du Général Baratier. Celui-ci décrit la campagne de 1891-1892 contre Samory, alors que Fortier ne se rendit qu’à deux reprises en Guinée, en 1902-1903 et en 1905. Elle due être prise lors de ce second voyage qui avait mené le photographe en Haute-Guinée, en passant en passant par le fleuve Niger et son affluent le Milo depuis Bamako à l’occasion d’un périple au Soudan français, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer. Source image et (1) texte : Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Kouroussa, la place du marché. – « Village guinéen à la tombée du jour. Grandeur, majesté antique de l’Afrique. […] Au centre, un fromager géant unit le ciel à la terre. Un autre arbre abattu, couché, est gros comme un éléphant. Les cases, séparées par des nattes de deux mètres de haut, dessinent des rues pleines de chicanes et de tortis » (1). Kouroussa est le point amont extrême de navigation sur le fleuve Niger. La navigation fluviale sur ce tronçon, mais aussi sur son affluent le Milo qui est navigable jusqu’à Kankan, permit des siècles durant la diffusion des produits de Haute Guinée vers le bassin du Moyen-Niger. A partir de 1913, la ligne  de chemin de fer Conakry-Niger reliant la capitale de la colonie à Kankan en passant par Kouroussa, contribue au désenclavement de la région, mais aussi du Soudan français. En 1924,  l’ouverture du tronçon ferroviaire entre Dakar et Kayes, rejoignant la ligne qui allait du fleuve Sénégal au fleuve Niger, et permettant de joindre Bamako à l’océan sans rupture de charge, devait partiellement disqualifier le rôle sous-régional de Kouroussa et Kankan. Source : Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Une noce à la Côte. Le coupé des mariés. – La Guinée maritime était occupée, encore au XIXème siècle, par des populations peu évoluées et peu islamisées. L’influence économique et sociale du commerce maritime européen, remontant pourtant au XVème siècle, était restreinte à quelques clans privilégiés qui contrôlaient les comptoirs et leurs abords. Longtemps, ces derniers contribuèrent au désordre persistant dans la région, en se livrant à de perpétuelles rivalités armées, souvent suscitées par les commerçants européens concurrents. Cette insécurité persistante n’étant pas favorable au commerce conventionnel, c’est principalement la traite d’esclaves qui se développa. Si une grande partie de la population des « Rivières » restait en marge de ce commerce, il émergea néanmoins au XIXème siècle une bourgeoisie fortunée de commerçants et de planteurs esclavagistes, mêlant les descendants métis de traitants américains, portugais ou français à des éléments de la chefferie locale, et vivant matériellement à l’européenne. L’implantation de sociétés commerciales européennes dès le début du XXème siècle, favorisée par l’administration coloniale, devait disqualifier cette élite économique locale, la ramenant au rang de notables. Cette bourgeoisie d’ancienne origine devait renaître en partie, juste après la seconde guerre mondiale, à la faveur du développement de la culture bananière (1). - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1902-1903. Edmond Fortier a en effet effectué deux voyages en Guinée ; l’un en Guinée maritime en 1902 ou 1903 à partir de Conakry, et l’autre en Haute-Guinée, en 1905, en passant par le fleuve Niger et son affluent le Milo depuis Bamako à l’occasion d’un périple au Soudan français, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer. Sources : Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Les bords du Milo à Kankan. – La ville de Kankan en Haute-Guinée est située sur la rive gauche du Milo, le principal affluent de la rive droite du fleuve Niger. Le Milo, qui est navigable à partir de Kankan, permit des siècles durant la diffusion des produits de cette région vers le bassin du Moyen-Niger. La ligne  de chemin de fer Conakry-Niger, achevée en 1913, qui passait par Kouroussa (le point amont extrême de navigation sur le fleuve Niger) et avait Kankan pour terminus, valorisa encore ces axes fluviaux qui permettaient le désenclavement du Soudan occidental en général, et de Bamako en particulier. Cependant la ligne de chemin de fer reliant le fleuve Niger au fleuve Sénégal (entre Kayes et Bamako-Koulikoro) à partir de 1904, puis reliant directement Bamako au port de Dakar à compter de 1924, disqualifia la desserte du Soudan passant par la Haute-Guinée. - Cette image fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1905. Edmond Fortier avait effectué un voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il semble qu’il soit allé à Kankan par le fleuve, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer, depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan français en 1905.
  • Intérieur de village djallonké. - « Enfin nous arrivons à quelques paillotes. Derrière une clôture, on entrevoit une sorte de grande ruche. Pas de fenêtre. La paille s’arrête à deux mètres du sol et le toit se prolonge jusqu’à terre par des branchages. En-dessous, maçonnerie circulaire autour de laquelle je tourne, essayant en vain de trouver l’entrée » (1). « Les Foulahs, de même origine kamitique que les Peulhs, mais plus métissés de nègres, constituent la majeure partie de la population [du Fouta-Djalon]. Ce sont avant tout des pasteurs, inséparables de leurs troupeaux. […] Leur cases rondes, coiffées de chaume, on un toit très épais qui descend près du sol » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.  (2) Soubrier, Jacques, Savanes et Forêts, Paris, J. Susse, 1944.-  Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest. Il effectua deux voyages en Guinée, l’un en 1902-1903, au cours duquel cette photo aurait peu être prise, et l’autre en 1905-1906 en empruntant le fleuve Niger pour se rendre à Kankan.  Il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Conakry, hôtel du Niger. – Cet établissement a été fondé, comme le Grand Hôtel, par un entrepreneur corse dans l’entre deux guerres. Celui-ci, Jean-Babptiste Ferracci, né en 1884 à Sartène, était arrivé en Guinée à l’âge de 19 ans pour y exercer le métier d’agent de commerce. En 1938, son accession à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes consacre sa réussite professionnelle. Egalement investi dans la vie commune et dans la défense de la condition des indigènes, sa popularité le porte en 1936, au second tour de scrutin, au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer. En 1947, il est élu à la seconde Assemblée nationale Constituante, dans le collège des citoyens de Guinée. Il avait reçu l’investiture de la fédération de l’AOF et du Togo de la SFIO, en même temps que Yacine Diallo, lors du le congrès extraordinaire de Dakar le 12 mai 1946. Puis il est également élu, dans le premier collège de Guinée, au Conseil de la République le 13 janvier 1947. Il s’emploie à améliorer la représentation politique des colonies et des départements d’outre-mer. Toujours en 1947, concrétisant un souhait ancien, il se fait élire maire de Sartène, sa ville natale. Il disparaît à Paris fin 1950, en cours de mandat. En 1951, l’entreprise Feracci fils ouvre à Camayenne en périphérie de Conakry et en bordure de mer, « l'Hôtel et le Restaurant Bar de Camayenne », établissement toujours réputé aujourd’hui. L’hôtel du Niger quant à lui existe toujours, mais serait vétuste. – « Voici les allées ombragées de Konakry, célèbres dans toute l’Afrique. Fromagers, manguiers, cocotiers. Plages sablées de roux, récifs noirs, métalliques. Un hôtel neuf et tout à fait confortable ». Source : Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Guinée française, groupe d’indigènes. – « L’administrateur, écrit un témoin, de sa propre initiative ou sur les instructions du chef-lieu, réunit les chefs indigènes, leur vante les bienfaits de telle ou telle culture et leur enjoint de s’y adonner. Il distribue les graines, envoie ses gardes délimiter les champs et contrôler en cours de culture ou à la récolte l’exécution de ses ordres. L’amende, la prison, viennent frapper ceux qui n’ont pas voulu ou pu obéir ». Source : Cosnier, H, L’Ouest africain français, Paris, Larose, 1921.
  • La mosquée de Kankan, vers 1900. Dessin d’époque de Gaston de Burggraff. – Kankan, fondée au XVIIème, est un regroupement de villages partageant des terres avoisinantes et un centre de commerce agricole. C’est aussi un centre religieux ; l’islamisation pourtant ancienne reste longtemps superficielle en Haute Guinée, sauf à Kankan. Samory, qui conquit la ville en 1879, contribua à affermir l’implantation de la religion musulmane en luttant contre les vestiges des cultes traditionnels. La France, en la personne du colonel Archinard, pris Kankan en 1891 et en fit la base arrière des expéditions contre l’Almany (commandeur de croyants, titre de Samory Touré). – « L’histoire dit bien qu’à la suite de la pointe poussée par le colonel Archinard, en 1891, Kankan devint la capitale d’une nouvelle province. En réalité, si ladite capitale n’avait été pourvue d’une solide garnison, le règne de son commandant eut été des plus éphémères. Il n’est pas un jour, où ce poste n’ait eu à échanger des coups de fusil avec les détachements de Samory. Parfois c’étaient les Sofis qui passaient le Milo, l’affluent du Niger sur les bords duquel se dressent les murs de Kankan ; mais le plus souvent l’attaque venait de notre côté ». Source : Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Jeunes gens coniaguis. – « Les Coniaguis, tous armés de l’arc et des flèches, n’ont pour costume qu’une large ceinture de raphia tressé en fines cordelettes, interrompue sur le ventre, et par devant le petit étui de roseau en forme de doigt de gant, l’hyppog, pointu ou carré du bout, selon la mode de chacun. Ils sont admirablement bâtis, avec les hanches étroites et les épaules carrées ; ils se rasent les tempes, ne gardant au sommet du crâne qu’une sorte de cimier. Deux longues tiges de métal pendent à leurs oreilles, effleurant les épaules ; entre la lèvre supérieure et le nez une mince plaquette d’argent, sertie dans la chair, brille par instants. Les traits fins, les yeux en amande et le galbe du corps évoquent les fresques des nécropoles égyptiennes » (1). « Coniagui et Bassari sont les seuls groupes de Guinée à avoir conservé une organisation sociale en clans matrilinéaires. Peuples sans Etat, ne connaissant aucune organisation politique, au-delà du clan ou du village, mais guerriers farouches, ils ont réussi à résister aux attaques des Peuls […] Coniagui et Bassari sont restés réfractaires à l’Islam » (2). Sources : (1)  Soubrier, Jacques, Savanes et Forêts, Paris, J. Susse, 1944. (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970.
  • Comment on voyage en Guinée. Arrivée au campement. Les campements sont des cases que l’on trouve sur les principaux itinéraires tous les 20 kilomètres environ et dans lesquelles on passe la nuit loin des villages. – « Monté dans le hamac, je m’endors et je rêve à Paris, aux parents, aux amis… J’aperçois à mon réveil les dos nus des porteurs, dont les muscles allongés, brillants et souples, tressaillent à chaque pas. La finesse de leurs attaches est surprenante : ces gaillards de deux mètres, musclés comme des centaures, ont des poignets d’enfants ». Source : Soubrier, Jacques, Savanes et Forêts, Paris, J. Susse, 1944. - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1902-1903 ou 1905. Edmond Fortier a en effet effectué deux voyages en Guinée ; l’un en 1902 ou 1903 à partir de Conakry, et l’autre en 1905 en passant par le fleuve Niger et son affluent le Milo depuis Bamako à l’occasion d’un périple au Soudan français, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer.
  • Kankan, le marché. (en 1905). – « Arrivée à la gare de Kankan peu avant midi. Les chefs indigènes, dont un descendant de Samory, viennent nous voir à la gare, drapés, la tête enveloppée de linges blancs, assez semblables à des Flamands du XVème  siècle. Dehors, la milice composée d’anciens tirailleurs, khaki et rouge, porte les armes. Alors éclate, comme une bombe sous le soleil, dans la poussière, avec une brusquerie extraordinaire, mon premier tam-tam d’Afrique »(1). « Jusqu’en 1911 l’orientation soudanienne demeura  prépondérante : les marchandises d’importation arrivaient de Bamako à Kouroussa (terminus des 400 km du bief navigable supérieur du Niger) et à Kankan (par le Milo). La construction du chemin de fer et celle du réseau routier ont renversé l’orientation traditionnelles des courants d’échange au bénéfice de Conakry et donné à Kankan un nouvel essor » (2). Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928 ; (2) Suret-Canale, Jean, La République de Guinée, Paris, Editions Sociales, 1970. - Cette carte fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique non loin du marché Kermel, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Cette photo doit dater de 1905. Edmond Fortier avait effectué un voyage en Guinée en 1902 ou 1903, mais il semble qu’il soit allé à Kankan par le fleuve, comme cela se faisait avant l’arrivée du chemin de fer, depuis Bamako, à l’occasion d’un périple au Soudan français en 1905.
  • Conakry, route et hôtel du Niger. – Cet établissement a été fondé, comme le Grand Hôtel, par un entrepreneur corse dans l’entre deux guerres. Celui-ci, Jean-Babptiste Ferracci, né en 1884 à Sartène, était arrivé en Guinée à l’âge de 19 ans pour y exercer le métier d’agent de commerce. En 1938, son accession à la direction de l'Office guinéen des caoutchoucs et des palmistes consacre sa réussite professionnelle. Egalement investi dans la vie commune et dans la défense de la condition des indigènes, sa popularité le porte en 1936, au second tour de scrutin, au Conseil supérieur de la France d'Outre-mer. En 1947, il est élu à la seconde Assemblée nationale Constituante, dans le collège des citoyens de Guinée. Il avait reçu l’investiture de la fédération de l’AOF et du Togo de la SFIO, en même temps que Yacine Diallo, lors du le congrès extraordinaire de Dakar le 12 mai 1946. Puis il est également élu, dans le premier collège de Guinée, au Conseil de la République le 13 janvier 1947. Il s’emploie à améliorer la représentation politique des colonies et des départements d’outre-mer. Toujours en 1947, concrétisant un souhait ancien, il se fait élire maire de Sartène, sa ville natale. Il disparaît à Paris fin 1950, en cours de mandat. En 1951, l’entreprise  Feracci fils ouvre a Camayenne en périphérie de Conakry et en bordure de mer, « l'Hôtel et le Restaurant Bar de Camayenne », établissement toujours réputé aujourd’hui. L’hôtel du Niger quant à lui existe toujours, mais serait vétuste.
  • Mission catholique de Youkounkoun. - « La cloche que le père  Martinière a fait acheminer par porteur à travers les montagnes du Fouta se détache sur le ciel dans la fourche d’un immense fromager.[…] dimanche, à la messe, tôt dite, car dès la montée du soleil, le prêtre, même à travers les tôles du toit, risquerait une insolation, des négrillons nus comme des vers garnissent les bancs de bois, après avoir quitté sur le seuil l’arc de bambous et le carquois en peau de chat-tigre. […] Le Père Martinière dit l’évangile en Coniagui, tout missionnaire étant obligé de savoir la langue de ses ouailles et même de prononcer dans le dialecte indigène le sermon de Pâques qui suit son arrivée au pays de la Mission. » Source image et texte : Soubrier, Jacques, Savanes et forêts, Paris, Les écrivains français, 1944
  • Kindia, le marché vers 1900. – Chef-lieu du cercle du même nom, la ville de Kindia est caractérisée par « une grande rue principale allant de la Résidence [du commandant de cercle] à la gare [ligne Conakry-Kankan], en passant par la place du marché… […] La population, en dehors de l’élément fonctionnaire et militaire, comprend essentiellement les planteurs et les commerçants. » source Guid’AOF, Dakar, 1948.
  • CFKN, la station de la Tamba. - Le CFKN serait en fait le
  • Le personnel de la mission Salesse (1895-1896) – Cette mission, organisée sous l’égide de la Société de géographie, est chargée de reconnaître et tracer la route reliant Conakry au Niger.
  • Conakry, débarcadère officiel et compagnie française
  • Conakry, le phare du dragonnier indiquant la passe de Conakry
  • Conakry, rade de Boulbinet
  • Conakry, la Mairie
  • Conakry, rue commerciale - Carte postée en 1908
  • Conakry, l'hôtel du Niger
  • Vue de Conakry
  • Conakry, Place du Gouvernement
  • Conakry, marché de Timbo
  • Conakry, entrée
  • Conakry, plage de Camayenne
  • Conakry, monument Ballay
  • Conakry, rade sur la corniche
  • Conakry, place du Gouvernement
  • Conakry
  • Conakry, vue sur la rade
  • Conakry, un coin sur la corniche, le soir
  • Une route en Guinée Française
  • Guinée Française, femme soussou en toilette
  • Conakry, l'hôpital
  • Conakry, bassin du Chateau d'eau
  • Conakry, bassin du Chateau d'eau
  • Conakry, le wharf, Voilier en débarquement  - Le port de Conakry bénéficie, en 1948, de 661 mètres de quais, soit 300 m. de quais par tirant d'eau de 8 m. ou plus, 155 m. de 6,5 m. à 8 m. et 206 m. à moins de 6,5 m. En outre, le port dispose de 4400 m. de voies ferrées, d'une cale de halage de 400 tonnes et de 3 cales pour petites embarcations, de 9 hangars à marchandises couvrant 8430 m2. Il possède 2 remorqueurs, 9 chaloupes et 8 chalands. Les phares et balises sont Tamara, Boulbinet et les feux du port. En 1945, le trafic est 2313 navires jaugeant 228 779 tonnes, 3125 passagers, 47 500 tonnes importées et 26 386 tonnes exportées. Guid'AOF, éditions Agence de Distribution de Presse et Agence Havas AOF, Dakar, 1948
  • Exploitation agricole en Guinée Française
  • Conakry, Palais de Justice
  • Conakry, le mouvement du wharf
  • Kindia, Hôtel de France
  • Balanldougou, lavoir sur les bords du Niger - Carte écrite et postée le 05.09.1912 - Il doit s'agir d'un des Balandougou du cercle de Siguiri
  • Conakry, un coin de la corniche et du port
  • Kouroussa, le débarcadère
  • Conakry, avenue du Commerce
  • Conakry, avenue du Commerce
  • Conakry, le Temple Protestant
  • Conakry, Eglise Sainte Marie.
  • Conakry, place du Gouvernement
  • Conakry, entrée de la rade
  • Conakry, un coin du jardin public et le chateau d'eau
  • Conakry, Hôtel du port et Avenue de la Gare
  • Kouroussa, la place du marché
  • Conakry, la grande jetée à l'arrivée du courrier
  • Guinée Française, pont de Doukéa - Chemin de fer Konakry-Niger.
  • Le roi Alpha Yaya et sa suite - fin XIX ème - début XX ème siècle  - Ce roi de Labé, devenu menaçant pour le colonisateur français dont il avait été un fidèle allié dans un premier temps, fut destituté et déporté. Aimé Olivier (comte de Sanderval au titre portugais), aventurier français qui tenta de coloniser à titre privé le Fouta Djalon à la fin du XIX ème siècle, dresse de lui un portrait sévère dans son ouvrage La Conquête du Fouta-Djallon publié en 1899 :
  • Haute Guinée, chasseurs d'éléphants
  • Haute Guinée, Noble dame indigène
  • AOF, village au bord d'une rivière
  • AOF, bord du marigot
  • Konakry, le bureau de poste
  • Kindia, le quartier européen
  • Soudan - Ecole des enfants de troupe des Tirailleurs indignées.  – Cette image illustre l’initiative de l’armée française pour former des cadres locaux au début de l’époque coloniale en Afrique occidentale. Elle semble mise en scène, tant les élèves sont peu nombreux, d’âge très varié et les installations inexistantes ; ça ne ressemble pas vraiment à une école structurée et très fonctionnelle. D’ailleurs le cliché est signé du photographe dakarois Edmond Fortier, fin connaisseur des scènes animées. On a peut être choisi symboliquement la première école militaire fondée sur au Soudan français en 1884 –alors Haut-Sénégal-, au poste militaire de Kita, non loin de Kayes… De fait dès la création du corps des tirailleurs sénégalais en 1857, le Général Faidherbe, son promoteur, entend utiliser l’éducation pour renforcer l’attachement des élites locales au projet colonial et pour constituer un encadrement africain intermédiaire lettré. Ainsi, les enfants des chefs traditionnels sont accueillis sur les bancs d’établissements dédiés – à Saint-Louis, à Bingerville- puis le dispositif est étendu aux enfants de tirailleurs. Mais en réalité il reste longtemps confidentiel, circonscrit à une infime fraction de la population générale et même de celles des enfants de tirailleurs et de chefs. Il faut attendre l’après seconde guerre mondiale pour voir l’effort éducatif –militaire comme civil- significativement renforcé en AOF. Des écoles de troupe, des prytanées sont crées dans la région, dont la plupart fonctionnent encore, même si le but initial de former les futurs militaires gradés de l’armée semble parfois perdu de vue. L’image d’une entreprise coloniale civilisatrice, celle-là même portée par l’emblématique ministre de l’éducation de IIIe République Jules Ferry, doit être cependant évalué à l’aune de ces résultats : à l’indépendance des principaux pays d’Afrique de l’Ouest, moins de 4 % de la population était alphabétisé, et les armées resteront encore longtemps encadrées par des coopérants militaires français.
  • Types de Femmes Malinkées, Toucouleurs et Bambaras. Entre intérêt ethnographique, réelle curiosité de l’autre et gout pour l’exotisme, les photos de « types », et les cartes postales qui les popularisent, sont en vogue dès la fin du XIXème  siècle. Véritable inventaire de l’altérité, elles prétendent recenser par l’image toutes les physionomies, toutes les coutumes vestimentaires et capillaires des peuples colonisées. L’engouement pour ces clichés va de pair avec l’enthousiasme suscité dans l’opinion publique par la conquête de nouveaux territoires, par l’extension de l’empire national sous d’autres latitudes. Dans ces séries photographiques, qui représentent aussi bien hommes, femmes, enfants, groupes ou familles, les clichés de « beautés exotiques » ont une place particulière. Ils portent la part de rêve des Français pour des jeunes filles agréables à voir, joyeuses et aux mœurs supposées plus légères que celles des femmes françaises. L’alibi ethnographique permet d’ailleurs de représenter des corps féminins dénudés, dans une époque encore très pudibonde en Europe. -  Cette carte postale fait partie de l’importante collection due au photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), qui tenait boutique rue Dagorne, une des voies transversales coupant la rue des Essarts au niveau du marché Kermel. Il a du prendre ce cliché à l’occasion du voyage qu’il fit au Soudan français entre 1905 et 1906.
  • Bamako, Le Lido, hôtel-restaurant-piscine. – Haut-lieu de loisirs pour le tout-Bamako européen, l’établissement voit le jour à la toute fin des années 1930. Il est fondé et bâti ex nihilo par Robert de Livry, l’un des deux fils de la famille qui exploite alors l’hôtel Le Normandie en centre-ville. Un peu à l’écart de la capitale, à 7 km sur la route de Kati, il devient vite une attraction incontournable grâce à sa piscine et à son lac artificiel où l’on pratique le ski nautique. Les activités de l’entreprise vont se diversifier dans les années 1950, avec l’exploitation d’une source naturelle sur le site, pour produire des boissons gazeuses sous la marque Crush. Il n’y avait aucun lien initial entre cet établissement de Bamako et son homonyme perché sur la corniche à Dakar, mais un mariage entre les enfants des deux familles – à la génération suivant celle du fondateur - vint en créer par la suite.  L’aventure prend fin au début des années 1990, peu après la session de l’affaire à un entrepreneur local, quand les installations sont pillées et incendiées en marge des troubles politiques de 1991. Sources : Philippe, Sébastien, Une histoire de Bamako, Brinon sur Sauldre, éditons Grandvaux, 2009.
  • Kayes, rue Paul-Holle. – Comme souvent dans les cités coloniales, et particulièrement dans les villes de garnisons comme Kayes, les figures de la conquête, militaires et explorateurs, servent à nommer les lieux. Difficile de compter les rues, les places ou les monuments inspirés par Faidherbe à cette époque dans l’espace sahélo-soudanien, où il fut tour à tour chef de guerre, gouverneur, bâtisseur et même fondateur du fameux corps des tirailleurs sénégalais. Avec cette avenue Paul-Holle, Kayes célèbre un personnage moins connu de l’histoire coloniale mais un enfant du pays. Il est en effet né à Saint-Louis du Sénégal en 1807, fils d’une signare – femmes métis régnant sur l’économie de la ville - et d’un commerçant français. Engagé dans l’armée française, il est en poste à Bakel et à Saldé sur le fleuve Sénégal mais aussi  sur son affluent la Falémé, à Senoudebou. Témoignage de l’intérêt qu’il porte à sa région, il publie en 1855, avec un co-auteur, un ouvrage de référence :
  • Avion survolant Gao. – A l’heure où chasseurs bombardiers partis de France et hélicoptères appuyant les troupes au sol sillonnent le ciel du nord Mali, il est intéressant de se souvenir de la présence ancienne des aviateurs français dans cette région. En effet, c’est à Gao que fut déployée en 1931 la 3ème escadrille de l’AOF -la première escadrille avait vu le jour à Thiès au Sénégal en 1924 et la seconde à Bamako en 1929. Ces unités étaient chacune composées de neuf appareils de type Potez 25 TOE (théâtre d’opération extérieure) sur leur base principale et de trois autres Potez 25 ou 29 sur leur base secondaire (celle de Gao étant située à Agadès). Le but de ces forces aériennes implantées sous les tropiques est la surveillance du territoire et l’appui aux troupes et aux groupes supplétifs en cas d’engagement. Elles effectuent également des missions postales, ainsi la 3ème escadrille va durablement assurer la liaison courrier entre Gao et Kano au Nigéria à partir de 1933. En outre, pour la troisième escadrille, qui est basée sur des espaces limitrophes de la Lybie,  il s’agit aussi de rappeler aux Italiens la souveraineté active de la France en « montrant ses cocardes » aux confins du Sahara. Pour insigne, qui sera peint sur le fuselage de ses avions, l’escadrille de Gao choisit l’image d’un guerrier touareg. Elle sera finalement dissoute en 1940. Sources : Richemond, S. « La troisième escadrille dans le ciel de Gao » dans Images et Mémoires n°31 et Carlier, Marc, La drôle de guerre au Sahara. Confins nigériens 1938-1940, ed. Karthala, Paris, 2006.
  • Tombouctou, la mosquée de Sankore au nord de la ville, construite vers le XIe siècle. – Le vénérable édifice, ici immortalisé par le photographe dakarois Edmond Fortier en visite au Soudan en 1905, fait partie du patrimoine récemment profané à Tombouctou par les salafistes d’Ansar Dine. Centre de savoir, cette mosquée abritait naguère une prestigieuse université, dont la fondation est contemporaine de celles d’Oxford et de la Sorbonne. Les nouveaux maîtres de la ville, proches d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, ont notamment brisé les portes de la mosquée Sidi Yahia, transgressant ainsi une croyance locale selon laquelle le bon œil veillera sur la ville tant qu’elles resteront closes. Cette effraction et la destruction de 7 des 16 mausolées de saints locaux –la ville adore 333 saints !- ont une portée symbolique et politique puissantes. Aux yeux du monde et de l’Occident, elles associent l’action de ces jihadistes sahéliens à celle des Talibans d’Afghanistan, responsables en leur temps du dynamitage des célèbres statues de Bouddha de Bâmiyân. Pour les habitants, elles défient la pratique locale de la religion, un islam soufi confrérique basé sur la vénération de figures sacrées et l’allégeance aux savants. Ce faisant, elles constituent une sorte de coup d’Etat social, remettant en cause le pouvoir des élites érudites locales liées aux confréries musulmanes, particulièrement les Kountas.
  • Tombouctou, groupe de Touareg. « Tombouctou s’éveille. Et pendant que les marabouts, devant le soleil levant, rappellent au peuple prosterné la grandeur d’Allah, sur le fort Bonnier monte le drapeau de la France. A ce moment, une compagnie de tirailleurs et deux pelotons de spahis sortent de la ville […] Combien reviendront de ceux qui partent ainsi à la recherche du rezzou de Touaregs signalé dans l’Est, au bord du Niger ? Les Touaregs ! guerriers légendaires, invisibles et toujours présents, survenant au galop de leurs chevaux ou de leurs méharas, tels une trombe de sable soulevée par le vent, ouragan qui passe, renverse tout et s’évanouit à l’horizon en fumée. Les Touaregs ! hommes voilés du désert, dont le litham (voile noir qui couvre le visage des Touaregs et ne laisse voir que les yeux et le nez) ajoute un mystère à celui de leur retraite » (1). Ce cliché, pris par le photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) doit dater de 1905, époque à laquelle il se rendit au Soudan et ne put, comme tous les voyageurs européens, couper à la visite de cette ville mythique aux portes du désert. Le journaliste Albert Londres, qui fit un périple en Afrique de l’Ouest en 1928 et s’y rendit à cette occasion, note pour sa part que les Européens de la colonie déconsidèrent ostensiblement cette étape ultime au nord de l’Afrique subsaharienne. « Un pèlerin qui monte à Tombouctou perd de sa valeur, à leurs yeux. Il passe pour un poète » (2).  Sources : (1) Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908. (2) Londres, Albert, Terre d’ébène, Paris, Albin Michel, 1929.
  • Kati, Cercle des officiers. – Le village de Kati, à une douzaine de kilomètres de Bamako, est choisi par le lieutenant-gouverneur de Trentinian en février 1896 pour installer le camp militaire. Le lieu, qui aurait porté des forêts verdoyantes par le passé, est réputé pour sa salubrité.  Les différents services de l’armée y sont progressivement regroupés. Une ambulance – infirmerie militaire – est mise en place. La garnison de Kayes, le 2ème régiment de tirailleurs sénégalais, vient s’installer à Kati en 1898. Le village, où vivent de nombreuses familles de ces militaires venus des quatre coins de l’AOF et engagés sur des terrains lointains, prend de l’ampleur. Il devient une ville animée et bigarrée de toutes les cultures du sous-continent, et un marché assez important, où convergent commerçants et artisans. Kati conserve de nos jours sa vocation militaire et abrite actuellement le camp Soundiata Keita (du nom d’un fameux héro de l’épopée mandingue qui vécut au XIIIème siècle) et un prytanée destiné à la formation secondaire des enfants de militaires maliens et ouest-africains. – Le Général Gouraud, figure de la conquête coloniale, raconte ainsi une visite à Kati au tout début du XXème siècle : « Le 29 [janvier 1903], Bamako […] Une voiture légère attelée de mules nous emmène rapidement le lendemain à Kati, à travers un joli paysage, un peu bouleversé, cependant point trop gâté par les tranchées et déblais du chemin de fer. Kati est devenu un gros centre militaire, administratif et médical. Nous sommes les hôtes du colonel Ebener, commandant le 2è sénégalais » (1). Sources : (1) Gouraud, Général, Zinder, Tchad - Souvenirs d'un Africain, Paris, Plon, 1944.
  • Bamako, le départ du bac. - La capitale du Soudan, quoique érigée au bord du fleuve Niger, ne reçoit son premier pont qu'en 1947 - le second est bâti durant le funeste régime du président Moussa Traoré (1968-1991) et le troisième, financé par la Chine, es en cours d'édification depuis 2009. Le bac sur le fleuve resta fonctionner bien après la mise en service du premier édifice. Le journal local L'Essor, dans sa livraison du 8 février 1960, révèle les statistiques de passages du bac entre le 18 juillet et le 1er décembre 1959. Dans cette période, 320 000 passagers, 15 000 vélos, 2000 charrettes, 5000 voitures, 1500 camionnettes, 5000 camions, dont 3000 véhicules lourds et légers appartenant à l'administration, l'armée, la gendarmerie ou la police ont emprunté le bac, à raison de 145 véhicules et 2400 voyageurs par jour.
  • Bamako, l’orphelinat des métisses. – Situé sur l’actuelle place de la Liberté, l’établissement accueille les petites métisses depuis 1912. Les  petits métis, quant à eux, sont hébergés à l’orphelinat de Kayes, jusqu’à leur transfert dans la capitale, peu avant la seconde guerre mondiale. La construction de deux nouveaux bâtiments dans des quartiers distincts pour séparer filles et garçons, envisagée un temps, est finalement abandonnée avec le début des hostilités. Les petits garçons rejoindront donc finalement les filles dans l’ancien bâtiment. L’institution continuera d’accueillir ces enfants encombrants pour leurs deux communautés d’origine jusqu’à l’indépendance. Aujourd’hui, l’édifice abrite le ministère de l’Education nationale (1). – Albert Londres décrit en ces termes le sort peu enviable des métis au Soudan français au début du XXème siècle : « Les métis ! Les mulots ! Les tout-petits tètent leur négresse de mère. Le père est là ou n’y est pas. C’est un fonctionnaire, un commerçant ou un officier ; c’est un passant. S’il est là, ce ne sera pas pour longtemps. S’il est absent, ce sera sans doute pour toujours. L’enfant grandira dans la case, la maman nègre étant retournée chez les parents. Le reste du village le regardera comme un paria, se demandant pourquoi ce tète-lait mangera plus tard leur mil. Aucune raison sociale n’interviendra dans ce jugement sommaire. […] La maman se remariera avec un Mandingue. Ses petits frères, eux, auront une race, une famille, une patrie : ils seront noirs. Le mulot sera mulot. Il n’aura pas de nom, pas de base, pas de sol à lui pour poser ses pieds. […] Ils sont comme ces bateaux-jouets qui voguent dans les bassins municipaux. Dès qu’ils approchent du bord, un bâton les repousse ; quand ils gagnent le centre, un jet d’eau les inonde. Il en coule des quantités. Les survivants demeurent déteints. Sans nom, ces demi-sang sont les fils des saints de la religion catholique. La République ne les laisse pas dans la brousse. Non ! Quand ils ont sept ans, on les arrache à la calebasse maternelle. On les réuni dans les centres à l’école des métis. Ils constituent la plus étrange catégorie d’orphelins : les orphelins avec père et mère » (2). Sources : (1) Philippe, Sébastien, Une histoire de Bamako, Brinon sur Sauldre, éditons Grandvaux, 2009. (2) Londres, Albert, Terre d’ébène, Paris, Albin Michel, 1929.
  • Le Niger, pirogues [au] retour de la pêche. - Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, les Européens se firent une idée erronée du Niger dont l’existence était mentionnée depuis l’antiquité par Pline l’Ancien (23-79). La plupart de leurs connaissances géographiques sur le continent africain reposaient, il est vrai, sur les écrits d’auteurs arabes dont le géographe Idrissi (XIIème siècle), qui n’avait jamais mis les pieds en Afrique, et le voyageur Léon l’Africain (XVIème siècle), qui décrivait plus de choses qu’il n’avait pu en voir. De fait, les occidentaux pensèrent longtemps que le fleuve prenait sa source dans le lac du Bornou, actuel Tchad, et courait vers l’ouest. Ils croyaient également qu’il aboutissait dans l’Atlantique par un immense delta pourvu de quatre branches, le Sénégal, la Gambie, le Rio Gacheo et le Rio Grande… Il fallut attendre le géographe français d’Anville, en 1749, pour imaginer que le fleuve Sénégal et le Niger étaient deux cours d’eau distincts et que le second coulait vers l’est. Et c’est l’explorateur écossais Mungo Park qui le vérifia sur le terrain en 1796, vers Ségou dans l’actuel Mali. Plus tard, la lutte pour le contrôle de cette voie navigable de l’intérieur du continent opposa colonisateurs français et britanniques. Les premiers parvinrent à tenir les sources, le delta central soudanien et le cours moyen mais se firent finalement ravir le cours inférieur par les seconds. Pour les occupants ancestraux de ces régions, le Niger est tout à la fois une véritable mer intérieure poissonneuse, un formidable couloir de communication et de commerce et la source de l’eau et du limon propices à une vaste zone fertile aux frontières du désert. - Cette carte postale fait partie du travail d’Edmond Fortier (1862-1928), photographe et éditeur établi à Dakar. Elle doit dater de fin 1905, époque à laquelle il fit un voyage au Soudan.
  • Tam-tam à Bamako. – « Deux jours de repos à Bamako, tandis que nous organisons la caravane qui doit nous emmener vert Tombouctou. […] Ce soir, encore un tam-tam : groupe d’une centaine de danseurs et d’un nombre à peu près égal de figurants. C’est une belle mascarade. Le chef des griots porte un peplum bleu-noir et est coiffé d’un casque doré de lancier Second Empire, à cimier de crin. Les vieilles femmes, comme toujours, sont  déchainées ; elles portent les couleurs les plus voyantes et ne le cèdent à personne en lascivité. La grande vedette remue furieusement le derrière ; un homme se détache du groupe, et pour mettre ce spectacle en valeur, pose une main au bon endroit ; on voit ses doigts noirs se détacher sur la jupe blanche de la danseuse. Pendant ce temps les tambours lâchent des pétarades d’obusiers qui font trembler le palais. Les femmes poussent des cris de tête, les balafons de bois sonore laissent couler des gammes sur leurs deux octaves, et les clochettes de fer attachées aux chevilles font un bruit de rideau métallique. Les acteurs se passent un seau de zinc plein d’eau, à même lequel ils boivent, sans interrompre leur action. Ils s’avancent et profèrent d’un air féroce des paroles hurlées, qu’on nous affirme encore être nos louanges et celles des parents qui nous ont conçus ; les chefs commentent cette récitation héroïque par des exclamations parlées qui en soulignent le sens, comme les méthodistes américains accompagnent d’aboiements les discours de leur ministre ; c’est tout à fait le shouting des nègres baptistes. Le proverbe guinéen dit : Les griots chantent seulement les louanges des vivants » (1). Cette carte postale fait partie du travail d’Edmond Fortier (1862-1928), photographe et éditeur établis à Dakar. Elle doit dater de fin 1905, époque à laquelle il fit un voyage au Soudan.  Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Boucle du Niger. Comptage des kawris dans un poste – Les kawris sont de petits coquillages servant de monnaie au Soudan (valeur moyenne 1 franc le mille). - Initialement utilisés comme monnaie par les populations des îles du continent indien (3000 ans avant JC), les kawris (ou cauris) sont introduits en Afrique noire entre le IXème et Xème siècle par le biais du commerce arabe transsaharien. Ils sont ensuite largement utilisés par les navigateurs portugais et espagnols dans les échanges avec le continent africain, et notamment pour la traite négrière. Pour la seule décennie qui va de 1850 à 1860, 35 000 tonnes de cauris auraient été importées en Afrique pour acquérir de l’huile de palme et des esclaves. Les types de coquillage et leur parité marchande varient selon les régions. Les cauris (Cypraea annulus, Cypraea moneta, Cypraea caurica, Cypraea onyx, Cypraea argus et Cypraea eglantina) ont cours. Les marginelles (Marginella persicula et Marginella cingulata) sont répandues au Soudan. Les olives (Olivella nana) sont utilisées au Congo. Dans les colonies françaises, la parité fluctuera, s’établissant un temps à 1000 cauris pour 1 francs, et jusqu’en 1907 les impôts peuvent être payés en coquillages au Soudan et au Dahomey, à raison de 20 000 cauris pour 7 francs. Par la suite les lois devaient interdire l’emploi des coquillages comme monnaie. Ils restèrent néanmoins utilisés dans des transactionslocales informelles, et au Niger à la fin des années 1940, on estimait à 70 000 cauris la dot due à la famille d’une épouse. Cette carte postale fait partie du travail d’Edmond Fortier (1862-1928), photographe et éditeur établis à Dakar. Elle doit dater de fin 1905, époque à laquelle il fit un voyage au Soudan.
  • Sikasso, la Résidence. – « Au coucher du soleil, nous atteignons Sikasso où nous sommes accueillis à coups de fusil, avec des cavalcades et des tams-tams. La population indigène, prévenue, nous fait fête. Elle nous accompagne en chantant, dansant et gesticulant jusqu’à la Résidence qui domine la ville. Là, les clairons sonnent, la petite garnison présente les armes. […] Après le dîner, un peu de fraîcheur vint sur la terrasse de la Résidence. De haut, nous apercevions les feux des cases dans la ville indigène et les lumières mouvantes du tam-tam dans les bois ». Sources : Bordeaux, H., Nos Indes noires, Paris, éditions Plon, 1936.
  • Chemin de fer de Kayes au Niger, voyageurs de 4ème classe. - « Nous partons le 10  [février 1901, de Bamako vers Kayes] par le chemin de fer, occupant le dernier wagon, avec une sorte de balcon d’où je peux retrouver tous les souvenirs épars de ce paysage : c’est la neuvième fois que je fais cette route. » (1). – Assez tôt, les autorités coloniales envisagent de relier, par un chemin de fer, le fleuve Sénégal, principale voie de pénétration dans cette partie du continent, au fleuve Niger, voie essentielle de circulation dans le Sahel. Les premières études ont lieu en 1880, alors même que toute la région n’est pas sous contrôle français. La ligne devra aller de Kayes, sur le fleuve Sénégal, jusqu’à Koulikoro, sur le Niger, et les travaux débutent dès 1881, mais au ralenti tant la main d’œuvre locale et l’encadrement européen sont défaillants. L’avancée est très lente, et en 1884, seuls 53 km ont été couverts alors que l’entreprise a d’ores et déjà englouti des sommes exorbitantes ; la construction sera finalement confiée au Génie militaire. Le premier tronçon, allant de Kayes à Bafoulabé est inauguré le 1er janvier 1894. La construction du reste de la ligne, joignant le fleuve Niger, durera encore jusqu’en 1904, et nécessitera des efforts importants, comme l’édification d’un viaduc de 400 mètres à Mahina. Ce réseau est connecté en 1924 à celui du Sénégal, permettant le transport sans rupture de charge du port maritime de Dakar au port fluvial de Bamako. Sources : (1) Gouraud, Général, Zinder, Tchad - Souvenirs d'un Africain, Paris, Plon, 1944.
  • Bamako, la rue Gilium. - Cette artère, devenue de nos jours avenue de la Nation, doit son nom à un naturaliste (en réalité orthographié « Gillium » avec deux « L ») venu à Bamako à l'époque du lieutenant-gouverneur Trentinian (1895-1899).Actif et entreprenant, il fit des essais de culture du blé sur les bords du fleuve Niger, à Bamako, avec des semis venus de Goundam. Il fut également à l'origine, en association avec  deux autres jeunes hommes nommés Pillet et Colas,  de la première société commerciale française de la place, devenue ensuite la Compagnie Niger-Soudan. Il devait mourir prématurément, en 1899, et repose depuis au cimetière de Bamako.
  • Descente du bac à Bamako, photo d'amateur. - La capitale du Soudan, quoique érigée au bord du fleuve Niger, ne reçoit son premier pont qu'en 1947 - le second est bâti durant le funeste régime du président Moussa Traoré (1968-1991) et le troisième, financé par la Chine, es en cours d'édification depuis 2009. Le bac sur le fleuve resta fonctionner bien après la mise en service du premier édifice. Le journal local L'Essor, dans sa livraison du 8 février 1960, révèle les statistiques de passages du bac entre le 18 juillet et le 1er décembre 1959. Dans cette période, 320 000 passagers, 15 000 vélos, 2000 charrettes, 5000 voitures, 1500 camionnettes, 5000 camions, dont 3000 véhicules lourds et légers  appartenant à l'administration, l'armée, la gendarmerie ou la police ont emprunté le bac, à raison de 145 véhicules et 2400 voyageurs par jour.
  • Koulikoro, le Niger de la terrasse du Buffet. – Situé sur le fleuve, à une soixantaine de kilomètres de Bamako et en aval de tout rapide, Koulikoro est le port d’où part la ligne fluviale vers Gao. Les vapeurs « Bonnier », « Gallieni » et « Mage » de la société Messafric assurent un service hebdomadaire de décembre à avril. Entre Koulidoro et Gao, ils desservent Ségou, Markala, Sama, Macina, Diafarabé, Mopti, Aka, Niafunké, Diré, Kabara (le port de Tombouctou), Rharous, Bemba et Bourem. Le départ de Koulikoro a lieu le jeudi à 12 heures, et l’arrivée à Gao le jeudi suivant à 13 heures, soit 8 jours de navigation. Dans le sens inverse, le départ de Gao se fait le vendredi à 11 heures et l’arrivée à Koulikoro 12 jours plus tard, le mardi à 9 heures. Aux basses eaux, le service par vapeur n’est assuré qu’entre Koulikoro et Kabara/Mopti. Le reste de la ligne est assuré par des pirogues. La ligne de chemin de fer, qui joint Kayes sur le fleuve Sénégal à Bamako depuis 1904, s’étend jusqu’à Koulikoro créant une jonction terrestre entre les deux fleuves.
  • Boucle du Niger. Comptage des Kauris dans un poste. Les Kauris sont de petits coquillages servant de monnaie au Soudan (valeur moyenne, 1 franc le mille). – Le Soudan est, avec le Dahomey, le dernier territoire où le colonisateur français autorisa le paiement des impôts en coquillages, jusqu’en 1907. La parité qui avait longtemps fluctué dans les colonies françaises autour de 1000 coquillages pour 1 franc, s’établissait alors à 20 000 cauris pour 7 francs. Par la suite, les lois devaient interdire l’emploi monétaire des coquillages. Ils restèrent néanmoins tardivement utilisés pour des transactions locales informelles. Ainsi on estimait à 70 000 cauris la dot due à la famille d’une épouse, au Niger à la fin des années 1940. Les Kauris ou cauris auraient été introduits en Afrique noire entre le IXème et Xème siècle par le biais du commerce arabe transsaharien. Ces coquillages des mers chaudes étaient utilisés comme monnaie dans les îles du continent indien depuis 3000 ans avant JC. Les échanges avec les navigateurs portugais et espagnols, et notamment  la traite négrière, ont contribué à les diffuser largement sur le continent noir.  Dans la seule décennie qui va de 1850 à 1860, 35 000 tonnes de cauris auraient été importées en Afrique pour acquérir de l’huile de palme et des esclaves. Les types de coquillage et leur parité marchande varièrent selon les régions et les époques. Outre les cauris (Cypraea annulus, Cypraea moneta, Cypraea caurica, Cypraea onyx, Cypraea argus et Cypraea eglantina), les marginelles (Marginella persicula et Marginella cingulata) eurent cours au Soudan et les olives (Olivella nana) au Congo. - Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade, juste à proximité du marché Kermel de Dakar.
  • Macina, danse des habitants des cavernes. – Il s’agit vraisemblablement de Macina en tant que région, correspondant au royaume peul du XIX ème siècle, qui s’étendait de Tombouctou à Mopti et du Mossi à la Mauritanie. Quant aux habitants des cavernes, il doit s’agir des Habé, ou Habbé, désignation ancienne des Dogon de la région de Bandiagara. « Les Habés ont de curieuses danses. Les femmes n’y sont pas admises, de qui révèle leur caractère sacré. Les danseurs, au nombre de trente, forment un cercle. Ils sont nus, avec des rondelles de crins de cheval, d’une splendide couleur vieux-rose, autour de la taille, des poignets, des coudes et des chevilles ; ils sont coiffés d’une cagoule surmontée d’un cimier en coquillages blancs, cousus, dessinant des yeux ronds et vides. Leur danse est conduite par un meneur coiffé d’un masque d’oiseau, avec un long bec dentelé en scie, blanc et rouge ; l’homme emplumé ne cesse de déployer ses ailes, de siffler, simulacre d’un vrai oiseau qui gâte ici les récolte ; aussi ses danses sont-elles faites à une bonne distance des champs de mil » (1). Les traditions des Habbés, plus connus aujourd’hui sous le nom de Dogons, fascinent très tôt les voyageurs européens comme le photographe dakarois Edmond Fortier qui a immortalisé cette scène vers 1905. A leurs coutumes originales vient s’ajouter un peu plus tard la sulfureuse réputation de sauvagerie que leur vaut la révolte du village de Tabi en 1920, dernier épisode de résistance à la colonisation française, dans une région « pacifiée » lors des toutes dernières années du XIXème siècle. Haut perché sur la falaise de Bandiagara, le village constitue un bastion inexpugnable. Après sa prise, les coutumes troglodytes des Habbés sont interdites par le colonisateur. « La région est peuplée de Peulhs et surtout de Habés, population fétichiste assez arriérée… […] Elle vit en troglodyte, dans les montagnes de pierre feuilletée. […] On a interdit à ces Habés d’habiter leurs trous, où ils s’enfermaient après avoir retiré les échelle qui leur servaient à y monter. Maintenant ils ont construit de petits villages crénelés, dans des cirques de rochers rouges, au pied des falaises. L’administrateur du cercle me dit qu’il existe encore ici du cannibalisme rituel, et les Français rencontrés à Bandiagara me le confirment » (2). Sources (1) et (2) : Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Koulouba, palais du gouvernement. – Le palais du gouvernement, édifié entre 1905 et 1908 sur la colline de Koulouba qui surplombe Bamako, est devenu le palais présidentiel du Mali à l’indépendance. Le choix de ce site tient au colonel de Trentinian, lieutenant-gouverneur du Soudan français en 1896, qui préconisait le transfert de la capitale, de Kayes au bord du fleuve Sénégal où elle se trouvait alors, à Bamako au bord du fleuve Niger. Il fit d’ailleurs construire un imposant bâtiment sur la colline qui sera souvent désigné comme « Folie Trentinian », « résidence du pont F » (la colline est le « point F » du relevé géodésique local) ou « ancienne résidence » quand fut bâti l’actuel palais. Mais il fallut attendre1904, avec l’arrivée du chemin de fer, pour que ressurgisse l’idée de faire de Bamako la capitale de la colonie qui s’appelait alors (entre1902 et 1904) le « Sénégambie et Niger ». On entrepris d’élever une cité administrative intégrant le bâtiment initial qui n’avait jamais servi, et le nouveau palais trouva sa place en bordure de plateau, au-dessus de la ville. Koulouba devint effectivement le siège du gouvernement de la colonie – alors le Haut-Sénégal-Niger - le 20 mai 1908 à la prise de fonction du gouverneur Clozel. – Paul Morand raconte une réception en 1927 au palais de Koulouba : « Chez M. Terrasson de  Fougère, Gouverneur du Soudan, colonial de grande classe, qui n’a pas oublié les leçons d’un Lyautey, nous retrouvons Albert Londres et le peintre Roucayrol avec qui nous ferons route commune jusqu’à Tombouctou, puisqu’on nous assure ici que les eaux sont encore assez hautes pour nous y porter. Le Gouverneur est un homme jeune, respecté, obéi, courtois et silencieux ; son autorité calme nous fait grand honneur. Son palais domine la ville et toute la plaine où le fleuve décrit une courbe azurée d’une vingtaine de kilomètres. La ville française sépare deux cités indigènes » (1). Pour l’anecdote contemporaine, il est intéressant de préciser que la femme de l’actuel président burkinabè Compaoré, l’ivoirienne Chantal Terrasson, est la petite fille du gouverneur Terrasson de Fougère. Son père, Jean Kourouma Terrasson, médecin formé à Dakar et proche du président Houphouët-Boigny, était le fils du gouverneur colonial et de Madoussou Diarrasouba. Sources : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Tombouctou, vue générale. – « J’ai été à Tombouctou, en dessous du royaume de Barbarie, en pays très arides dans les terres » (1). « Tombouctou, disent les vieux chroniqueurs soudanais, est le lieu de rencontre de ceux qui voyagent en pirogue et de ceux qui cheminent à chameau. […] Quelques casernes ocres à créneaux, des drapeaux français et des maisons carrées, de teinte mastic, sans une ombre, sans un relief. […] Tombouctou, qui fut jadis une cité de plus de cent mille âmes, n’est plus qu’un village de cinq mille habitants. […] Cependant l’impression que laisse Tombouctou est très foret. C’est la fin du monde nègre, de la beauté des corps, des gras pâturages, de la joie de vivre, du bruit, des rires… » (2). Sources : (1) Benedetto Dei, premier européen à venir à Tombouctou en 1469. (2) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Bamako, le palais de justice. - « Il y a vraiment dans notre civilisation coloniale africaine une harmonieuse entente entre deux races, que je n’ai jamais rencontrée ailleurs. Certes, les indigènes sont astreints à l’impôt. mais qu’est-ce en regard des contributions forcées des anciens tyrans, des razzias, des massacres collectifs, des exécutions en masse de jadis ? Partout des débouchés assurés au commerce indigène, des routes, une justice équitable. Le Noir aime la justice, et la justice française lui convient, car n’étant pas appliquée à la lettre, déformée par des hommes de loi, mais rendue humainement par des chefs compréhensifs et équitables, elle est supérieure aux procédures sommaires qu’elle a remplacées. » Source : Morand, Paul, AOF De Paris à Tombouctou, Paris, éditions Flammarion, 1928.
  • Kayes, la gare. – « Il y a le père Levreau, un vieux broussard. Vingt et un ans de Soudan. Il revient de France pour la deuxième fois seulement. Il n’aime que Kayes. – D’ailleurs, explique-t-il, Kayes et l’une des trois villes les plus chaudes du monde. Podor, Djibouti et Kayes, c’est bien connu, il ne faut pas sortir de là. Partout où j’irais je déchoirais. Le lendemain, à midi –dans la ville la plus chaude du monde, le train arrive à midi !- le père Levreau débarque à Kayes. Ses six femmes l’attendaient sur le quai, six femmes noires dont deux Mauresques aux grands yeux de chamelle. […] A l’intérieur de la gare, le thermomètre marquait quarante-six ! ». Source : Londres, Albert, Terre d’ébène, Paris, Albin Michel, 1929.
  • Kati, le camp. – « Le 29 [janvier 1903], Bamako […] Une voiture légère attelée de mules nous emmène rapidement le lendemain à Kati, à travers un joli paysage, un peu bouleversé, cependant point trop gâté par les tranchées et déblais du chemin de fer. Kati est devenu un gros centre militaire, administratif et médical. Nous sommes les hôtes du colonel Ebener, commandant le 2è sénégalais » (1). – Le village de Kati devient un poste colonial le 7 février 1881 (le poste de Bamako ne sera fondé que deux ans plus tard), à l’initiative du lieutenant-colonel Borgnis-Desbordes qui vient d’être nommé commandant du territoire du Haut-Fleuve, précurseur du Soudan français. Le corps des tirailleurs sénégalais, dont l’auteur évoque ici le 2ème régiment, a été créé en 1857 par le Général Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal.  Source  : (1) Gouraud, Général, Zinder, Tchad - Souvenirs d'un Africain, Paris, Plon, 1944.
  • Bamako, vue générale. – « Ils sont plus de vingt mille Soudanais à Bamako. La France a construit là une grande ville indigène, ville de banko, c’est-à-dire en boue. Aucune case ne dépasse l’autre. Cela s’étend comme un cimetière où l’on aurait enterré que des pauvres ; un cimetière de la zone des armées, égalitaire. Au-dessus des murs entourant ces cases, on voir monter et descendre en cadence l’instrument symbolique de l’Afrique entière : le long bâton à piler le mil ». Source : Londres, Albert, Terre d’ébène, Paris, Albin Michel, 1929.
  • Koulikoro et le Niger. – Situé sur le fleuve, à une soixantaine de kilomètres de Bamako et en aval de tout rapide, Koulikoro est le port d’où part la ligne fluviale vers Gao. Les vapeurs « Bonnier », « Gallieni » et « Mage » de la société Messafric assurent un service hebdomadaire de décembre à avril. Entre Koulidoro et Gao, ils desservent Ségou, Markala, Sama, Macina, Diafarabé, Mopti, Aka, Niafunké, Diré, Kabara (le port de Tombouctou), Rharous, Bemba et Bourem. Le départ de Koulikoro a lieu le jeudi à 12 heures, et l’arrivée à Gao le jeudi suivant à 13 heures, soit 8 jours de navigation. Dans le sens inverse, le départ de Gao se fait le vendredi à 11 heures et l’arrivée à Koulikoro 12 jours plus tard, le mardi à 9 heures. Aux basses eaux, le service par vapeur n’est assuré qu’entre Koulikoro et Kabara/Mopti. Le reste de la ligne est assuré par des pirogues. La ligne de chemin de fer, qui joint Kayes sur le fleuve Sénégal à Bamako depuis 1904, s’étend jusqu’à Koulikoro créant une jonction terrestre entre les deux fleuves.
  • Tombouctou, le marché au bois. – En 1948, le cercle de Tombouctou, qui s’étend sur 282 400 km2, compte 86 111 habitants dont 25 159 sédentaires. Le cheptel est de 11 000 chameaux, 1200 chevaux, 18 000 ânes, 250 000 bœufs et 834 000 moutons et chèvres. L’élevage bovin est largement destiné au marché de la Côte d’Ivoire, vers lequel il est acheminé sur pied. Hormis le bétail, la production est limitée à 400 t. de gomme, 100 000 barres de sel de Taoudéni.
  • Préparation du beurre de karité, triage des noix – « Les femmes étaient accroupies devant les petits tas de choses qu’elles avaient à vendre : trois morceaux de sucre, quatre bananes, six noix de kola, une calebasse de lait, cinq ou six mille mouches... des petites boules noires comme des crottes de chèvre, d’autres boules, celles-là blanchâtres et d’où montait une odeur qui est celle de toute l’Afrique. C’était l’odeur du beurre de karité. Aucun puits perdu, aucune bouche, soit d’égout, soit d’évier, ne vous donnera une idée de cette odeur-là. Si boucané que vous soyez, vous tomberez inanimé à la moindre vague de beurre de karité. C’est une odeur que l’on pourrait appeler à crochet, car elle plonge en vous et vous décroche le cœur ! Ce beurre végétal se met à toutes les sauces. Il sert à la cuisine, à la toilette. Il graisse les plats, lubrifie les peaux. Plus la peau brille au soleil, plus la femme est séduisante. Le malheur est que la coquette sent d’aussi loin qu’elle brille ». Source : Londres, Albert, Terre d’ébène, Paris, Albin Michel, 1929.
  • Bamako, Pariscoa, rue Guilium. - A la recherche d’une formule susceptible de rénover le commerce dans les capitales africaines, de type « grands magasins » et se démarquant des comptoirs, la SCOA (Société commerciale de l’Ouest Africain) s’associe à partir de 1952 avec le groupe Prisunic pour lancer une chaîne de magasins sous l’enseigne Pariscoa et avec le groupe du Printemps pour ouvrir des magasins Printania.
  • Les trains de Médine, en amont de Kayès, en 1898 (train,  montant et descendant à raison de deux par jour).  Cliché du Lieutenant Emile-Louis Abbat, qui servit au Soudan Français de 1894 à 1898. - Le chemin de fer soudanais a été inauguré le 1er janvier 1894, sur le tronçon Kayes-Bafoulabé. Les travaux de construction, commencés dès 1881, avaient pris tant de retard que la ligne ne sera achevée qu'en 1904. La machine à la tête du convoi est une locomotive de type 030 T, dont 12 exemplaires, fabriqués à Paris par les ateliers de Passy, par l'entreprise Cail et par  l'atelier Weidknecht, avaient été livrés en 1898. Une locomotive de type Decauville 031T avait été fournie en 1895, et deux autres 030 T de Weidknecht  vinrent compléter le parc roulant du chemin de fer de Kayes au Niger en 1899. - Extrait d'un rapport rédigé en 1899 par Emile-Louis Abbat aux autorités militaires concernant le Soudan Français :
  • Camion descendant la falaise de Bandiagara. – « Au matin nous partons pour une petite étape, par une chaussé qui traverse des régions inondées au sud-est du Niger et nous amène au pied de la falaise de Bandiagara, que nous franchirons demain et qui sépare le Soudan de la Haute-Volta. Notre chauffeur noir, malgré les 38 degrés, est vécu d’un épais pardessus à taille, avec col de velours. Pieds nus, casque blanc, bagues d’aluminium au pouce. » Source : Morand, Paul, AOF De Paris à Tombouctou, Paris, éditions Flammarion, 1928.
  • Le marché de Kayès, en novembre 1896. Cliché du Lieutenant Emile-Louis Abbat, qui servit au Soudan Français de 1894 à 1898. - Extrait d'un rapport rédigé en 1899 par Emile-Louis Abbat aux autorités militaires concernant le Soudan Français :
  • Kayes, la grande rue, vers 1910. Cliché Dr Collomb (coll. Muséum). – « Fondée en 1881 par Borgnis-Desbordes, Kayes, ville créée de toutes pièces, possède actuellement 6000 habitants environ. De nombreuses maisons de commerce y font des affaires qui semblent prospères, à en juger par l’animation qui y règne. Toutefois, m’a fait remarquer l’oncle Guy tandis que nous parcourions la ville, Kayes a beau être la capitale administrative et avoir été munie de tout un outillage économique, c’est toujours Médine qui est restée le grand centre politique et commercial. Au font, Kayes et Médine forment un seul bloc… ». Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Le Niger à Koulikoro, avant 1910. - Situé sur le fleuve, à une soixantaine de kilomètres de Bamako, Koulikoro est le port d’où part la ligne fluviale vers Gao. Les vapeurs « Bonnier », « Gallieni » et « Mage » de la société Messafric assurent un service hebdomadaire de décembre à avril. Entre Koulidoro et Gao, ils desservent Ségou, Markala, Sama, Macina, Diafarabé, Mopti, Aka, Niafunké, Diré Kabra, Rharous, Bemba et Bourem. Le départ de Koulikoro a lieu le jeudi à 12 heures, et l’arrivée à Gao le jeudi suivant à 13 heures, soit 8 jours de navigation. Dans le sens inverse, le départ de Gao se fait le vendredi à 11 heures et l’arrivée à Koulikoro 12 jours plus tard, le mardi à 9 heures. Aux basses eaux, le service par vapeur n’est assuré qu’entre Koulikoro et Kabara/Mopti. Le reste de la ligne est assuré par des pirogues. La ligne de chemin de fer, qui joint Kayes sur le fleuve Sénégal à Bamako depuis 1904, s’étend jusqu’à Koulikoro créant une jonction terrestre entre les deux fleuves.
  • Tam-Tam de Habbés (ces tam-tam sont allégoriques et présentent de nombreuses phases). – « Les Habés ont de curieuses danses. Les femmes n’y sont pas admises, de qui révèle leur caractère sacré. Les danseurs, au nombre de trente, forment un cercle. Ils sont nus, avec des rondelles de crins de cheval, d’une splendide couleur vieux-rose, autour de la taille, des poignets, des coudes et des chevilles ; ils sont coiffés d’une cagoule surmontée d’un cimier en coquillages blancs, cousus, dessinant des yeux ronds et vides. Leur danse est conduite par un meneur coiffé d’un masque d’oiseau, avec un long bec dentelé en scie, blanc et rouge ; l’homme emplumé ne cesse de déployer ses ailes, de siffler, simulacre d’un vrai oiseau qui gâte ici les récolte ; aussi ses danses sont-elles faites à une bonne distance des champs de mil » (1). Les traditions des Habbés, plus connus aujourd’hui sous le nom de Dogons, fascinent très tôt les voyageurs européens comme le photographe dakarois Edmond Fortier qui a immortalisé cette scène vers 1905. A leurs coutumes originales vient s’ajouter un peu plus tard la sulfureuse réputation de sauvagerie que leur vaut la révolte du village de Tabi en 1920, dernier épisode de résistance à la colonisation française, dans une région « pacifiée » lors des toutes dernières années du XIXème siècle. Haut perché sur la falaise de Bandiagara, le village constitue un bastion inexpugnable. Après sa prise, les coutumes troglodytes des Habbés sont interdites par le colonisateur.  « La région est peuplée de Peulhs et surtout de Habés, population fétichiste assez arriérée… […] Elle vit en troglodyte, dans les montagnes de pierre feuilletée. […] On a interdit à ces Habés d’habiter leurs trous, où ils s’enfermaient après avoir retiré les échelle qui leur servaient à y monter. Maintenant ils ont construit de petits villages crénelés, dans des cirques de rochers rouges, au pied des falaises. L’administrateur du cercle me dit qu’il existe encore ici du cannibalisme rituel, et les Français rencontrés à Bandiagara me le confirment » (2). Sources (1) et (2) : Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Soudan : Construction d’une route dans la savane. Cliché Agence économique des colonies. – Les puissances coloniales en général, et la France en particulier, aiment à s’enorgueillir des investissements publics réalisés dans leurs empires respectifs. Films documentaires, reportages photographiques et ouvrages de commande viennent attester de la « mission civilisatrice » et de l’effort national pour porter le progrès jusqu’au fond des possessions. Mais la réalité est souvent différente. La conquête et le développement des colonies surviennent à une époque où les infrastructures des régions métropolitaines doivent être multipliées et modernisées pour répondre à la croissance de l’activité économique. Au Soudan français, s’il y a eu de forts investissements hydrauliques et agricoles pour fonder un pôle cotonnier national, le réseau routier est resté extrêmement médiocre, ce qui entrave le développement économique et l’action de l’administration. Dans ses mémoires, le vétérinaire et écrivain sénégalais Birago Diop (1906-1989), qui exerça à Ségou entre 1937 et 1939, déplore l’état des routes soudanaises, auxquelles les voyageurs paient un lourd tribu en vies humaines.
  • Intérieur de la gare de Kayes, chemin de fer de Kayes à Bamako. – Assez tôt, les autorités coloniales envisagent de relier, par un chemin de fer, le fleuve Sénégal, principale voie de pénétration dans cette partie du continent, au fleuve Niger, voie essentielle de circulation dans le Sahel. Les premières études ont lieu en 1880, alors même que toute la région n’est pas sous contrôle français. La ligne devra aller de Kayes, sur le fleuve Sénégal, jusqu’à Koulikoro, sur le Niger, et les travaux débutent dès 1881, mais au ralenti tant la main d’œuvre locale et l’encadrement européen sont défaillants. L’avancée est très lente, et en 1884, seuls 53 km ont été couverts alors que l’entreprise a d’ores et déjà englouti des sommes exorbitantes ; la construction sera finalement confiée au Génie militaire. Le premier tronçon, allant de Kayes à Bafoulabé est inauguré le 1er janvier 1894. La construction du reste de la ligne, joignant le fleuve Niger, durera encore jusqu’en 1904, et nécessitera des efforts importants, comme l’édification d’un viaduc de 400 mètres à Mahina. Ce réseau est connecté en 1924 à celui du Sénégal, permettant le transport sans rupture de charge du port maritime de Dakar au port fluvial de Bamako.
  • Un village de population Habé, aux pieds des falaises de Bandiagara. Photo Agence économique de l’AOF. – « Au matin, nous partons pour une petite étape, par une chaussée qui traverse des régions inondées au sud-est du Niger et nous amène au pied de la falaise de Bandiagara, que nous franchirons demain et qui sépare le Soudan de la Haute-Volta. [ …] La région est peuplée de Peulhs et surtout de Habés, population fétichiste assez arriérée, sur laquelle R. Arnaud a publié de fort intéressantes notes dans la Revue d’ethnographie. Elle vit en troglodyte, dans les montagnes de pierre feuilletée, rouge, aride. Elles y enterre ses morts en des caves inaccessibles, comme à Sanghara, en les descendant dans des cheminées verticales, à l’aide de cordes, puis en les lançant horizontalement dans des trous naturels qui viennent prendre jour sur cette cheminée d’appel. » Source photo et texte :  Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Bamako, le marché. – « Malinkés, Peulhs, Maures au marché. Ce marché n’est pas l’horrible halle en fonte, commandée en France, mais un beau bâtiment à pylônes ; le ciment armé, frère du torchis, se prête parfaitement à l’architecture soudanaise. Tout est d’un rose relevé de la tache noire des corps et des têtes et de la violence bleue des cotonnades, appelées « guinées ». Voici des barres de sel de Mauritanie que compissent des chiens errants non moins ignoble que les chiens chinois ; voici des anneaux de cheville en argent, en aluminium, des bagues d’or, convoités par les moussous (Noires, concubines des Blancs), du gingembre, des coquillages, des cosmétiques, des boules de beurre végétal, à l’odeur infecte, des colliers d’exportation, des fichus de tête » (1). Le marché central de Bamako, aussi appelé marché rose, a été partiellement détruit par un incendie en 1993. Il a depuis été reconstruit. Source : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Kita, voiture du 2ème régiment de tirailleurs sénégalais. – Ce régiment est fondé en 1892, en tant que régiment de tirailleurs soudanais. Il prend le nom de 2ème régiment de tirailleurs sénégalais en 1900, devient un temps 2ème régiment mobile de tirailleurs sénégalais, puis 2ème régiment de tirailleurs sénégalais du Soudan en 1940, avant d’être dissout en 1946. – L’attelage de deux mulets en tandem semble être assez caractéristique des troupes coloniales d’Afrique.
  • Bamako, ancienne et nouvelle résidences. – Les autorités coloniales décident en 1899 de déplacer la capitale du Soudan de Kayes vers Bamako. Le choix du site de Koulouba, une colline dominant le fleuve, pour édifier la résidence serait le fait du général Edgar de Trintinian, gouverneur du Soudan français entre 1895 et 1899. Le nouveau palais est construit par le Génie militaire entre 1904 et 1908, pour un coût de quatre millions de Francs de l’époque. Il est à la fois le siège de l’administration coloniale et la résidence du gouverneur. Tandis qu’une imposante cité administrative est édifiée à Koulouba, les troupes s’installent sur le plateau de Kati, non loin de Bamako, et les services de santé s’établissent au Point G, où fonctionne encore aujourd’hui un des plus importants groupes hospitaliers du Mali.
  • Chemin de fer Ségou-Bani. - Cette voie de type Decauville (écartement de 60 cm et traverses métalliques), longue de 90 km permettait le désenclavement de la région agricole la plus riche du Soudan français, située sur la rive gauche du Bani. Sa construction, au début du XXème siècle, nécessita l’importation de 2700 tonnes de matériel ferroviaire, acheminé depuis la métropole par voie maritime puis fluviale sur le fleuve Sénégal jusqu’à Kayes, par le chemin de fer Kayes-Niger jusqu’à Koulikoro, puis à nouveau par voie fluviale sur le fleuve Niger jusqu’à de Koulikoro à Tamani. Le Ségou-Bani disposait de deux locomotives de 6 tonnes de type « 030T Decauville progrès », de 50 wagons plateau de type Pershing, de 25 wagons-citernes et de 5 wagons de marchandises. Une étude menée dans les années 1950, recommandant son démantèlement plutôt que sa rénovation, devait sceller le sort la ligne qui fut abandonnée.
  • Mopti, vue sur la mosquée. – La grande mosquée de Mopti, appelée mosquée de Komoguel, fut érigée entre 1936 et 1943 sur le site d'une mosquée antérieure, elle-même bâtie en 1908. L’édifice réalisé sous la direction des maçons de Djenné présente de nombreuses similitudes avec la mosquée de cette ville. Construite en briques de terre et recouverte de banco, elle devait partiellement changer d’aspect quand ce revêtement fut remplacé par du ciment, lequel permettait de s’affranchir des opérations annuelles de réfection nécessitées par le banco, à l’occasion d’une restauration datant de 1978. Mais cette opération, employant des matériaux et des techniques inadaptés, avait fragilisé l’édifice. Une récente réhabilitation, empruntant des savoir-faire traditionnels, et notamment l’emploi d’un enduit réalisé à base de terre et de balle riz appelé « banco pourri »,  lui a rendu son aspect originel. - En 1947, époque à laquelle fut prise cette photo, la ville de Mopti est le chef-lieu d’un vaste cercle de 67 300 km2, qui compte une population de « 71 Européens, 16 Américains, 97 Libanais et 450 000 Africains » (1). Source : (1) Guid’AOF, Dakar, 1948.
  • Jeunes femmes « Sourhaï » de Tombouctou. – « Les femmes [de Tombouctou] sont effrontées et habituées à servir, à exploiter l’étranger, à calmer le jeûne de générations de voyageurs. Elles descendent des anciennes courtisanes de Tombouctou, célèbres par leur culture et leurs appâts sociables. Déjà en 1350, Ibn Batonta, voyageur arabe, remarquait avec indignation qu’ici « les femmes recevaient des hommes sans que les maris en prissent ombrage ». On reconnaît là déjà la facilité des mœurs des Noirs. C’est que Tombouctou, s’il est l’Islam, n’est pas l’Islam pur » (1). - Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Soudan et le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Source : (1) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Tombouctou, le marché. – En 1948, le cercle de Tombouctou, qui s’étend sur 282 400 km2, compte 86 111 habitants dont 25 159 sédentaires. Le cheptel est de 11 000 chameaux, 1200 chevaux, 18 000 ânes, 250 000 bœufs et 834 000 moutons et chèvres. L’élevage bovin est largement destiné au marché de la Côte d’Ivoire, vers lequel il est acheminé sur pied. Hormis le bétail, la production est limitée à 400 t. de gomme, 100 000 barres de sel de Taoudéni.
  • Marchands Maures sous les murs de Tombouctou. – Sous la menace des attaques de Touaregs, les riches marchands de Tombouctou avaient la réputation de simuler le dénuement. « L’habitant transforme ses vêtements et sa maison, maquille sa vie et sa ville… Au lieu de turbans blancs, en tissus scintillant comme du mica, la population ne se coiffa plus que de loques peu tentantes et de bonnets sans prix. On s’attifa de vieux vêtements étriqués dont la malpropreté  était le seul ornement et n’éveillait pas la tentation. Dans leurs rares sorties, les femmes se couvraient d’étoffes grossières et quittaient leurs ornements d’or et d’ambre … ». Source : Dubois, Félix, Tombouctou la mystérieuse, Paris, Flammarion, 1897.
  • Moyen Niger, le poste de Koulikoro. – Situé sur le fleuve, à une soixantaine de kilomètres de Bamako, Koulikoro est le port d’où part la ligne fluviale vers Gao. Les vapeurs « Bonnier », « Gallieni » et « Mage » de la société Messafric assurent un service hebdomadaire de décembre à avril. Entre Koulidoro et Gao, ils desservent Ségou, Markala, Sama,  Macina, Diafarabé, Mopti, Aka, Niafunké, Diré Kabra, Rharous, Bemba et Bourem. Le départ de Koulikoro a lieu le jeudi à 12 heures, et l’arrivée à Gao le jeudi suivant à 13 heures, soit 8 jours de navigation. Dans le sens inverse, le départ de Gao se fait le vendredi à 11 heures et l’arrivée à Koulikoro 12 jours plus tard, le mardi à 9 heures. Aux basses eaux, le service par vapeur n’est assuré qu’entre Koulikoro et Kabara/Mopti. Le reste de la ligne est assuré par des pirogues. La ligne de chemin de fer, qui joint Kayes sur le fleuve Sénégal à Bamako depuis 1904, s’étend jusqu’à Koulikoro créant une jonction terrestre entre les deux fleuves.
  • Bamako, le port de commerce. – En 1931, la capacité journalière de chargement et de déchargement du port de Bamako, sur le fleuve Niger, est de 4 à 500 tonnes. Le matériel de quai comprend deux grues dont une de 1O tonnes, et une de 5 tonnes. Il existe une voie ferrée, de 1 mètre d’écartement, reliant le port a la gare. Le chemin de fer, dit « Océan-Niger », joint l’Atlantique à Dakar depuis 1924. Pendant longtemps, entre 1904 et 1924, la liaison entre l’océan et le fleuve Niger s’effectuait avec des chalands remontant le fleuve Sénégal depuis Saint-Louis jusqu’à Kayes, puis par le train dont la ligne se limitait au tronçon Kayes-Bamako-Koulikoro.
  • Tombouctou, vue générale. (années 1920) – « J’ai été à Tombouctou, en dessous du royaume de Barbarie, en pays très arides dans les terres » (1). « Tombouctou, disent les vieux chroniqueurs soudanais, est le lieu de rencontre de ceux qui voyagent en pirogue et de ceux qui cheminent à chameau. […] Quelques casernes ocres à créneaux, des drapeaux français et des maisons carrées, de teinte mastic, sans une ombre, sans un relief. […] Tombouctou, qui fut jadis une cité de plus de cent mille âmes, n’est plus qu’un village de cinq mille habitants. […] Cependant l’impression que laisse Tombouctou est très foret. C’est la fin du monde nègre, de la beauté des corps, des gras pâturages, de la joie de vivre, du bruit, des rires… » (2). Sources : (1) Benedetto Dei, premier européen à venir à Tombouctou en 1469. (2) Morand, Paul, A.O.F. de Paris à Tombouctou, Paris, Flammarion, 1928.
  • Mopti, le marché. – La ville de Mopti est le chef-lieu d’un vaste cercle de 67 300 km2, qui compte, en 1947, une population de 71 Européens, 16 Américains, 97 Libanais et 450 000 Africains. Située sur le Niger à proximité de la confluence du Bani, Mopti est un lieu d’échange important. Son port fluvial, qui est le premier de la colonie, est desservi par les vapeurs des lignes régulières des Messageries Africaines vers Koulikoro et Gao (selon les saisons), mais aussi par une noria de pinasses alimentant  le marché. La région exporte en effet à cette époque 2300 t. de mil, 11 500 t. de riz paddy, 10 223 bœufs, 3 000 moutons et 1366 chèvres (bétail envoyé vers la Côte d’Ivoire), 1500 t. de poisson sec et 30 t. de poisson fumé par an. Haut lieu d’échange de la pêche sahélienne, le marché de Mopti voit croître ses ventes jusqu’en 1969, où elles culminent à 5911 t. de poisson sec et 5212 t. de poisson fumé, avant de redescendrent rapidement, tandis que s’installe la sécheresse à partir des années 1970. Dans l’immédiat après guerre, le cercle de Mopti dispose d’importantes ressources vivrières, produisant  83 300 t. de mil, 47 000 t. de riz paddy, du manioc, des patates, du karité, des oignons. En outre le cheptel est conséquent, avec quelques 171 000 bovidés,  160 000 caprins,  67 000 ovidés, 15 000 ânes et 8600 chevaux. Le nombre de peaux vendues (17 671 peaux de mouton tannées, 2450 peaux de mouton arseniquées et 610 peaux de bœufs arseniquées), donne une idée de la quantité de viande consommée localement. Sources : Guid’AOF, Dakar, 1948 et Rapport de la consultation sur les problèmes des pêches de la zone sahélienne, Rome, FAO, 1975.
  • Bamako, le cercle « Soudan-Club ». – Créé en 1935, il n’admettait que les Européens majeurs, comme le Ségou Club de Ségou. « Les milieux européens : […] Milieu fermé, souvent raciste, mais qui malgré son hétérogénéité fait toujours front commun contre les « Syro-libcontre les « Syro-libanais », l’administration et les « évolués ». « L’élite » de cette société se retrouve au Soudan-club à Bamako, où l’on peut croiser, au début de la guerre, le gouverneur, le général commandant militaire local et les commerçants les plus importants. Les évènements semblent renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté menacée. Ainsi, sans doute, dans le soucis de contribuer au maintien du moral, le « Tombouctou-Club » décide de modifier ses statuts au début de l’année 1940 et d’accepter parmi ses membres les sous-officiers à condition toutefois qu’ils soient Français » (1). Le Soudan-Club est devenu peu avant l’indépendance une structure contrôlée par le bureau jeunesse de l’US-RDA (Union soudanaise du rassemblement démocratique africain). Il s’appelle aujourd’hui le Carrefour des jeunes. Source : Joly, Vincent, Le Soudan français de 1939 à 1945, Paris, Karthala, 2006.
  • Soudan : Effet produit par une poignée de
  • Soudan français : une femme atteinte d’éléphantiasis. – Les manifestations des filarioses lymphatiques sont polymorphes, spectaculaires et très invalidantes. Elles peuvent affecter les membres, les organes ou les parties génitales. Elles sont dues à la prolifération dans le système lymphatique de petits parasites, les filaires, transmis par la piqûre des moustiques. Ces parasites quittent en effet nuitamment les vaisseaux lymphatiques pour gagner la circulation sanguine où ils peuvent être absorbés par des moustiques hématophages, qui propagent ensuite la maladie en piquant une autre personne. En colonisant leur nouvelle victime, les filaires entraînent des poussées de lymphangite aiguë, dont la répétition peut aboutir à un épaississement fibreux de la peau et du tissu sous-cutané, qui à la longue (le parasite a une durée de vie de 15 ans !) donne les déformations monstrueuses qu’on appelle éléphantiasis. La maladie sévit dans les régions tropicales et sub-tropicales. Si la forme chronique, l’éléphantiasis, avait été attribuée à des filaires dès 1872, les médecins français du Corps de santé colonial, qui contribuèrent largement à la connaissance de cette affection, furent un moment divisés sur les causes de ses manifestations aiguës. D’aucuns, dont le docteur Le Dantec qui a donné son nom au premier grand hôpital de Dakar, l’attribuaient à un agent bactérien, le streptocoque, et avaient même envisagé l’existence d’une bactérie spécifique le lymphocoque ou dermocoque, tandis que d’autres penchaient pour un agent parasitaire. Le traitement de la maladie resta longtemps circonscrit à l’ablation chirurgicale des masses fibreuses, opération qu’il fallait renouveler épisodiquement, et il fallut attendre 1947 pour voir apparaître une chimiothérapie anti-filarienne efficace.
  • Tombouctou, le marché au bois. – En 1948, le cercle de Tombouctou, qui s’étend sur 282 400 km2, compte 86 111 habitants dont 25 159 sédentaires. Le cheptel est de 11 000 chameaux, 1200 chevaux, 18 000 ânes, 250 000  bœufs et 834 000 moutons et chèvres. L’élevage bovin est largement destiné au marché de la Côte d’Ivoire, vers lequel il est acheminé sur pied. Hormis le bétail, la production est limitée à 400 t. de gomme, 100 000 barres de sel de Taoudéni.
  • Haut-Sénégal, un chaland sur le Niger. – Le fleuve a deux parties navigables sur le territoire du Mali actuel, le bief sud Kouroussa-Bamako de 375 km (Kankan-Bamako, 385 km, relié à la mer par la ligne de chemin de fer Konakry-Niger) et le bief nord Koulikoro-Ansongo, long de 1 408 km, relié à la mer par la ligne de chemin de fer Dakar-Niger dont Koulikoro est le terrinus. Source : Jacques Champaud,« La navigation fluviale dans le moyen Niger », Les Cahiers d’Outre Mer, tome XIV, 1961.
  • Bamako, parc zoologique - postée en 1945
  • Bamako, le parc André-Maginot.
  • Bamako, panorama pris de Koulouba
  • Bamako, le monument aux Morts
  • Bamako, la cabane Bembouis (?) (légende manuscrite) – Photo prise par un amateur et datée du 28.10.1942
  • Bamako, une rue (légende manuscrite) – Photo prise par un amateur et datée du 28.10.1942
  • Bamako, Pierre (légende manuscrite) – Photo prise par un amateur et datée du 28.10.1942
  • Bamako, la grande Moské (légende manuscrite) – Photo prise par un amateur et datée du 28.10.1942
  • Bamako, bac sur le Niger - légende manuscrite, photo prise par un amateur et datée au dos du 28.10.1942
  • Bamako, courtier indigène - légende manuscrite, photo prise par un amateur et datée au dos du 28.10.1942
  • Bamako, le stade Frédéric Assomption  - Inauguré en 1928, il devient Stade Ouezzin Coulibaly en 1960
  • Bamako, le Palais de Justice
  • Sur les bords du Niger - Mission de Bamako
  • BamBamako, la place du marché
  • BamBamako, place du marché
  • BamBamako, intérieur du marché,
  • Bamako, le Soudan Club – Créé en 1935, il n’admettait que les Européens majeurs, comme le Ségou Club de Ségou. Il est devenu peu avant l’indépendance une structure contrôlée par le bureau jeunesse de l’US-RDA (Union soudanaise du rassemblement démocratique africain). Il s’appelle aujourd’hui le Carrefour des jeunes.
  • Bamako, la Poste
  • Bamako, le marché à la viande – Dans un rapport sur « La femme et la famille à Bamako » de Mme Savineau, conseillère technique de l’Enseignement, paru en 1937, on apprend que la viande « avec os et boyau » coûtait 0,90 francs au 1er Janvier  1936, et 2,80 francs au 1er Octobre 1937.
  • Bamako, l'artisanat
  • Djenné, type de maison – La ville de Djenné, dans le cercle de Mopti, compte en 1948 une population de 1 Européen et 5450 Africains (Guid’AOF, édition 1948)
  • Kaieidi, Haut-Senegal, chemin du poste – Carte postée le 18.04.1902 – Il doit s’agir de la ville de Kaedi, chef-lieu du cercle du Gorgol en Mauritanie.
  • Une rue de Kayes, Haut-Sénégal – Chef-lieu du cercle du même nom, Kayes compte 15 000 habitants en 1948. Les établissements commerciaux CFAO, SCOA, Peyrissac et Niger Français y ont succursale. La seule initiative industrielle est l’entreprise Charbonneau de tannage de peaux. Deux grosses exploitations agricoles, la Société des cultures de Diakandapé (S A au capital de 19.500.000 f., siége social à Same, cercle de Kayes) et l’exploitation Colombani produisent respectivement du sisal et du coton. Kayes dispose d’un hôtel de cinq chambres et d’un campement. Elle est reliée à Dakar et Bamako par le rail (l’Océan-Niger), à Saint Louis par une desserte fluviale sur le Sénégal, et est l’escale d’un vol bi hebdomadaire d’Air France entre Dakar et Bamako.
  • Kayes, Haut-Sénégal, le Palais de justice
  • Convoi de voitures Lefebvre à Kita, Haut-Sénégal
  • Le Niger à Mopti – Chef-lieu du cercle du même nom, Mopti compte en 1948 une population de 71 Européens, 16 Américains, 97 Libanais et 450 000 Africains, dont 145 000 Peuhls, 26 500 Bambaras, 27 000 Bazés et Sononos. Ses ressources sont basées sur la pêche, la riziculture, pour laquelle des travaux d’irrigation sont entrepris, ainsi que l’élevage (exportation de bétail vers la Côte d’Ivoire et la Gold Coast). Mopti est desservie par une liaison fluviale hebdomadaire en saison de pluie (juillet à novembre) vers Koulikoro, et toute l’année vers Gao, par les vapeurs Gallieni, Mage et Bonnier des Messageries Africaines.
  • Soudan Français, un manguier
  • Djenné, indigènes apportant l'impôt – « Il y a vraiment dans notre civilisation coloniale africaine une harmonieuse entente entre deux races, que je n’ai jamais rencontrée ailleurs. Certes, les indigènes sont astreints à l’impôt. mais qu’est-ce en regard des contributions forcées des anciens tyrans, des razzias, des massacres collectifs, des exécutions en masse de jadis ? » (1). - La ville de Djenné, dans le cercle de Mopti, compte en 1948 une population de 1 Européen et 5450 Africains (2). – La carte postale est éditée par « H. Danel à Kayes ». Sources : (1) Morand, Paul, AOF De Paris à Tombouctou, Paris, éditions Flammarion, 1928.  (2) Guid’AOF, Dakar, Agence Havas AOF, 1948.
  • Bamako et environs - Cases en terrasses à Koulikoro
  • Kayes, la chaussée submersible et le Sénégal –Il doit s’agir de l’ouvrage reliant les quartier de Petit Kayes et de Kayes-Ba.
  • Le Niger à Gouni
  • Gao, une parade militaire sur l'esplanade devant le tombeau des Askias - vers 1936.
  • Bamako, le quai du commerce  - En 1924, les eaux territoriales deviennent propriété de l’État, et en 1947 une taxe est instaurée sur les pirogues.
  • Air Mali, Caravelle III, F-BRUJ  - Cet appareil n'eut qu'une brève carrière aux coulurs d'Air Mali; il volait d'ailleurs alors avec les peintures du loueur Trans Union et ne portait que le nom d'Air Mali, compagnie à qui il ne fut loué qu'entre janvier et mars 1971. Entré en service le 06.12.65, il est loué quatre ans durant à la Scandinavian Air System sous l'immatriculation LK-KLN par son constructeur Sud Aviation qui le vendit à Trans Union début 1970. Il est ensuite successivement loué aux compagnies Royal Air Maroc, Air Mali, Tunis Air et UTA. Fin 1972 il est vendu à la société SNIAS et WFU de Toulouse qui le loue à son tour à la compagnie Inex Adria pour laquelle il vole sous l'immatriculation YU-AJE. Réimmatriculé F-BUFM pas son propriétaire, il est reloué début 1973 à Tunis Air, avant d'êetre offert au gouvernement rwandais le 28.03.74 et d'ête immatriculé 9XR-CH ; en 1987 il volait encore aux couleurs de la République Rwandaise et fut photographié au Bourget.
  • Bamako, la Cathédrale
  • Kayes, le marché – Kayes était un centre commercial important, notamment pour le transit des marchandises venues de France lors des hautes eaux du fleuve Sénégal, mais son rôle s’est trouvé disqualifié par la jonction des tronçons de chemin de fer menant vers Bamako et vers Dakar.
  • Bamako, vue générale – Bamako est le lieu de résidence du gouverneur du Soudan Français, la plus vaste colonie de l’AOF avec une superficie de 1 800 000 km² (six fois et demi celle de la métropole colonisatrice !)
  • Kayes, avenue du gouvernement – Chef-lieu du cercle du même nom, Kayes compte 15 000 habitants en 1948. Les établissements commerciaux CFAO, SCOA, Peyrissac et Niger Français y ont succursale. La seule initiative industrielle est l’entreprise Charbonneau de tannage de peaux. Deux grosses exploitations agricoles, la Société des cultures de Diakandapé (S A au capital de 19.500.000 f., siége social à Same, cercle de Kayes) et l’exploitation Colombani produisent respectivement du sisal et du coton. Kayes dispose d’un hôtel de cinq chambres et d’un campement. Elle est reliée à Dakar et Bamako par le rail (l’Océan-Niger), à Saint Louis par une desserte fluviale sur le Sénégal, et est l’escale d’un vol bi hebdomadaire d’Air France entre Dakar et Bamako.
  • Bamako, les Travaux Publics, la Direction
  • Koulouba, Palais du Gouverneur - Les autorités coloniales décident en 1904 de déplacer la capitale du Soudan à Bamako, qui était désormais desservi par le chemin de fer. Ainsi, une imposante cité administrative fut édifiée sur la colline de Koulouba, tandis que les militaires s’installaient sur le plateau de Kati, non loin de Bamako, et la médicale au Point G.
  • Koulouba, vue panoramique côté Sud - Les autorités coloniales décident en 1904 de déplacer la capitale du Soudan à Bamako, qui était désormais desservi par le chemin de fer. Ainsi, une imposante cité administrative fut édifiée sur la colline de Koulouba, tandis que les militaires s’installaient sur le plateau de Kati, non loin de Bamako, et la médicale au Point G.
  • Tombouctou, porteur d'eau
  • Tombouctou, dans l'enceinte du fort Bonnier : la
  • Bamako, la Résidence – Carte postée de Bamako le 18.06.1912 – Il s’agit de la « nouvelle résidence » du gouverneur située à proximité de l’ancienne sur la colline de Koulouba.
  • Bamako, la Direction du Kayes-Niger – La liaison ferroviaire entre Kayes et Bamako fut inaugurée le 19 mai 1904. Elle resta le seul tronçon jusqu’en 1924, quand fut mise en service la liaison avec Dakar, au-delà du fleuve Sénégal. Le projet de chemin de fer reliant le fertile delta central du fleuve Niger au débouché maritime sénégalais, est une idée du capitaine Gallieni, alors commandant du Soudan. Cette ligne devait aussi intégrer l’ambitieux projet du chemin de fer transsaharien, qui devait relier les colonies françaises d’Afrique du Nord et d’Afrique occidentale.
  • Bamako, le Lido
  • Bamako, vu de la Résidence - La Résidence (celle du gouverneur de la colonie) se situait à Koulouba, une colline qui surplombe la ville.
  • BamBamako, le marché
  • Bamako, place de la boucherie
  • Kita, le fort
  • Kayes, Plateau, bâtiment du chemin de fer – Le tronçon de chemin de fer entre Kayes et Bamako remonte à 1904, tandis que celui vers Dakar date de 1924.
  • Koulouba, imprimerie du gouvernement - Située dans la cité administrative de Koulouba, colline qui surplombe la plaine de Bamako.
  • Les chutes du Sénégal à Félou – Une attraction touristique d’aujourd’hui, qui connaissait déjà antan un certain succès !
  • Haut-fourneau indigène près de Bamako - Il s'agit en fait d'un bas-fourneau, ventilé manuellement, produisant de la loupe de fer, et non de la fonte, et nécessitant des arrêts pour décharger le métal.
  • Dakar, le marché Sandyaga. - Construit entre 1933 et 1935, le marché Sandaga quelques fois orthographié « Sandyaga » comme ici ou « Sandiaga » - tiendrait son nom d’un arbre, « dang ga », marquant à l’époque son centre. Ce marché répond à une logique d’organisation ségréguée de la ville coloniale, progressivement instaurée dans la capitale sénégalaise depuis sa création dans la seconde moitié du XIXème siècle. Comme le note la légende manuscrite de l’auteur de cette photo, il est dévolu aux échanges des indigènes, et est situé le long d’axes menant aux quartiers périphériques où ils sont relégués. Sandaga approvisionne des marchés secondaires, formels et informels, situés dans les faubourgs populaires de la Médina. Les Européens, qui habitent dans le quartier du Plateau -agréablement tempéré par le vent du large-, vont au marché Kermel. Dans les rues autour de Sandaga se développe rapidement une zone commerciale très dynamique. Elle était tenue, jusque récemment, par de si nombreux marchands libanais qu’on désignait parfois Dakar sous le nom de « Beyrouth 2 ». Ils semblent avoir cédé la place à des commerçants sénégalais appartenant à la confrérie mouride. Sources : Sinou, Alain, Rives Coloniales, Paris, éditions Parenthèses et éditions de l’Orstom, 1993.
  • Cérémonie officielle au camp de tirailleurs de Thiaroye en 1927.- Ce camp, situé à côté de Dakar, est le théatre d’une funeste tragédie le 1er décembre 1944. Des dizaines de tirailleurs sénégalais sont abattus par d’autres soldats français, sur ordre de la hiérarchie militaire. Soixante dix ans après, l’évènement est loin d’être apaisé. Il suscite toujours de vifs échanges entre historiens, avec interpellation de l’exécutif, de la presse et de l’opinion. S’opposent d’un côté les tenants d’une légitimité de l’action répressive des autorités militaires de Dakar - agissant selon les formes pour mater une mutinerie - et de l’autre ceux d’une opération orchestrée pour couvrir des erreurs, voire des malversations, administratives. Les victimes font partie d’un contingent de combattants africains, emprisonnés par les Allemands dans des camps de travail sur le sol français et libérés par l’avancée des Alliés. Ils devaient transiter par Dakar, en route pour regagner leurs foyers respectifs dans toute l’Afrique occidentale française. Mais l’intégralité de leur solde ne leur a pas été payée, des revenus correspondant à leur traitement pendant les mois et les années de captivité. Craignant d’être spoliés une fois dispersés dans leurs villages d’origines, les tirailleurs rapatriés entendent percevoir l’intégralité de leur dû avant d’embarquer à Morlaix. Une partie d’entre eux refuse d’ailleurs de monter à bord du navire les ramenant d’Europe, d’autres de réembarquer après une escale à Casablanca. Au départ de métropole, les autorités promettent de les démobiliser et de régulariser leur situation dès l’arrivée Dakar. Mais une fois au Sénégal, ils sont cantonnés à Thiaroye et rien ne s’arrange. On veut même les faire partir en train vers Bamako où, promet-on à nouveau, tout sera réglé. Excédés, les tirailleurs interpellent leurs chefs, retiennent un moment le commandant par intérim de la place et obtiennent de engagements. Mais quelles que heures plus tard, les autorités font donner la troupe, avec un char et des automitrailleuses, balayant les tirailleurs désarmés.
  • Dakar, Palais de Justice. – Construit en 1906 sur la place de l’Indépendance (appelée à cette époque Place Protet), l’édifice conserve ses fonctions judiciaires jusqu’en 1959. Il devient alors le siège de l’assemblée nationale, puis, plus tard, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Les audiences sont transférées dans un nouveau palais de justice, d’architecture moderne, construit sur l’emplacement de l’hippodrome, entre la Pointe Bernard, le Cap Manuel et l’institut Pasteur. Ce nouveau tribunal, dont le béton est rongé par les embruns, est évacué en 1998. Depuis, il a été remplacé par un édifice bâti sur le site de l’ancienne prison de Dakar.
  • Podor, l’Escale vue du large. - « Podor m’était apparue comme un village riant sous les arbres qui ombragent sa grande, son unique rue, le long du fleuve. Nous y avions trouvé un peu d’animation. Le vapeur à peine arrêté, des pirogues s’étaient détachées de la rive et avaient donné l’assaut au chaland que nous remorquions, sur lequel, au milieu des colis entassés, étaient nos boys et des tirailleurs avec leurs épouses. Tout de suite un marché s’était installé ; jeunes filles à la poitrine nue et provocante, jeunes femmes assez gracieusement enveloppées dans leur gandoura, la tête recouverte d’un voile léger retombant sur leurs épaules, vieilles aux charmes décharnés et jugés inutiles à voiler ; tout ce monde, chargé de calebasses, criant, discutant, se disputant. Sur l’autre rive le désert étalait sa teinte d’un gris fauve et l’air avait son perpétuel bourdonnement de chaudière ; mais sur ce fleuve c’était la vie ». Source : Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908
  • Dakar, la piscine du Lido - A la fois piscine olympique (remplie à l'eau de mer), club de sport, restaurant, bar et dancing, le Lido est un haut lieu de la vie française à Dakar avant l'indépendance. Il le reste même après, jusqu'au tout début des années 1980, époque où il est détruit et cède la place à un hôtel (le Savana). Du Lido, l’établissement hôtelier ne conserve que le tracé de l’immense piscine. Le bassin actuel a même été partiellement comblé car l’original était très profond pour permettre les sauts depuis son imposant plongeoir. Il existait d’autres Lido sur le continent, et notamment un à Bamako.
  • Dakar, le marché indigène. Photo d’amateur de 1941. – Construit entre 1933 et 1935, le marché Sandaga tiendrait son nom d’un arbre, « dang ga », marquant à l’époque son centre. Ce marché répond à une logique d’organisation ségréguée de la ville coloniale, progressivement instaurée dans la capitale sénégalaise depuis sa création dans la seconde moitié du XIXème siècle. Comme le note la légende manuscrite de l’auteur de cette photo, il est dévolu aux échanges des indigènes, et est situé le long d’axes menant aux quartiers périphériques où ils sont relégués. Sandaga approvisionne des marchés secondaires, formels et informels, situés dans les faubourgs populaires de la Médina. Les Européens, qui habitent dans le quartier du Plateau -agréablement tempéré par le vent du large-, vont au marché Kermel. Dans les rues autour de Sandaga se développe rapidement une zone commerciale très dynamique. Elle était tenue, jusque récemment, par de si nombreux marchands libanais qu’on désignait parfois Dakar sous le nom de « Beyrouth 2 ». Ils semblent avoir cédé la place à des commerçants sénégalais appartenant à la confrérie mouride. Sources : Sinou, Alain, Rives Coloniales, Paris, éditions Parenthèses et éditions de l’Orstom, 1993.
  • Dakar, Pointe de la Défense. – « Sur la falaise les quartiers militaires, près de leurs batteries, doivent aux nécessités tactiques la priorité des brises. Ces batteries furent construites aux mauvaises heures de Fachoda. Qui, alors, eut pensé que si elles devaient tonner un jour contre les vaisseaux de Sa Majesté, ce serait en 1940, après trente années d’amitié avec le peuple anglais !... Ce quartier militaire est aimable dans sa demi-désuétude. Le général commandant supérieur, ses états-majors et services, y travaillent à l’ombre, dans des hôtels et pavillons dont type série se retrouve dans toutes nos colonies. Des arbres très exotiques, baobabs, saucissonniers flamboyants, enveloppent les galeries blanches et les vérandahs à volets gris. Quelques rudes conquérants, qui fermèrent le livre de l’épopée soudanienne, sont passés ici. Sur le pavillon du chef d’état-major une plaque commémore le souvenir de Mangin. Le compagnon de Marchand fut sous-chef au Commandement supérieur, de 1906 à 1908 » (1). Cette carte postale fait partie du travail du photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928). On lui doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 prises de vue originales. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade, tout près du marché Kermel. Sources : (1) Vanlande, René, Dakar !, Paris, Editions J. Peyronnet et Cie, 1945(?).
  • Dakar, rue des Essarts. – L’origine du nom de cette artère, l’une des plus anciennes de la capitale sénégalaise, fait débat. On s’accorde sur son intangibilité, elle s’est toujours appelée ainsi, de même qu’elle conserve de nos jours son tracé initial. Mais pour certains les « Essarts » font référence au défrichage nécessaire à son édification (c’est le nom donné à un espace gagné sur la forêt pour installer des activités humaines).  Tandis que pour d’autres, il s’agit d’un hommage à l’enseigne de vaisseau René Des Essart, tué par les troupes d’El Hadj Omar le 17 juillet 1857, lors du siège du Fort de Médine, à la veille de sa libération par le général Faidherbe. La rue fut tracée ex nihilo en 1862 - cinq ans seulement après l’installation française sur la presqu’île du Cap Vert - par le capitaine du génie Pinet-Laprade. Ce dernier organise le premier plan d’urbanisme de la ville, en s’inspirant du modèle d’une petite bourgade de province : il jette ainsi un boulevard portant son nom, quelques rues perpendiculaires et parallèles, dont la rue des Essarts, et une place centrale accueillant les activités de commerce, la place Kermel et le marché du même nom. Haut-lieu du quartier historique, la rue des Essarts accueillera, au fil du temps, le siège, la succursale locale ou la représentation pour l’AOF – dont Dakar était la capitale depuis 1902 - de nombreux opérateurs économiques et commerciaux, comme le Crédit Lyonnais, les magasins de confection « Ghislaine » et « Jaoudi », la CITEC – fournisseur officiel de « La toile d’avion » -, la Société anonyme de ravitaillement maritime… - Cette carte postale fait partie de l’importante collection due au photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), qui tenait d’ailleurs boutique rue Dagorne, une des voies transversales coupant la rue des Essarts au niveau du marché Kermel.
  • Arrivée d’une caravane d’arachides chez un traitant. - La colonisation s’accompagne d’une ouverture de l’agriculture africaine vers le marché extérieur. Pour les paysans indigènes, les traitants - qu’ils soient Européens ou Africains - sont les intermédiaires incontournables de ce nouveau commerce. En effet, ils achètent aux producteurs la partie non vivrière de leurs récoltes (l’arachide ou le karité au Sénégal, le cacao ou le café en Côte d’Ivoire…), pourvoient à leurs besoins par des prêts en période de soudure et leur vendent tous biens manufacturés tels que vêtements et ustensiles. Au Sénégal, ils viennent souvent de Saint-Louis et constituent l’échelon local de comptoirs tenus dans les plus gros bourgs par des colons ou par des commerçants libanais.
  • Une exécution capitale à Saint-Louis. – Il semblerait qu’il s’agisse du supplice de Birame Kandé, le 25 février 1899. Ce criminel de droit commun avait été condamné à la peine de mort par la Cour d’assise du Sénégal. Le journal de l’AOF, daté du 2 mars 1899, relate les faits en ces termes : « Condamné à mort il comptait que sa peine serait commuée comme l’avait été, depuis de longues années, les peines capitales prononcées par la Cour d’assises du Sénégal et, en dernier lieu celle des assassins de Jeandet et de Rabnel. Mais l’indulgence même a des limites, et la clémence présidentielle ne devait pas s’étendre sur Biram-Kandé. Samedi, dès 6 heure 30 du matin, les bois de justice étaient dressés sur la place de la Geôle entourée par une compagnie d’infanterie de marine et par un peloton de spahis. A 6 heures 45, Messieurs Kersaint-Gilly, Procureur de la République de Saint-Louis, Villeroy, Juge d’instruction, Minvielle, Greffier du Tribunal Civil, Moreau, Commissaire principal de police, pénétraient avec le régisseur de la prison dans la cellule du condamné qu’ils trouvaient éveillé, Monsieur le Procureur de la République lui apprenait le rejet de son pourvoi en cassation et de son recours en grâce et lui annonçait que l’heure de l’expiation avait sonnée pour lui. Biram-Kandé recevait cette nouvelle avec calme, et après un court entretien avec le Révérent Père Guérin, aumônier de la prison, il était remis aux exécuteurs qui procédaient rapidement à la dernière toilette. A 6 heures 55 il franchissait le seuil de la prison, ayant à ses côtés le Révérent Père Guérin et, entouré d’agents de police, il marchait d’un pas ferme vers la guillotine distante de quarante mètres à peine. Quelques minutes plus tard, tout était terminé, Biram-Kandé avait payé sa dette à la société ! Une foule qu’on peut évaluer à un millier de personnes assistait à l’exécution qui a produit sur la population une impression profonde. Il est permis d’espérer que ce grand exemple ne sera pas inutile et qu’il rassurera les commerçants établis dans nos escales en inspirant une crainte salutaire aux misérables, heureusement assez rares, qui ne craignent pas de jouer avec la vie humaine pour satisfaire leurs pires instincts ». La photographie des exécutions est interdite en 1909. La peine de mort est abolie en 1981 en France et en 2004 au Sénégal. Les dernières exécutions avaient eu lieu respectivement en 1977 et en 1967. - Cette photo, publiée en carte postale, fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928). Il lui arrivait parfois, comme c’est le cas ici ou comme ce le fut lors de la visite du ministre des colonies dix ans plus tard en 1908, de couvrir l’actualité. On lui doit surtout une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade, tout près du marché Kermel.
  • Dakar, rue des Essarts. – Cette artère, qui conserve de nos jours son tracé initial, est l’une des plus anciennes de la capitale sénégalaise. Son nom, qui n’a jamais changé,  fait vraisemblablement référence au défrichage nécessaire à son édification. Elle fut dessinée ex nihilo en 1862 - cinq ans seulement après l’installation française sur la presqu’île du Cap Vert - par le capitaine du génie Pinet-Laprade. Celui-ci organisa le premier plan d’urbanisme de la ville, en s’inspirant du modèle d’une petite bourgade de province : il jette ainsi un boulevard portant son nom, quelques rues perpendiculaires et parallèles, dont la rue des Essarts, et une place centrale accueillant les activités de commerce, la place Kermel et le marché du même nom. Haut-lieu du quartier historique, la rue des Essarts accueillera, au fil du temps, le siège, la succursale locale ou la représentation pour l’AOF – dont Dakar était la capitale depuis 1902 -  de nombreux opérateurs économiques et commerciaux, comme le Crédit Lyonnais, les magasins de confection « Ghislaine » et « Jaoudi », la CITEC – fournisseur officiel de « La toile d’avion » -, la Société anonyme de ravitaillement maritime… - Cette carte postale fait partie de l’importante collection due au photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), qui tenait d’ailleurs boutique rue Dagorne, une des voies transversales coupant la rue des Essarts au niveau du marché Kermel.
  • Dakar, allées Canard. - Henri Philibert Canard (1824-1894) était colonel de cavalerie. Il fut commandant de Gorée, puis gouverneur du Sénégal entre 1881 et 1883. – « On ne peut toucher à Gorée sans saluer en passant l’héroïque figure du commandant Canard, qui gouverne ce petit établissement. Depuis près de trente ans, le brave officier n’a pas quitté le Sénégal ; c’est l’incarnation, sur cette terre, de l’originalité et de la bravoure française. On ferait un volume avec ce qu’on nous a raconté de lui à Dakar. Le Sénégal a encore besoin pendant longtemps d’un homme d’action. Pourquoi ne l’enverrait-on pas à Saint-Louis ? c’est l’homme qui connaît le mieux le Sénégal, et on ne saurait trouver un plus digne successeur de Faidherbe » (1). « Dakar, juillet 1883. […] Ces jours derniers, le Colonel Canard, Gouverneur du Sénégal, vint inspecter Dakar et il honora la batterie d’une visite. Cette batterie est un fort situé à la pointe de Dakar. […] Donc, le colonel Canard s’en vint à la batterie, mais en vieux malin, au lieu de venir par l’entrée, comme tout le monde, il grimpa par le talus, de pente assez raide ; il était suivi par un capitaine d’artillerie, par notre capitaine, par son officier d’ordonnance et par ton serviteur. Ce qui suit est assez rabelaisien. Mais je n’y puis rien ; le colonel aperçut nombreuses, ce que les troupiers appellent des sentinelles (la batterie n’a pas de w.C.) et en fit la remarque au capitaine assez brutalement. Ce dernier très embêté insinua que les Noirs devaient être coupables, mais le colonel répondit : « Les Noirs ne se servent pas de papier », puis satisfait d’avoir démontré sa perspicacité, il acheva de grimper et l’incident n’eut pas de suites… » (2). La rue Canard, aussi appelée allées Canard, fut initialement baptisée, par le gouverneur Pinet-Laprade, rue d’Arlabosse, du nom d’un missionnaire, préfet apostolique du Sénégal de 1845 à 1848. Elle devint rue Canard en 1888, avant de changer à nouveau de nom en 1979, pour s’appeler aujourd’hui allées Robert Delmas, du nom d’un grand conseiller d’A.O.F. devenu député du Sénégal de 1968 à 1969. Sources : (1) Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. (2) Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995. ¬
  • Dakar, le Palais de Justice. – Construit en 1906, l’édifice, situé sur la place de l’Indépendance (alors Place Protet), devait conserver ces fonctions judiciaires jusqu’en 1959.Tandis que les audiences étaient transférées dans un nouveau palais de justice – d’architecture moderne, construit sur l’emplacement de l’hippodrome entre la Pointe Bernard, le Cap Manuel et l’institut Pasteur –, le bâtiment devint le siège de l’assemblée nationale, puis, plus tard, le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
  • Dakar, devant le marché européen, janvier 1941. Photo d’amateur, légende manuscrite. – Il s’agit, bien sûr, du marché Kermel. L’époque – début 1941 - est un peu particulière, puisque Dakar est alors la capitale vichyste de l’Afrique noire. Elle vient de repousser, quelques mois auparavant, une tentative de débarquement des forces de la France libre – dirigées par De Gaulle lui-même - et de la marine britannique, les 23 et 24 septembre 1940. La farouche opposition dakaroise tient pour partie à la défiance de la marine française envers les Anglais, qui venaient de mener une attaque très destructrice et meurtrière contre la flotte nationale dans le port algérien de Mers-el-Kébir. Elle tient aussi à la personnalité du gouverneur-général Pierre Boisson, nommé deux mois plus tôt à la tête de l’AOF et de l’AEF par Vichy (alors même que l’AEF, qu’il gouvernait jusque là, avait formellement rallié le gaullisme au lendemain de son départ de Brazzaville pour Dakar). Il resta encore fidèle à Pétain  jusqu’au 22 novembre 1942, deux semaines après le débarquement des troupes américaines au Maroc et alors que la plupart des colonies vichystes avaient rejoint le camp des alliés. Signe de sa détermination antigaulliste, il négocie son ralliement à Darlan – le chef de l’armée française d’Afrique qui vient de passer dans le camp des alliés – en excluant toute ingérence gaulliste sur le territoire. Durant les tractations, le 19 novembre 1942, le résistant Adolphe Gaétan fut même fusillé à Dakar, pour « menées gaullistes ». Pierre Boisson sera remplacé en novembre 1943, poursuivi et révoqué par le tribunal d’Alger durant la guerre puis condamné par la Haute cour de justice en 1948, peu avant sa mort. La bataille de Dakar, en septembre 1940, fit de gros dégâts et de nombreuses victimes civiles dans la ville. Elle se solda par un fiasco militaire pour les assaillants, et par un cuisant revers politique pour De Gaulle et Churchill, qui faillit alors être démissionné.
  • Tirailleur sénégalais. - 212 000 Africains de toute l’AOF, prirent part en tant que tirailleurs sénégalais aux hostilités de la Grande guerre, dont 165 000 sur le sol métropolitain. 30 000 furent tués. Le corps des tirailleurs sénégalais avait été créé en 1857 par Louis Faidherbe, alors gouverneur général de l’AOF, pour palier, en cette époque de conquête coloniale, le déficit de troupes venant de Métropole. Initialement composés d’esclaves rachetés à leurs maîtres africains et affranchis et de volontaires issus des élites locales, les régiments de tirailleurs sénégalais s’apparentent à des troupes mercenaires. Mais la mobilisation de tous les Africains de plus de 18 ans décidée en 1915, et leur engagement pour défendre la Nation, vont en faire un corps d’engagés et de conscrits des plus légitimes. 17 régiments de tirailleurs sénégalais participent à la bataille de la Somme, subissant d’importantes pertes qui vaudront au Général Mangin, par ailleurs promoteur des troupes africaines, le surnom de « boucher des noirs ». - Cette remarquable photo, publiée en carte postale,  fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928). On lui doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade, tout près du marché Kermel.
  • Dakar, les Allées Canard. - Henri Philibert Canard (1824-1894) était colonel de cavalerie. Il fut commandant de Gorée, puis gouverneur du Sénégal entre 1881 et 1883. – « On ne peut toucher à Gorée sans saluer en passant l’héroïque figure du commandant Canard, qui gouverne ce petit établissement. Depuis près de trente ans, le brave officier n’a pas quitté le Sénégal ; c’est l’incarnation, sur cette terre, de l’originalité et de la bravoure française. On ferait un volume avec ce qu’on nous a raconté de lui à Dakar. Le Sénégal a encore besoin pendant longtemps d’un homme d’action. Pourquoi ne l’enverrait-on pas à Saint-Louis ? c’est l’homme qui connaît le mieux le Sénégal, et on ne saurait trouver un plus digne successeur de Faidherbe » (1). « Dakar, juillet 1883. […] Ces jours derniers, le Colonel Canard, Gouverneur du Sénégal, vint inspecter Dakar et il honora la batterie d’une visite. Cette batterie est un fort situé à la pointe de Dakar. […] Donc, le colonel Canard s’en vint à la batterie, mais en vieux malin, au lieu de venir par l’entrée, comme tout le monde, il grimpa par le talus, de pente assez raide ; il était suivi par un capitaine d’artillerie, par notre capitaine, par son officier d’ordonnance et par ton serviteur. Ce qui suit est assez rabelaisien. Mais je n’y puis rien ; le colonel aperçut nombreuses, ce que les troupiers appellent des sentinelles (la batterie n’a pas de w.C.) et en fit la remarque au capitaine assez brutalement. Ce dernier très embêté insinua que les Noirs devaient être coupables, mais le colonel répondit : « Les Noirs ne se servent pas de papier », puis satisfait d’avoir démontré sa perspicacité, il acheva de grimper et l’incident n’eut pas de suites… » (2). La rue Canard, aussi appelée allées Canard, fut initialement baptisée, par le gouverneur Pinet-Laprade, rue d’Arlabosse, du nom d’un missionnaire, préfet apostolique du Sénégal de 1845 à 1848. Elle devint rue Canard en 1888, avant de changer à nouveau de nom en 1979, pour s’appeler aujourd’hui allées Robert Delmas, du nom d’un grand conseiller d’A.O.F. devenu député du Sénégal de 1968 à 1969. Sources : (1) Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. (2) Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995.
  • Rufisque, la gare du DSL. - Les travaux de construction de la ligne de chemin de fer entre Dakar et Saint-Louis (DSL) commencent simultanément à partir de Rufisque et de Saint Louis en 1883, et le tronçon de 28 km entre Rufisque et Dakar est le premier à entrer en exploitation dès juillet 1883. La gare de Rufisque connaît un essor avec l’ouverture de la ligne vers Djourbel au début du XXème siècle. Cet embryon de la ligne Thiès-Kayes draine en effet un important trafic lié à l’arachide. Ainsi, en 1909, 45 000 t. d’arachide sont débarquées à la gare de Rufisque. Cette ville, qui s’est développée progressivement à partir du XIVème siècle sur un site initialement occupé par des villages de pécheurs, est alors le principal centre de traitement et d’exportation de l’arachide. Rufisque s’est imposée dans cette activité au cours du XIXème , grâce à sa situation géographique, à la porte du Cayor, et à son port. En 1880, 23 000 tonnes d’arachides sont exportées depuis Rufisque, soit plus de la moitié des exportations de la colonie. Centre commercial et administratif important, Rufisque devient une commune avant même Dakar, le 12 juin 1880. Mais elle connaît dès la fin des années 1920 un déclin inexorable. Ses activités portuaires sont concurrencées par celles d’autres villes, Dakar et Kaolack notamment. Son rayonnement a pali depuis que Dakar est devenu en 1902 la capitale de l’AOF et reçoit la majeure partie des investissements publics. L’âge d’or de Rufisque s’achève définitivement avec la crise économique des années 1930. La gare de Rufisque est classée parmi les monuments historiques du Sénégal depuis les années 1970.
  • Saint-Louis-du-Sénégal, départ du courrier fluvial. - Longtemps, le moyen le plus direct pour joindre l’intérieur du Sénégal et le Soudan, depuis l’extérieur du continent, resta la voie fluviale sur le fleuve Sénégal, de Saint-Louis jusqu’à Kayes. Au-delà, courrier, marchandises et voyageurs devaient emprunter les pistes soudanaises jusqu’au fleuve Niger et à nouveau la voie fluviale jusqu’au grands centres du Soudan. A compter de 1904, le chemin de fer entre Kayes et Bamako (et le port de Koulikoro pour le trafic fluvial sur le Niger) vint grandement améliorer la partie terrestre du trajet. En 1924, la mise en service du tronçon ferroviaire entre Thiès et Kayes, mettant Bamako à moins de deux jours de train du port de Dakar, scella le déclin de la navigation commerciale sur le fleuve Sénégal. Le port de Saint-Louis avait quant à lui commencé à péricliter à mesure que se développait celui de Dakar, la ville étant devenue capitale de l’AOF en 1902.
  • Peulhes du Cayor. – Eleveurs nomades, les Peuhls sont présents dans presque tout le Sénégal où ils représentent, quand les autorités coloniales s’avisent de recenser les ethnies, le troisième groupe par le nombre. En pays wolof, comme dans le Cayor, ils s’emploient alors en tant que gardiens de troupeaux. « La réputation de beauté des femmes peul est souvent justifiée. Elles se noircissent les yeux et se teignent au henné les ongles et les paumes. L’habitude ancienne était de leur tatouer les lèvres en bleu » (1). « Oppa, jeune Toucouleur, passe pour être jolie. Ses traits représentent fidèlement les caractères de sa race formée d’un croisement de Peulhs et de Bamabaras. […] elle doit aux premiers, Berbères de l’antique Egypte, l’ovale de son visage, ses lèvres relativement minces, son nez à tendances aquilines, ses attaches assez fines » (2). - Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade, tout près du marché Kermel.  Sources : (1) Deschamps, H., Le Sénégal et la Gambie, Paris, PUF, 1964. (2) Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908.
  • Gorée, réception du Gouverneur Anglais de la Gambie par le Gouverneur Général de l’Afrique Occidentale Française. – Il doit s’agir du gouverneur général Ernest Roume, qui dirigea aux destinées de l’AOF entre 1902 et 1907, accueillant son voisin britannique. Ce fut en effet le seul des gouverneurs généraux à résider - et à recevoir - à Gorée. L’Afrique occidentale française, créée en 1895, avait initialement Saint-Louis pour capitale. En 1902, le gouvernement fut transféré à Dakar sur ordre du président de la république française Emile Loubet. Le gouverneur général Roume, qui venait de prendre ses fonctions, entama le processus pour bâtir un palais à Dakar, et s’installa à Gorée pour la durée des travaux. Dans l’île, il occupa l’ancienne résidence du gouverneur de Gorée – qui devint ensuite un hôtel connu comme Relais de l’Espadon, abandonné aujourd’hui - sur la place du Gouvernement. Il fut, à partir de 1907, le premier occupant du tout nouveau palais dakarois. – « A Dakar, je me présente au gouverneur général et au commandant supérieur des troupes. [...] Le gouverneur général, M. Ernest Roume est un des plus grands coloniaux contemporains, véritable créateur du gouvernement général de l’Afrique occidentale. Alors qu’il était directeur au ministère des Colonies, il avait étudié l’organisation administrative de l’Indochine ; il veut avoir à Dakar l’instrument puissant que possède le gouverneur général d’Hanoï : un budget du gouvernement général, c’est-à-dire le moyen d’effectuer les grands travaux nécessaires au développement des colonies. » (1). Ernest Roume fut gouverneur général de l’AOF entre 1902 et 1907. Sources : (1) Gouraud, Général, Zinder, Tchad - Souvenirs d'un Africain, Paris, Plon, 1944.
  • Dakar, les courses, le départ. – Les compétitions hippiques constituent l’une des principales distractions de la société coloniale. La plupart des villes ouest-africaines d’importance possèdent ainsi un champ de courses. L’hippodrome de Dakar était situé au centre de la presqu’île, entre la Pointe Bernard, le Cap Manuel et l’institut Pasteur, à l’emplacement de l’actuel Palais de Justice (lequel est en passe d’être remplacé par un nouvel édifice, dont la construction s’achève non loin de la prison Rebeuse de Dakar). Outre les réunions hippiques, le lieu accueillait aussi des cérémonies religieuses musulmanes. C’est là notamment que se déroulait chaque année la Grande prière de la Tabaski. A cette époque, et jusqu’en 1959, le Palais de Justice occupait un bâtiment situé sur la place de l’Indépendance (alors Place Protet) devenu ensuite le siège de l’assemblée nationale puis le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur.
  • Saint-Louis, la plage à Guet N’Dar, premiers départs pour la pêche, le lancement des pirogues. – Les habitants de Guet N’Dar, le quartier de Saint-Louis situé entre le petit bras du fleuve Sénégal et l’océan, sont réputés pour leurs qualités de pêcheurs et de navigateurs. A l’époque coloniale, la pêche, activité artisanale et spécifiquement indigène, était peu considérée par les acteurs économiques établis. Ainsi, elle n’était pas prise en compte par les Chambres de commerce, d’agriculture et d’industrie de Dakar et de Saint-Louis, qui géraient pourtant les activités maritimes de la colonie - notamment en exploitant les ports fluvio-maritimes grâce à une flottille de remorqueurs et chalands. Depuis cette époque, la pêche piroguière sénégalaise a connu une forte expansion. Au cours des cinquante dernières années, le nombre d’embarcations traditionnelles a été multiplié par cinq, et les prises de poisson continuent encore actuellement de croître, atteignant 361 000 tonnes en 2007. Directement ou indirectement, le secteur emploie 15 % de la population active du Sénégal. Les pêcheurs de Saint-Louis louent quelques fois leurs services à en capturant du poisson pour des flottes étrangères stationnées au large. Contrairement à une idée souvent véhiculée par la presse occidentale et sénégalaise, les pêcheurs sénégalais ne sont que très marginalement impliqués dans l’émigration irrégulière et périlleuse vers les îles Canaries, avant poste des frontières européennes (1) – Le photographe Pierre Tacher (1875-1938), qui signe ce cliché, fut l’éditeur de cartes postales le plus prolixe de Saint-Louis au début du Xxème siècle. Il repose au cimetière de Sor, un quartier de Saint-Louis, aux côtés de son fils que l’on peut voir sur une autre image du site. Sources (1) Sall, Aliou et Morand, Pierre.
  • Traitant et ses femmes (dans le Saloum). - Ce commerçant à la famille  prospère symbolise bien le statut particulier de sa fonction dans l’agriculture d’alors : celle d’intermédiaire, de prêteur, de marchand. Ainsi, les traitants achetaient aux paysans la partie non vivrière de leurs récoltes (généralement de l’arachide ou du karité au Sénégal), pourvoyaient à leurs besoins par des prêts en période de soudure, et leur vendaient tous produits manufacturés tels que vêtements et ustensiles. Les traitants, qui venaient souvent de Saint-Louis, sont devenus l’échelon local de comptoirs tenus par des colons ou par des commerçants syro-libanais.
  • Dakar, au camp des tirailleurs. - 212 000 Africains, de toute l’AOF, prirent part en tant que tirailleurs sénégalais aux hostilités de la Grande guerre, dont 165 000 sur le sol métropolitain. 30 000 furent tués. Le corps des tirailleurs sénégalais avait été créé en 1857 par Louis Faidherbe, alors gouverneur général de l’AOF, pour palier, en cette époque de conquête coloniale, le déficit de troupes venant de Métropole. Initialement composée d’esclaves rachetés à leurs maîtres africains et affranchis, et de volontaires issus des élites locales, les régiments de tirailleurs sénégalais s’apparentent à des troupes mercenaires. Mais la mobilisation de tous les Africains de plus de 18 ans décidée en 1915, et l’engagement pour défendre la Nation vont en faire un corps d’engagés et de conscrits des plus légitimes. 17 régiments de tirailleurs sénégalais participent à la bataille de la Somme, subissant d’importantes pertes qui vaudront au Général Mangin, par ailleurs promoteur des troupes africaines, le surnom de « boucher des noirs ». - Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Saint-Louis, route de Sor. – L’île de Sor, située en face de l’île portant le centre ville de Saint-Louis, commence à se développer au XIXème siècle, à mesure que ses marécages sont assainis. Son aménagement, pour en faire une ville jumelle de Saint-Louis sous le nom de Saint-Philippe, avait été envisagé dès 1837 par le ministre de la Marine et des colonies de Louis-Philippe. Le projet, qui avait fait long feu, est relancé en 1852, et l’on baptise alors le nouveau quartier, implanté au nord de la vaste île, Bouetville en référence au gouverneur Bouet-Willaumet (1843-1845). Mais le lieu, isolé du centre par le grand bras du fleuve Sénégal, n’attire pas encore beaucoup d’habitants ; il n’en compte que 308 en 1857. La mise en place d’un bac régulier en 1858, puis d’un pont en 1865 par Faidherbe, facilite l’implantation humaine. L’arrivée du chemin de fer en 1885, dont l’ensemble des installations saint-louisiennes est déployé à Sor, va contribuer au développement du sud de l’île, baptisé Léona. Progressivement, les quartiers et les sous quartiers de Sor se structurent et se peuplent, dans un environnement luxuriant de cocotiers, de filaos et de prosopis verts. Au moment où le Sénégal accède à l’indépendance, en 1960, Sor compte 24 352 habitants.– Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Dakar, Môle ouest et travaux du port – La ville de Dakar, devenue en 1902 la capitale de l’AOF, reçoit dès lors de forts investissements publics, pour développer les infrastructures tant civiles que militaires. Progressivement, le port qui est desservi par le chemin de fer à partir de1883, s’impose devant les autres installations du pays, et notamment Rufisque et Saint Louis. La machine à la manœuvre est la locomotive n°2 de type 030 T, fabriquée par les ateliers des Batignolles à Paris en 1883. – Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Place de Saint-Louis. – « Elle est du reste fort intéressante cette ville de Saint-Louis, Ndar, de son nom ouolof, bâtie dans le delta du Sénégal, sur une île ovale de plus de deux kilomètres de longueur. Ils aimaient surtout, le soir, vers quatre ou cinq heures, à faire un tour dans le centre de l’île, sur la belle place où se dresse la statue de Faidherbe, devant l’ancien palais du Gouverneur général, au milieu du quartier crétian (chrétien) aux rues larges, aux maisons propres et bien bâties. A cette heure-là, ils pouvaient jouir du coup d’œil pittoresque que forment les allées et venues des promeneurs, officiers, fonctionnaires ou colons, et les belles « signares » étalant la splendeur de leurs brillants atours » (1) – L’auteur évoque, dans ce texte publié en 1910, « l’ancien palais du Gouverneur général », en effet Saint-Louis, qui était la capitale du gouvernement général de l’AOF depuis la création de cette entité en 1895, a été dépossédée de sa place prépondérante au profit de Dakar en 1902. Par le passé, entre 1779 et 1809 quand elle fut prise par les Anglais, la ville avait abrité quatre gouverneurs successifs chargés des établissements français - « au nom du roi » pour les premiers -, parmi lesquels le fameux Chevalier de Boufflers dont l’histoire inspira le film Les Caprices d’un fleuve. Après 1816, Saint-Louis redevint la capitale du Sénégal, abritant le « Commandant et Administrateur pour le Roi du Sénégal et Dépendances ». En 1840, le titre du dépositaire du pouvoir avait changé pour devenir « Gouverneur du Sénégal et Dépendance » (2). Sources : (1) Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. LibrairieVuibert, 1910. (2) Brigaud, Félix, Vast, Jean, Saint-Louis du Sénégal, Dakar, Ed. Clairafrique, 1987.
  • Dakar, Phare des Mamelles, le plus important de la Côte d’Afrique (feu à éclats, portée : 26 milles). – Achevé en 1864, au bout de la presqu’île du Cap-vert  sur la pointe la plus occidentale du continent africain, le phare des Mamelles est équipé d’une lampe à pétrole. Son éclat blanc perce la nuit d’un toutes les cinq secondes, grâce à un système de balanciers faisant tourner la lentille. Il reste longtemps le plus puissant d’Afrique, portant à 53 km, avant d’être surpassé par le phare du Cap, en Afrique du Sud, visible à 63 km. Il est aujourd’hui équipé d’une lampe électrique de 1000 watts, mais l’allumage reste manuel, et un gardien chargé de cette tâche quotidienne occupe avec sa famille le logement situé au pied de la tour.
  • Dakar, en gare. – « Le train du Soudan part tous les mardis. Alors les bateaux s’arrangent pour arriver le mercredi ! [...] Les voyageurs arrivaient avec tant de colis que tous avaient l’air d’épiciers en gros qui déménageaient ! [...] Un beau noir me précédait au guichet. Un électeur de Blaise. Ainsi ses frères appellent-ils M. Diagne. L’électeur était coiffé d’un chapeau dit melon et qui avait du servir une quinzaine d’années, comme objet d’expérience, à ces camelots de rues barrées, vendeurs de savons qui détachent ! « Tiens, donne m’en pour cinquante francs. » La traite des arachides terminée, les Sénégalais ont un peu d’argent ; alors ils vont se promener. Ils ne vont ni à Thiès, ni à Saint-Louis, ni à Kayes. Ils vont jusqu’à cinquante, quatre-vingts, cent francs, suivant leur fortune. Aux arrêts ont les voient à la portière criant : « Bonjour, Mamadou ! Bonjour, Galandou ! Bonjour, Bakari ! Bonjour, Gamba ! » Ils se montrent à leurs connaissances dans la noble situation de voyageur. Ils sont fiers. Après, ils reviennent - à pied ! Le train démarra, il allait courir sur douze cents kilomètres de voie ». Source : Londres, Albert, Terre d’ébène, Paris, Albin Michel, 1929.
  • Saint-Louis, les bords du petit bras du fleuve à Guet-N’Dar. - « La ville de Saint-Louis est bâtie sur une langue de sable, qu’on peut à la rigueur appeler une île, située presque au point de départ de deux bras du fleuve Sénégal, à environ douze mille de son embouchure. Cet îlot atteint à peine trois kilomètres de long, sur une largeur qui n’excède pas deux cents mètres ; sur toute l’étendue de la ville règnent des quais ou maçonneries bâtis sur pilotis. […] Saint-Louis communique par deux magnifiques ponts à la terre ferme, le pont fixe de Guet N’Dar sur le petit bras, et le pont de bateau mobile sur le grand bras, appelé pont de Sor. » (1) - Le quartier de Guet N’Dar, où vivaient et travaillaient dès la moitié du XIXème siècle les grandes familles de commerçants métis comme les Devès, les Carpot ou les Guillabert, abrite de nos jours essentiellement des pêcheurs. Source (1) : Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879.
  • Dakar, Palais du Gouvernement. -  En 1902, tandis que Dakar devient la capitale de l’AOF, la construction du palais est décidée, puis entamée, sur ordre de  Gaston Doumergue, alors ministre des colonies. A l’issue de cinq ans de travaux, le bâtiment est inauguré le 28 juin 1907, et son premier occupant est le gouverneur Ernest Roume, qui a depuis donné son nom à la rue qui passe devant le palais. Tous les gouverneur coloniaux s’y sont succédés, jusqu’au dernier d’entre eux, Pierre Mesmer (1958-1959), avant que l’indépendance n’en fasse le Palais de la République et que ce soient les chefs de l’Etat sénégalais qui y résident. Différentes réfections, menées au fil du temps, ont abouti au style architectural actuel, fait de lignes sobres et monumentales. A l’origine, comme le montre le cliché de Fortier, le bâtiment, surmonté d’une tour inspirée du Trocadéro de Paris, avait une facture néo-classique un plus chargée. - Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928), à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Dakar, activité sur les quais au port. – Il s’agit d’une « photocarte », c’est à dire d’un cliché amateur vraisemblablement unique, et tiré par le photographe lui-même sur un papier portant les mentions habituelles d’une carte postale, sans légende imprimée. Ce détail technique situe la scène avant la première guerre mondial. - « Dans le port même se montrait la plus fiévreuse activité. [...] De nombreux paquebots de tous pays, de formes et de dimensions variées, étaient là, amarrés côte à côte. Des bataillons de noirs chargeaient ou déchargeaient des navires. De légères barques à voile se balançaient gracieusement entre de lourds chalands pleins de marchandises et de frêles esquifs aux noirs rameurs. Aucune vague ne troublait le calme des eaux du port légèrement ridées par des pagayeurs agiles. Sur le quai, au milieu des ballots amoncelées, des grues, des cordages et des chaînes, une foule espiègle de gamins tout nus, la peau noire et luisante, allait et venait, gambadait, chantait et criait à tue-tête... » Source : Decourt, Dr Ferdinand, La famille Kerdalec au Soudan, Paris, Ed. Librairie Vuibert, 1910.
  • Saint-Louis, arrivée du courrier du Soudan. Quais St-Louis. Messageries fluviales. - Longtemps, le moyen le plus direct pour joindre le Soudan occidental depuis l’extérieur du continent, resta la voie fluviale sur le fleuve Sénégal, depuis Saint-Louis jusqu’à Kayes. Au-delà, courrier, marchandises et voyageurs devaient emprunter les pistes soudanaises jusqu’au fleuve Niger et à nouveau la voie fluviale jusqu’au grands centres du Soudan. A compter de 1904, le chemin de fer entre Kayes et Bamako (et le port de Koulikoro pour le trafic fluvial) vint grandement améliorer la partie terrestre du trajet. En 1924, la mise en service du tronçon ferroviaire entre Thiès et Kayes, mettant Bamako à moins de deux jours de train du port de Dakar, scella le déclin de la navigation commerciale sur le fleuve Sénégal.
  • Dakar, Hann. – « Mon repas terminé, le brave Gueyrard m’apprit qu’à six milles de là, dans l’oasis de Khann, les disciplinaires, comme on les appelle ici, avaient créé un autre jardin beaucoup plus beau et plus important que celui que je venais de voir, et au lieu de m’abandonner aux douceurs de la sieste, je résolus de m’y rendre sous la conduite d’un noir ; à tout hasard, je pris mon petit fusil de chasse pour commencer la collection d’oiseaux que je m’étais bien promis de faire au départ. Un peu avant d’arriver au parc, je rencontrai un bouque de ces magnifiques palmiers connus sous le nom d’élaïs, dont la plupart atteignent des hauteurs de quatre-vingts à cent pieds. Le tronc de cet arbre est de couleur noirâtre et marqué de cicatrices annulaires, résultat de la chute annuelle de chaque faisceau de feuilles ; il conserve presqu’un pied de diamètre dans toute sa longueur, et sa cime est couronnée de feuilles divisées très-irrégulièrement comme celles de tous les palmiers. Les fruits, qui viennent en tous temps, de façon que l’arbre est toujours couvert de fleurs et de fruits, sont supportés sur un régime long d’environ un pied et demi, gros et très-serré, ils ressemblent à une prune mirabelle. On m’en donna à goûter et je les trouvai exquis. Je n’ai vu cet arbre nulle part dans l’Inde, ni dans l’Extrême Orient. » Source : Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879.
  • Dakar, les allées Canard. - Henri Philibert Canard (1824-1894) était colonel de cavalerie. Il fut commandant de Gorée, puis gouverneur du Sénégal entre 1881 et 1883. – « On ne peut toucher à Gorée sans saluer en passant l’héroïque figure du commandant Canard, qui gouverne ce petit établissement. Depuis près de trente ans, le brave officier n’a pas quitté le Sénégal ; c’est l’incarnation, sur cette terre, de l’originalité et de la bravoure française. On ferait un volume avec ce qu’on nous a raconté de lui à Dakar. Le Sénégal a encore besoin pendant longtemps d’un homme d’action. Pourquoi ne l’enverrait-on pas à Saint-Louis ? c’est l’homme qui connaît le mieux le Sénégal, et on ne saurait trouver un plus digne successeur de Faidherbe » (1). « Dakar, juillet 1883. […] Ces jours derniers, le Colonel Canard, Gouverneur du Sénégal, vint inspecter Dakar et il honora la batterie d’une visite. Cette batterie est un fort situé à la pointe de Dakar. […] Donc, le colonel Canard s’en vint à la batterie, mais en vieux malin, au lieu de venir par l’entrée, comme tout le monde, il grimpa par le talus, de pente assez raide ; il était suivi par un capitaine d’artillerie, par notre capitaine, par son officier d’ordonnance et par ton serviteur. Ce qui suit est assez rabelaisien. Mais je n’y puis rien ; le colonel aperçut nombreuses, ce que les troupiers appellent des sentinelles (la batterie n’a pas de w.C.) et en fit la remarque au capitaine assez brutalement. Ce dernier très embêté insinua que les Noirs devaient être coupables, mais le colonel répondit : « Les Noirs ne se servent pas de papier », puis satisfait d’avoir démontré sa perspicacité, il acheva de grimper et l’incident n’eut pas de suites… » (2). La rue Canard, aussi appelée allées Canard, fut initialement baptisée, par le gouverneur Pinet-Laprade, rue d’Arlabosse, du nom d’un missionnaire, préfet apostolique du Sénégal de 1845 à 1848. Elle devint rue Canard en 1888, avant de changer à nouveau de nom en 1979, pour s’appeler aujourd’hui allées Robert Delmas, du nom d’un grand conseiller d’A.O.F. devenu député du Sénégal de 1968 à 1969. Sources : (1) Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. (2) Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995.
  • Saint-Louis, pendant la construction du Pont Faidherbe. – Pendant la construit du pont métallique Faidherbe, inauguré en 1897, le pont de bateaux inauguré en 1865, et qui s’appelait déjà pont Faidherbe, reste en service. La traversée du grand bras du fleuve Sénégal, entre le quartier continental de Sor et l’île de Saint-Louis, était assurée depuis 1865 par un bac. Le nouveau pont Faidherbe, possède, comme le pont de bateaux avant lui, un point de passage pour les navires. En l’occurrence, la deuxième travée, à partir de la rive saint-louisiènne est mobile autour d’un pivot situé sur une pile. Le pont fait 511 mètres de longs, pour 10,50 mètres de large, avec une chaussée de 7 mètres et deux trottoirs piétons de 1,60 mètres. Ce projet avait été choisi pour son esthétique ; elle ne fut pas altérée par la restauration intervenue en 1931.
  • Dakar, le café Protêt. – « La place Protêt, avec son kiosque à musique et son monument aux morts en bordure du boulevard, entourée par le café Protêt, l'Eglise, le Palais de Justice (Ministère des Affaires Etrangères) et la Délégation du Cap-vert (Gouvernance) faisait face au Secrétariat Général du Gouvernement Général de I'AOF qui s'étendait jusqu'à la rue Thiers sur laquelle donnait entre autres la villa de Maître Gay, notaire, adossée au Théâtre du Palais qui allait avec ses coulisses et ses dépendances jusqu'à la rue Colbert. » (1). Le café et la place Protêt, devenue place de l’Indépendance, portent le nom du contre-amiral malouin Auguste-Léopold Protêt (1808-1862), qui fonda la ville de Dakar, après avoir pris possession de la presqu’île du Cap Vert et créé, le 25 mai 1857, un établissement français près du modeste village de pêcheurs de Dakar. Il était alors commandant des forces navales des côtes occidentales d'Afrique et commandant de l'île de Gorée, après avoir été, de 1850 à 1854, gouverneur du Sénégal. Parti servir en Extrême-Orient en 1859, il devait périr dans des combats autour de Shanghai en 1862. Le Café Protêt est un des vingt bars répertoriés à Dakar en 1948 (2) : Air Hôtel, Au bon coin, Bar de l'hôtel de ville, La Paillote, Brasserie de l'AOF, Brasserie Le Cosmos, Brasserie du Globe, Brasserie des Palmiers, Café Central, Café Dagorne, Café de Paris, Café Protêt, Chez Lucie, Excelsior bar, Hanoï, la Corvette, Le Grammont, Le Klondyke, Le Ponty, Novelty-bar, Rustict-bar, Taverne Cyrnos. Parmi ceux-ci, La Corvette, le Hanoï et Le Ponty perdurent ou existaient encore récemment. A cette époque, la ville comptait également vingt restaurants et cafés-restaurant comme Le Métropole, le Comme chez soi, Le jardin d'été,le Farid, Le Paddock, le Pavillon chinois, Le Palais, Le petit poucet, le Marie-Louise, le restaurant des Gourmets, la pension de l'Etoile, la pension Fèvre, le Thérèse, le café-restaurant de Bordeaux, le café-restaurant de l'Est, le café-restaurant de France, El Monico et l'Escale. Enfin six dancings étaient répertoriés alors : le Lido, le Jardin d'été et le Pavillon chinois, le Jockey, le Grammont et le Bodega's. Sources : (1) Diop, Birago, La plume raboutée, Paris, La Plume raboutée, Présence Africaine / Les Nouvelles Éditions Africaines, 1978. (2) Guid’AOF, Dakar, Agence Havas AOF, 1948.
  • Rufisque, la maire, avant 1904. – La ville de Rufisque s’est développée progressivement à partir du XIVème  siècle sur un site initialement occupé par des villages de pécheurs. Elle va s’imposer au cours du XIXème siècle comme principal centre de traitement et d’exportation de l’arachide, grâce à sa situation géographique, à la porte du Cayor, et à son port. En 1880, 23 000 tonnes d’arachides sont exportées depuis Rufisque, soit plus de la moitié des exportations de la colonie. Centre commercial et administratif important, Rufisque devient une commune avant même Dakar, le 12 juin 1880. L’avènement du chemin de fer, dont la construction commence à la fois à Saint-Louis et à Rufisque en 1883, va renforcer encore la position de la ville. Avec l’ouverture de la ligne vers Djourbel, au début du XXème siècle, l’activité de Rufisque connaît un essor. Cet embryon de la ligne Thiès-Kayes renforce encore le trafic lié à l’arachide. Ainsi, en 1909, 45 000 t. d’arachide sont débarquées à la gare de Rufisque. Mais, dès la fin des années 1920, Rufisque connaît un déclin inexorable. Ses activités portuaires sont concurrencées par celles d’autres villes, Dakar et Kaolack notamment. De plus, son rayonnement a pali depuis que Dakar est devenue en 1902 la capitale de l’AOF, et reçoit la majeure partie des investissements publics. L’âge d’or de Rufisque s’achève définitivement avec la crise économique des années 1930. A visiter : http://www.rufisquenews.com/rufisque_une_ville_une_histoire.html
  • Thiès, la rue principale. - Thiès est le chef lieu du cercle du même nom, lequel compte, en 1948, une population de 2797 Européens et 272 692 Africains, dont 144 330 Ouoloffs, 91 754 Sérères et 12 369 Peuhls, pour une densité de 40,5 hab/km². La ville elle-même compte 24 783 Africains, 1350 Européens et 624 étrangers. Par comparaison, le recensement mené pour la ville de Dakar au début de cette même année 1948, dénombre 192 567 habitants, dont 167 055 non européens (troupes comprises), 16 112 Français, 500 étrangers (non compris les Libano-Syriens), 400 Français métis, 4500 Libano-Syriens et 4000 ressortissants étrangers non européens (principalement Portugais). Source : Guid’AOF, édition 1948.
  • Saint-Louis, une halte de Goumiers à Guet N’Dar. – L’origine du nom de ce quartier de Saint Louis, situé sur la langue de Barbarie entre le petit bras du fleuve et l’océan, fait débat. Pour certains, ce serait un dérivé de guetti, qui signifie « aller à la pêche » ; l’habileté de ses habitants pour cette activité est reconnue de longue date. D’autres soutiennent qu’il s’agit d’une déformation du mot gueth, la mer, expliquée par la proximité immédiate de l’élément marin. D’autres encore rapportent ce nom à la présence au sommet de la dune, depuis le XVIIIème siècle, d’une batterie de défense chargée de faire le guet. Enfin, l’explication la plus répandue chez les Guet-N’Dariens, est fondée sur le mot guet en wolof, qui signifie «  parc à bestiaux » ; les Maures laissaient en effet autrefois leurs chameaux et leurs ânes en ce lieu. Le quartier, où vivaient et travaillaient dès la moitié du XIXème siècle les grandes familles de commerçants métis comme les Devès, les Carpot ou les Guillabert, abrite de nos jours essentiellement des pêcheurs. Le cliché semble avoir été pris dans l’avenue Dodds. Les Goumiers, soldats berbères marocains de l’armée française, appartiennent au Groupement de tabors marocains fondé en 1908 et dissous en 1956. Ils étaient vraisemblablement stationnés à la caserne, construite à l’origine pour les tirailleurs sénégalais en 1857, située un peu plus loin sur la route militaire Faidherbe qui suit l’allée de Cocotiers, laquelle prolonge l’avenue Dodds. Plus loin, à une quinzaine de kilomètres au nord, la Tour de N’Diago, constitue la défense la plus avancée contre d’éventuelles attaques des Maures.
  • Une rue de Gorée, avant 1904. – « Grâce aux paquebots, et au commerce qui s’y développe rapidement de jour en jour, Dakar et Gorée réunies sont destinées à détrôner bientôt Saint-Louis leur métropole. Dans cinquante ans, la France peut avoir là un centre important qui monopoliserait tout le trafic de l’intérieur… […] La veille du départ, nous allâmes visiter Gorée. […] Cette petite île manque absolument de tout, même d’eau potable ; quand les citernes sont à sec, on est obligé d’en aller chercher à l’oasis de Khann ; […] Malgré l’obligation où ses habitants sont de tout tirer de la terre ferme, qui heureusement n’est qu’à quelques minutes de canot, Gorée est une station agréable et très-recherchée ; l’air y est frais et tempéré, et beaucoup de malades de Saint-Louis et de la Gambie viennent s’y rétablir. La ville occupe plus des deux tiers de la superficie totale de l’île, et les maison, construites avec vérandah et terrasses sur un seul étage, sont vastes, bien aérées, élégantes et solides » (1). – Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. Source : (1) Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879.
  • Vendangeuse offrant du raisin à un blessé Sénégalais. - 212 000 Africains, de toute l’AOF, prirent part en tant que tirailleurs sénégalais aux hostilités de la Grande guerre, dont 165 000 sur le sol métropolitain. 30 000 furent tués. Le corps des tirailleurs sénégalais avait été créé en 1857 par Louis Faidherbe, alors gouverneur général de l’AOF, pour palier, en cette époque de conquête coloniale, le déficit de troupes venant de Métropole. Initialement composée d’esclaves rachetés à leurs maîtres africains et affranchis,  et de volontaires issus des élites locales, les régiments de tirailleurs sénégalais s’apparentent à des troupes mercenaires. Mais la mobilisation de tous les Africains de plus de 18 ans décidée en 1915, et l’engagement pour défendre la Nation vont en faire un corps d’engagés et de conscrits des plus légitimes. 17 régiments de tirailleurs sénégalais participent à la bataille de la Somme, subissant d’importantes pertes qui vaudront au Général Mangin, par ailleurs promoteur des troupes africaines, le surnom de « boucher des noirs ».
  • Louga, la gare. – « Louga (Sénégal) février 1885. […] N’ayant rien trouvé dans le commerce, j’entrai à la Compagnie du chemin de fer de Dakar à St-Louis, dont la construction s’achève. On m’envoya ici [à Louga], quatrième station depuis St-Louis, je ne savais rien, ni de la compagnie, ni des règlements ni du télégraphe. Je me suis acharné sur le « Bréguet » et je puis tout de même recevoir et passer une dépêche, pourvu que mes voisins n’aillent pas trop vite. La gare est une construction en bois et briques : un bureau, une chambre à coucher, une salle à manger et une cuisine. J’ai des appointements superbes : 200 francs par mois. […] Près de la gare, un village s’est créé depuis peu : de simples cases de paille, habitées par des commerçants indigènes, des traitants comme on les appelle, car le commerce des arachides se nomme la traite. La plupart de ces traitants sont convenables, et l’un d’eux, nommé Cambel, Ouolof de St-Louis, discret et bien élevé, vient souvent causer avec moi. […] Les voyageurs européens profitent de l’arrêt du train pour venir se rafraîchir ; ils savent qu’il y a dans la salle à manger une gargoulette pleine d’eau fraîche, avec un peu d’absinthe. Le train venant de St-Louis passe à 9 heures du matin et revient à 3 heures du soir ». Source : Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995. - Cette carte postale fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade. – Quoique contemporains, ils sont nés tous deux en 1862, Albert Nebout et Edmond Fortier ne se sont vraisemblablement jamais rencontrés, le premier ayant connu le Sénégal entre 1882 et 1890, et le second étant arrivé à Dakar en 1900.
  • Dakar, rue Canard. – Henri Philibert Canard (1824-1894) était colonel de cavalerie. Il fut commandant de Gorée, puis gouverneur du Sénégal entre 1881 et 1883. – « On ne peut toucher à Gorée sans saluer en passant l’héroïque figure du commandant Canard, qui gouverne ce petit établissement. Depuis près de trente ans, le brave officier n’a pas quitté le Sénégal ; c’est l’incarnation, sur cette terre, de l’originalité et de la bravoure française. On ferait un volume avec ce qu’on nous a raconté de lui à Dakar. Le Sénégal a encore besoin pendant longtemps d’un homme d’action. Pourquoi ne l’enverrait-on pas à Saint-Louis ? c’est l’homme qui connaît le mieux le Sénégal, et on ne saurait trouver un plus digne successeur de Faidherbe » (1). «  Dakar, juillet 1883. […] Ces jours derniers, le Colonel Canard, Gouverneur du Sénégal, vint inspecter Dakar et il honora la batterie d’une visite. Cette batterie est un fort situé à la pointe de Dakar. […] Donc, le colonel Canard s’en vint à la batterie, mais en vieux malin, au lieu de venir par l’entrée, comme tout le monde, il grimpa par le talus, de pente assez raide ; il était suivi par un capitaine d’artillerie, par notre capitaine, par son officier d’ordonnance et par ton serviteur. Ce qui suit est assez rabelaisien. Mais je n’y puis rien ; le colonel aperçut nombreuses, ce que les troupiers appellent des sentinelles (la batterie n’a pas de w.C.) et en fit la remarque au capitaine assez brutalement.  Ce dernier très embêté insinua que les Noirs devaient être coupables, mais le colonel répondit : « Les Noirs ne se servent pas de papier », puis satisfait d’avoir démontré sa perspicacité, il acheva de grimper et l’incident n’eut pas de suites… » (2). La rue Canard fut initialement baptisée, par le gouverneur Pinet-Laprade, rue d’Arlabosse, du nom d’un missionnaire, préfet apostolique du Sénégal de 1845 à 1848. Elle devint rue Canard en 1888, avant de changer à nouveau de nom en 1979, pour s’appeler aujourd’hui allées Robert Delmas, du nom d’un grand conseiller d’A.O.F. devenu député du Sénégal de 1968 à 1969. Sources : (1) Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. (2) Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995.
  • Saldé, chaland passant devant l’ancien fort. – « On débarqua à Saldé, poste militaire [colonne contre Abdoul Boubakar en 1883]. Il y a là une grosse tour carrée, assez semblable à un donjon du Moyen-Age, et construite par Faidherbe. Elle est absolument imprenable par les indigènes. Le rez-de-chaussée, où il n’y qu’une citerne et des approvisionnements, n’ouvre sur l’extérieur qu’au moyen de meurtrières. Un escalier extérieur, éloigné de deux mètres de la tour, permet, par un pont-levis, de pénétrer dans l’intérieur, au 1er étage. Quand le pont-levis est levé, le donjon est isolé. Il existe quelques fenêtres fermées par des volets de fer. La plate-forme, armée de deux canons, est crénelée ». Source : Correspondance d’Albert Nebout (1862-1940), rassemblée et publiée dans Nebout, Albert, Passions Africaines, Genève, Editions Eboris, 1995.
  • Dakar, Marché de Médina. – Carte postale expédiée en 1933. Le cinéma Sandaga, que l’on voit sur cette carte, détruit depuis, était situé aux abords du fameux marché du même nom. Cet établissement figurait dans la liste des cinémas de Dakar, publiée en 1948 par le Guid’AOF, comme Cinéma Médiana, aux côtés du Vox (37 ave Maginot), de l’Alhambra et du Pax.
  • Dakar, le building administratif du G. G. – Construit en 1953, sur les plans de M Cerutti-Maori, architecte en chef de l’AOF, cet immeuble, qui a 120 m de façade et dix étages de hauteur abrite les services du Gouvernement Général de l’AOF. La vue sur la presqu’île du Cap Vert et l’île de Gorée, depuis sa terrasse supérieure, est réputée. Cet imposant édifice est représentatif d’une époque où l’on introduit dans les capitales coloniales des techniques de construction basées sur le béton, techniques jusqu’alors réservées aux métropoles occidentales. Les nouveaux bâtiments, principalement concentrés dans la partie européenne des villes et s’élevant à de grandes hauteurs, renforcent le contraste architectural avec les quartiers indigènes où prédominent les constructions basses. Pendant un temps, ces immeubles vont se distinguer de leurs équivalents européens par l’adjonction sur les façades de pare-soleil et d’ouvertures en claustra, évitant la climatisation de tous les espaces intérieurs ; c’est le cas du building administratif de Dakar. Puis, la réduction du coût de l’énergie dans les années soixante, poussant à la généralisation du « tout climatisé », va entraîner la disparition de ces derniers signes spécifiques d’une architecture tropicale.
  • Le wharf de Rufisque pendant la traite des arachides. – La ville de Rufisque, qui s’est développée progressivement à partir du XIVème  siècle sur un site initialement occupé par des villages de pécheurs, devient au cours du XIXème siècle le principal centre de traitement et d’exportation de l’arachide. Elle s’est imposée dans cette activité, grâce à son port et à sa situation géographique, à la porte du Cayor. En 1880, 23 000 tonnes d’arachides sont exportées depuis Rufisque, soit plus de la moitié des exportations de la colonie, et en 1909, 45 000 tonnes. Centre commercial et administratif important, Rufisque devient une commune avant même Dakar, le 12 juin 1880. Mais elle connaît dès la fin des années 1920 un déclin inexorable. Ses activités portuaires sont concurrencées par celles d’autres villes, Dakar et Kaolack notamment. Son rayonnement a pali depuis que Dakar est devenue en 1902 la capitale de l’AOF et reçoit la majeure partie des investissements publics. L’âge d’or de Rufisque s’achève définitivement avec la crise économique des années 1930. A visiter : http://www.rufisquenews.com/rufisque_une_ville_une_histoire.html
  • Cathédrale de Saint-Louis, sortie de la messe. – La ville de Saint-Louis s’est développée autour du fort central, en un quartier « Kertian » au sud, où sont vivent les chrétiens, et un quartier « Lobo » au nord, abritant les esclaves et les employés, et où domine l’islam.  La ville comptait, en 1758 « 1401 habitants dont 169 chrétiens et 647 esclaves ». Au XVIIIème siècle, la vie religieuse des chrétiens est animée par les aumôniers des navires de commerce, qui viennent à la charge de la Compagnie des Indes, et restent parfois à poste fixe pendant quelques mois. Durant l’occupation anglaise (1758-1779), aucun prêtre n’est autorisé à rester à Saint-Louis, et à l’exception de l’éphémère passage deux missionnaires,  rescapés du naufrage du navire négrier qui les emmenait à Cayenne via Gorée et recueillis par le gouverneur anglais en 1778, toute l’activité religieuse chrétienne est organisée par les fidèles eux-mêmes. Avec la reprise de Saint-Louis par les Français en 1779, l’Eglise se réinstalle, en la personne de l’Abbé Déglicourt, un des missionnaires rescapés, qui avait été expulsé sur un bateau anglais, lequel fut capturé par des corsaires français à seulement sept lieues de Douvres ! En sommeil après la Révolution, l’activité de l’Eglise est relancée en 1819 avec l’implantation de la communauté des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny (suivie en 1841 par celle des Frères de Ploërmel), mais surtout par la construction dans le quartier Kertian de la cathédrale entre 1827 et 1828. C’est la première église bâtie dans la ville, qui n’avait disposé jusqu’alors que de lieux de culte sommaires, chapelle du fort, maison de l’aumônier, simple chambre dans les bâtiments administratifs puis chapelle à l’hôpital.
  • Pêcheurs près de Dakar. – La photo semble avoir été prise à l'Anse Bernard, on aperçoit l’île de Gorée à l’arrière plan. A l’époque coloniale, la pêche, activité artisanale spécifiquement indigène, n’est pas prise en compte par la principale instance de représentation des acteurs économiques qu’est la Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie (CCAI) de Dakar. Héritage de la Chambre de commerce de Gorée, qui avait été crée en même temps que celle de Saint-Louis en 1869, elle a été transférée à Dakar devenue capitale de l’AOF. Elle gère les activités portuaires et de pesage à Dakar, Rufisque et M’Bour, et possède pour ce faire une flottille de remorqueurs et chalands. La pêche piroguière sénégalaise a connu une forte expansion depuis cette époque. Ainsi, le nombre d’embarcations a été multiplié par cinq au cours des cinquante dernières années, et les prises de poisson continuent encore actuellement de croître, atteignant 361 000 tonnes en 2007. Le secteur emploie aujourd’hui, directement ou indirectement, 15 % de la population active du Sénégal.
  • Saint-Louis, l’avenue de la Gare. – Le bâtiment que l’on aperçoit au fond est la première gare de Saint-Louis. On l’appelait le « Bâtiment des voyageurs », elle fut inaugurée avec la ligne Dakar-Saint-Louis le 6 juillet 1885, et se situait sur l’emplacement des Travaux Publics dans le quartier de Léona à Sor. Ces terrains marécageux avaient été progressivement viabilisés dans la seconde moitié du XYX ème siècle. La voie ferrée se prolongeait au-delà de la gare, en bordure d’un marigot, jusqu’à la gare marine dont la jetée était sur la rive gauche. Le budget important alloué à sa construction, 150 000 francs, devait susciter quelques années plus tard la jalousie des  habitants de Conakry, qui n’eurent droit qu’à un édifice plus simple comme terminal de la ligne Conakry-Niger. L’ancienne gare de Saint-Louis fut remplacée dès 1909 par la gare actuelle, laquelle a été édifiée sur le site du premier cimetière de Sor.
  • Dakar, travaux du port, chantier des blocs. – La ville de Dakar, devenue en 1902 la capitale de l’AOF, reçoit dès lors de forts investissements publics, pour développer les infrastructures tant civiles que militaires. Progressivement, le port qui est desservi par le chemin de fer à partir de1883, s’impose devant les autres installations du pays, et notamment Rufisque et Saint Louis. La machine à la manœuvre est la locomotive n°2 de type 030 T, fabriquée par les ateliers des Batignolles à Paris en 1883. – Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Saint-Louis, les nouveaux quais du fleuve Sénégal (côtés nord). - « La ville de Saint-Louis est bâtie sur une langue de sable, qu’on peut à la rigueur appeler une île, située presque au point de départ de deux bras du fleuve Sénégal, à environ douze mille de son embouchure. Cet îlot atteint à peine trois kilomètres de long, sur une largeur qui n’excède pas deux cents mètres ; sur toute l’étendue de la ville règnent des quais ou maçonneries bâtis sur pilotis. […] Saint-Louis communique par deux magnifiques ponts à la terre ferme, le pont fixe de Guet N’Dar sur le petit bras, et le pont de bateau mobile sur le grand bras, appelé pont de Sor. Des batteries bien installées défendent les approches de la ville de tous côtés, et une plantée à Guet N’Dar s’oppose à toute tentative de débarquement ». Source : Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. – Pierre Tacher (1875-1938), à qui l’on doit cette prise de vue, est un des pionniers de la photographie professionnelle au Sénégal. Son abondant travail, centré sur la région de Saint-Louis où il exerçait, est diffusé en cartes postales. Il était notamment connu pour son automobile, un tacot poussif, qui lui avait valu le surnom de « Borom Teuf-Teuf ». Il repose, avec son fils que l’on peut voir enfant sur une autre photo du site, au cimetière de Sor.
  • Saint-Louis, départ d’un convoi pour le Soudan. – Longtemps, le moyen le plus direct pour joindre le Soudan depuis l’extérieur du continent, resta la voie fluviale sur le fleuve Sénégal, depuis Saint-Louis jusqu’à Kayes, puis les pistes soudanaises. A compter de 1904, le chemin de fer entre Kayes et Bamako vint grandement améliorer la partie terrestre du trajet. Mais en 1924, la mise en service du tronçon ferroviaire entre Thiès et Kayes, mettant Bamako à moins de deux jours de train du port de Dakar, scella le déclin de la navigation commerciale sur le fleuve Sénégal.
  • Thiès, une rue. - Thiès est le chef lieu du cercle du même nom, lequel compte, en 1948, une population de 2797 Européens et 272 692 Africains, dont 144 330 Ouoloffs, 91 754 Sérères et 12 369 Peuhls, pour une densité de 40,5 hab/km². La ville elle-même compte 24 783 Africains, 1350 Européens et 624 étrangers. Par comparaison, le recensement mené pour la ville de Dakar au début de cette même année 1948, dénombre 192 567 habitants, dont 167 055 non européens (troupes comprises), 16 112 Français, 500 étrangers (non compris les Libano-Syriens), 400 Français métis, 4500 Libano-Syriens et 4000 ressortissants étrangers non européens (principalement Portugais). Source : Guid’AOF, édition 1948. - Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur l’Afrique de l’Ouest en général et sur le Sénégal en particulier ; il a publié en tout 3300 clichés originaux. M. Fortier tenait boutique et vivait avec ses deux filles blondes et son boy Seydou Traoré, à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • La plage de Gorée. - « La veille du départ,  nous allâmes visiter Gorée. […] L’île est très-basse au nord-nord-ouest, et c’est dans cette partie, entre la montagne et une langue de terre, que se trouve une petite anse de sable qui sert de débarcadère. […] Cette petite île manque absolument de tout, même d’eau potable ; quand les citernes sont à sec, on est obligé d’en aller chercher à l’oasis de Khann ; les fontaines de ce lieu sont de simples trous de dix à douze pieds de profondeur, sur cinq à dix de diamètre, toutes les parois sont recouvertes en briques jusqu’au fond, et chose heureuse, quelle que soit la quantité d’eau qu’on en retire, son niveau ne diminue jamais. Malgré l’obligation où ses habitants sont de tout tirer de la terre ferme, qui heureusement n’est qu’à quelques minutes de canot, Gorée est une station agréable et très recherchée ; l’air y est frais et tempéré, et beaucoup de malades de Saint-Louis et de la Gambie viennent s’y rétablir. La ville occupe plus des deux tiers de la superficie totale de l’île, et les maisons, construites avec vérandah et terrasses sur un seul étage, sont vastes, bien aérées, élégantes et solides. Source : Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. - Photo-carte postée de Dakar en 1951, adressée à Jean-Louis P., hôpital Point G, Bamako, Soudan, et signée « affectueusement, Maman ». - Noter l'orthographe particulière employée par Jacolliot pour désigner ce lieu que l'on connaît aujourd'hui comme Hann.
  • Rufisque, vue de la gare. (vers 1910) – Les travaux de construction de la ligne de chemin de fer entre Dakar et Saint-Louis commencent simultanément à partir de Rufisque et de Saint Louis en 1883, et le tronçon de 28 km entre Rufisque et Dakar est  le premier à entrer en exploitation dès juillet 1883. La gare de Rufisque connaît un essor avec l’ouverture de la ligne vers Djourbel au début du XXème siècle. Cet embryon de la ligne Thiès-Kayes draine en effet un important trafic lié à l’arachide. Ainsi, en 1909, 45 000 t. d’arachide sont débarquées à la gare de Rufisque. Cette ville, qui s’est développée progressivement à partir du XIVème  siècle sur un site initialement occupé par des villages de pécheurs, est alors le principal centre de traitement et d’exportation de l’arachide. Rufisque s’est imposée dans cette activité au cours du XIXème , grâce à sa situation géographique, à la porte du Cayor, et à son port. En 1880, 23 000 tonnes d’arachides sont exportées depuis Rufisque, soit plus de la moitié des exportations de la colonie. Centre commercial et administratif important, Rufisque devient une commune avant même Dakar, le 12 juin 1880. Mais elle connaît dès la fin des années 1920 un déclin inexorable. Ses activités portuaires sont concurrencées par celles d’autres villes, Dakar et Kaolack notamment. Son rayonnement a pali depuis que Dakar est devenu en 1902 la capitale de l’AOF et reçoit la majeure partie des investissements publics. L’âge d’or de Rufisque s’achève définitivement avec la crise économique des années 1930. La gare de Rufisque est classée parmi les monuments historiques du Sénégal depuis les années 1970. A visiter : http://www.rufisquenews.com/rufisque_une_ville_une_histoire.html
  • Saint-Louis, marché de Guet N’Dar. – « Enfin, quatorze jours après notre départ de Cadix, la Sarah abordait la côte sénégalaise et, après avoir contourné la pointe de Barbarie, dépassé l’île aux Gazelles, jetait l’ancre devant Guett N’Dar, à deux milles environ de Saint-Louis, capitale des établissements français, dont nous étions séparés que par une langue de sable au-delà de laquelle coulait le fleuve Sénégal parallèlement à la mer. […] Le troisième jour de notre arrivée, nous fîmes une excursion aux étangs salins de Gandioles situés près de l’embouchure même du Sénégal. […] Nous assistâmes aussi à une pêche faite à notre intention par les gens de Guett N’Dar, qui approvisionne le marché de Saint-Louis, qui se tient dans leur village ». (1) « Les diguenns, il a fallut les laisser là bas, à Saint-Louis, dans le faubourg de Guet N’Dar ; et ici pas moyen de les remplacer ; les sauvages des lagunes, ces Kroomen musclés et découplés, gardent les leurs jalousement ; et les femelles Bakoué ou Neyo, qui viennent de la forêt apporter la gomme et la poudre d’or sont tellement frustres, tellement sales et peu appétissantes avec leur grande cicatrice frontales, leurs dents aiguisées en pointe et les lobes outrageusement distendus de leurs oreilles, qu’un fils de Sénégal ne peut décemment, y consentirait-elle, mener dans son case une de ces ménagères là ; alors, il faut se passer d’amour, habiter le gourbi commun, et vaquer soi-même aux basses besognes ; Ô déchéance ! » (2). Il est à noter que l’orthographe du nom de ce quartier de Saint-Louis varie encore entre la fin du XIX ème, quand Jacolliot décrit son escale, et le début du XX ème siècle, lorsque Fortier légende sa photo et, plus tard, que D’Alem fait parler des tirailleurs dans son roman. Sources : (1) Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879. (2) D’Alem, Gilbert, Madame Samory – roman soudanais, Paris, Plon, 1924.
  • Le chaland devant Podor, vers 1905. – « Podor m’était apparue comme un village riant sous les arbres qui ombragent sa grande, son unique rue, le long du fleuve. Nous y avions trouvé un peu d’animation. Le vapeur à peine arrêté, des pirogues s’étaient détachées de la rive et avaient donné l’assaut au chaland que nous remorquions, sur lequel, au milieu des colis entassés, étaient nos boys et des tirailleurs avec leurs épouses. Tout de suite un marché s’était installé ; jeunes filles à la poitrine nue et provocante, jeunes femmes assez gracieusement enveloppées dans leur gandoura, la tête recouverte d’un voile léger retombant sur leurs épaules, vieilles aux charmes décharnés et jugés inutiles à voiler ;  tout ce monde, chargé de calebasses, criant, discutant, se disputant. Sur l’autre rive le désert étalait sa teinte d’un gris fauve et l’air avait son perpétuel bourdonnement de chaudière ; mais sur ce fleuve c’était la vie ». Source : Baratier, Col., A travers l’Afrique, Paris, Arthème Fayard, 1908
  • Saint-Louis, panorama marché et pont. – Il s’agit ici du pont de Guet N’Dar sur le petit bras du fleuve Sénégal. « La ville de Saint-Louis est bâtie sur une langue de sable, qu’on peut à la rigueur appeler une île, située presque au point de départ de deux bras du fleuve Sénégal, à environ douze mille de son embouchure. Cet îlot atteint à peine trois kilomètres de long, sur une largeur qui n’excède pas deux cents mètres ; sur toute l’étendue de la ville règnent des quais ou maçonneries bâtis sur pilotis. […] Saint-Louis communique par deux magnifiques ponts à la terre ferme, le pont fixe de Guet N’Dar sur le petit bras, et le pont de bateau mobile sur le grand bras, appelé pont de Sor. Des batteries bien installées défendent les approches de la ville de tous côtés, et une plantée à Guet N’Dar s’oppose à toute tentative de débarquement ». Source : Jacolliot, Louis, Voyage aux rives du Niger, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1879.
  • Traitant du Cayor. – Ce commerçant richement vêtu symbolise bien le statut particulier de sa fonction,  indissociable de l’agriculture d’alors, celle d’intermédiaire, de prêteur, de marchand. Ainsi, les traitants achetaient aux paysans la partie non vivrière  de leur récolte (généralement l’arachide ou le karité au Sénégal), pourvoyaient à leurs besoins par des prêts en période de soudure, et leur vendaient tous produits manufacturés tels que vêtements et ustensiles.  Les traitants, qui venaient souvent de Saint-Louis, sont souvent devenus l’échelon local de comptoirs tenus par des colons ou par des commerçants libanais. Cette photo fait partie du travail du célèbre photographe et éditeur dakarois Edmond Fortier (1862-1928) à qui l’on doit une somme importante de clichés sur toute l’Afrique de l’Ouest. M. Fortier tenait boutique à l’angle de la rue Dagorne et du boulevard Pinet-Laprade.
  • Dakar, la rue Béranger-Féraud. – Le docteur Béranger-Féraud, médecin de Marine (le corps qui a précédé à celui des médecins coloniaux), a contribué à décrire la fièvre jaune en 1890. A cette époque, les épidémies successives de cette affection virale viennent ponctuellement entraver le développement des régions tropicales. En 1878, l’épidémie au Sénégal coûte la vie, entre nombreux autres, à 21 des 22 médecins et pharmaciens de Marine présents. En 1889, la fièvre jaune fait renoncer au projet français de percement du canal de Panama, tandis qu’en 1900 le chef-lieu de la colonie de Côte d’Ivoire est transféré de Grand-Bassam à Bingerville, en raison des épidémies de fièvre jaune qui déciment la population de Grand-Bassam.
  • Tambacounda, camp de base du chantier de la piste de Tambacounda à Sambaïlo (Guinée française), travaux menés par l’armée entre 1946 et 1947. Ici le chasseur chargé d’approvisionner les troupes en viande posant devant ses prises du jour. En arrière plan on peut remarquer un camion Citroën T45, modèle qui connut un certain succès au Sénégal.
  • Tambacounda, le mess en 1946.
  • La Land Rover de géologues de l'ORSTOM, au Sénégal Oriental en 1967, franchissant un marigot (le Koba Ko) sur un pont de fortune. Ph. J-M Wackermann.
  • Sénégal : Habitation à la lisière d’une forêt au bord d’une rivière
  • Dakar, le marché de Médina
  • Guéoul, une escale de traite - mention manuscrite désignant la
  • Dakar, la maternité indigène
  • Dakar, l'aérogare de Yoff -  Dès 1937, Dakar possède un ensemble de bases aéronautiques important. Le terrain mixte de Dakar et l’hydrobase de Bel Air sont sous le même commandement. Ouakam possède deux pistes de 1300 X 70 m et de 1000 X 50 m particulièrement utilisées par Air France pour ses liaisons vers l’Amérique du Sud et son réseau local (Saint-Louis, Bamako). De plus un plan d’eau de secours est balisé sur la lagune de Retba, à 15 k au N-E du port, et le terrain de Sebikotane, à 20 k de Ouakam, est aménagé. En 1938, les installations techniques se développent, un balisage de nuit est mis en place, une station météo est créée. En 1939, l’activité s’accroît et Air France à l’aide de Farman réalise les liaisons vers Natal, et à l’aide de Wibault, entre Bamako, Kaolack, Saint-Louis, Niamey. L’Aéro-Maritime va jusqu’à Pointe Noire avec ses Sikorsky. Les lignes allemandes Luft Hansa, italiennes Air Litoria, anglaises Imperial Airways et British Ariways projettent différentes liaisons internationales transitant par Dakar et effectuent différents voyages d’essai. Mais la déclaration de guerre de 1939 vient considérablement freiner le développement de l’activité commerciale de l’aéroport de Dakar. Cependant, dès 1940, il est reconnu que Ouakam n’est pas susceptible d’extension suffisante et une mission de spécialistes choisit la plaine de Yof pour l’établissement d’un futur aéroport international. En 1945, les deux pistes de Yof, construites depuis 1942, reçoivent un important trafic militaire (100 avions par jour) notamment lié à la présence d’un détachement américain à Ouakam. Puis les anciens baraquements militaires aménagés en aérogare font petit à petit place à l’aérogare actuelle qui est inaugurée le 17 septembre 1949.
  • Dakar, le consulat britanique
  • Publicité des lignes maritimes Fabre Fraissinet de 1938 - A cette époque, les paquebots Canada et Banfora de la compagnie Fabre et Hoggar et Touareg de la compagnie Fraissinet assuraient la ligne Marseille - Dakar, avec Alger et Casablanca pour escales. Au retour, entre Dakar et Marseille, ils faisaient les mêmes escales, mais desservaient en plus Las Palmas, aux îles Canaries. Les bananiers Edéa et Tamara faisaient le trajet direct Marseille - Dakar à l'aller, faisant escale au retour à Oran et Alger, tandis que les bananiers Benty et Cap des Palmes qui faisaient le même trajet à l'aller, ne s'arrétaient au retour qu'à Alger.
  • Air France, vos voyages à Dakar en Constellation – publicité.
  • Rufisque, la T. S. F. - indicatif FRU - une autre vue de cette installation sur http://dspt.club.fr/Rufisque2V.htm
  • Procession à Gorée
  • Dakar, la T.S.F - La station radiotélégraphique de Dakar (TSF de puissance), installée vers 1920, était en liaison directe avec le poste de Bordeaux Croix d'Hins. Elle couvrait aussi les 2 grandes routes maritimes de L'Afrique du Sud et de l'Amérique du Sud. Une station a ondes courtes assurait les communications avec l'intérieur de l’AOF. L’indicatif était FDA.
  • Dakar, Hôtel des Postes et Télégraphes - écrite en 1918
  • Dakar, la cathédrale du souvenir africain. - Un jour de kermesse. « Depuis 50 ans (environ 1955), une kermesse diocésaine mobilise toutes les bonnes volontés  le premier week-end de mai. Installée autour de la cathédrale de Dakar, elle apporte une contribution financière, chaque année plus importante, au budget archidiocésain ». Source : Pirotte, Jean, Les conditions matérielles de la mission, contraintes, dépassements, Paris, Karthala, 2005. Ceux qui ont fréquenté cet évènement incontournable de la vie du Plateau, se souviennent certainement, parmi les attractions, d’un petit train de chariots tractés par une jeep habillée en locomotive, et d’un immense « circuit 24 » installé dans une grande tente…
  • Dakar, la mosquée
  • Dakar, boulevard National et casernes des Madeleines
  • Dakar, un coin du marché indigène
  • Dakar, la Gare et l'Arsenal
  • Dakar, l'Institut Pasteur
  • Rdakarlacorniche
  • Dakar, la mairie
  • Rufisque, à gaucne la chambre de commerce - écrite le 28.05.46
  • Dakar, l'Hôtel du Palais
  • Dakar, le musée de l'AOF
  • Dakar, Palais de Justice - il s'agit de l'ancien Palais de Justice devenu depuis la Chambre de Commerce, sur la l'actuelle Place de l'Indépendance qui était alors la Place Protet
  • Dakar, boulevard National
  • Zinguinchor - Vue à vol d'oiseau (côté Est)
  • Ziguinchor, vue à vol d'oiseau (côté nord)
  • Sérère sur son âne
  • Dakar, les casernes de la Marine et le Dépôt du D.S.L.
  • Saint-Louis, raz de maré à Guet N'Dar
  • Dakar, boulevard National
  • Dakar, les Charbonnages
  • Gorée, station de repos
  • Saint-Louis, statue de Faidherbes et Casrne Rognat (nord)
  • Saint-Louis, le pont Faidherbe, longueur 511 mètres – Le projet retenu pour ce pont par le Conseil Général est celui défendu par M. Robert, le chef du service des T.P. de la Colonie et le conseiller Crespin, pour ses qualités esthétiques. La majorité des conseillers suivit ces deux hommes, et l’entreprise Nouguier, Kessler et Cie emporta le marché pour  1 880 000 F.
  • Environs de Dakar, village indigène
  • Dakar, la gare
  • Dakar - Oasis de Hann
  • Dakar; vue prise de l'hôpital
  • Dakar, jeunes commissionnaires
  • Cathédrale de Dakar - le Maître-Autel
  • Dakar, Monument du Gouverneur-Général Vallenhoven – Le gouverneur-général Joost Vallenhoven, d’origine néerlandaise naturalisé français en 1899, est un haut fonctionnaire colonial. Il dirigea brièvement l’AOF entre mai 1917 et janvier 1918 alors qu’il avait été rappelé du front pour ce faire, avant de démissionner parce qu’il était en désaccord avec la politique de levée de troupes conduite en AOF. Il meurt sur le front le 20 juillet 1918 et est enterré l’orée de la forêt de Villers-Cotterêts.
  • Dakar, Institut Français d'Afrique Noire
  • Dakar, un quartier de la ville
  • Cathédrale de Dakar - Vue Ouest
  • Dakar, un coin de la Corniche
  • Saint-Louis, le Lycée Faidherbes
  • Au point d'eau route de Makana
  • Dakar, l'avenue William Ponty - devenue peu après la disparition du président français avenue Georges Pompidou
  • Dakar, l'Anse Bernard
  • Dakar, le départ des pirogues
  • Dakar, le port (môle aux arachides)
  • Dakar, soleil levant sur la Corniche
  • Sur le Saloum
  • Dakar, la Corniche, départ pour la pêcge
  • Dromadaires au pâturage
  • Dakar, le musée
  • Dakar, autour du puis
  • Dakar, avenue Gambetta
  • Dakar, la cathédrale du souvenir africain
  • Dakar, les pirogues
  • Dakar, une course de pirogues
  • Dakar, le Trésor et la Poste
  • Dakar, Hôtel de ville
  • Pont primitif sur un fleuve aux basses eaux
  • Rue de Dakar, en face l'hôtel
  • Au puis près de Dakar
  • Saint-Louis, le Bani - Paquebot fluvial faisant le service postal du Sénégal (mention manuscrite) - postée le 02.06.1903
  • Dakar, rue Dagorne, le Marché - il s'agit du marché Kermel et de la rue dans laquelle Edouard Fortier avait sa boutique (à l'angle rue Dagorne et boulevard Pinet-Laprade). Photographe et éditeur de cartes postales, il a produit, entre le début du XXème siècle et sa disparition en 1928, 3300 cartes sur l'Afrique Occidentale. Il vécut là jusqu'à sa disparition en compagnie de ses deux filles blondes et de son boy Seydou Traoré.
  • Dakar, Phare des Mamelles, le plus important de la côte d'Afirque (feu à éclats, poété 26 milles)
  • Le phare des Mamelles à Dakar - carte postale éditée par la Cie générale de navigation à vapeur CYP. Fabre
  • Dakar, Anse Bernard, casernes de la Pointe
  • Dakar, en attendant la noce
  • Dakar, constructions européennes
  • Dakar, le Palais du Gouverneur.
  • Lyndiane, appontements de l'usine frigorifique  - Le secteur industriel du cercle de Kaolack compte plusieurs huileries : la société SODEC à Lyndiane et HSOA; des usines de décorticage : CFAO, Nosoco, SCOA,Petersen, Chavanel, Vézia, Le Saloum et Alminko, SODEC; une usine électrique : SEEOA des tanneries : Lattès, Masfrand, Traboulsi
  • Dakar, le Lido - A la fois piscine olympique (remplie à l'eau de mer), restaurant, bar et dancing, le Lido est un haut lieu de la vie française à  Dakar avant et même après l'indépendance, jusqu'en 1974 ou il est détruit et cède sa place à un hôtel qui ne conserve que le tracé de la piscine originale.
  • Dakar, l'avenue Maginot - écrite et postée le 01.04.48
  • Saint-Louis, chameaux sur le quai d'embarquement
  • Dakar, le Marché et la rue Dagorne - il s'agit du marché Kermel et de la rue dans laquelle Edouard Fortier avait sa boutique (à l'angle rue Dagorne et boulevard Pinet-Laprade). Photographe et éditeur de cartes postales, il a produit, entre le début du XXème siècle et sa disparition en 1928, 3300 cartes sur l'Afrique Occidentale. Il vécut là jusqu'à sa disparition en compagnie de ses deux filles blondes et de son boy Seydou Traoré.
  • Saint-Louis du Sénégal, Bloc des Fonctionnaires et le Fleuve
  • Saint-Louis, Vapeur du Service Fluvial - carte d'avant 1904 (dos non divisé) -
  • Dakar, la Pergola - écrite en 1950 - Situé sur la route de la Corniche, comme Le Lido que l'on aperçoit au fond, l'établissement La Pergola est un des vingt restaurants et cafés-restaurant que compte Dakar en 1948, comme Le Métropole, le Comme chez soi, Le jardin d'été,le Farid, Le Paddock, le Pavillon chinois, Le Palais, Le petit poucet, le Marie-Louise, le restaurant des Gourmets, la pension de l'Etoile, la pension Fèvre, le Thérèse, le café-restaurant de Bordeaux, le café-restaurant de l'Est, le café-restaurant de France, El Monico et l'Escale. Certains font également partie des six
  • Casamance, sur la rivière - postée le 24.7.1900
  • Casamance, avenue Forichon à Sedhiou - postée le 19.11.1906 - Forichon est capitaine français, tué à Sédhiou 21 mai 1891 par la résistance à l'autorité coloniale en Casamance.
  • Gorée, arrivée du vapeur Dakar-Gorée - carte éditée avant 1905 (verso non divisé).
  • Dakar, l'avenue de la République - au premier plan la cathédrale et au fond le palais du gouverneur
  • Dakar, île de Gorée
  • Dakar, boulevard Pinet-Laprade et la grande poste
  • Dakar, l'hôpital indigène  - créé en 1912, il est doté de personnels du corps de santé colonial. C’est un hôpital d’assistance où sont admis les autochtones indigents. Il prend le nom d'hôpital Aristide Le Dantec, en hommage à son directeur, également directeur de l'école de médecine. (voir sur le sujet le site de l'Association Amicale Santé Navale et d'Outre Mer)
  • Dakar, le Plateau, datée du 30.8.1952
  • Dakar, la plage de N'Gor
  • Dakar, le port - le port compte en 1948 4580 m. de quais dont 2990 m à 8 m et plus de tirant d'eau, il compte 21 km de voies ferrées, une cale de halage de 200 tonnes, 3 remorqueurs, 9 chaloupes, 2 chalands, 2 citernes à eau, 2 chalands à escadrille, 21 hangars à marchandises couvrant 28395 m2, des réservoirs d'hydrocarbures contenant 21000 tonnes de carburant et 6624 m de pipe-line, 9500 m de canalisations d'eau et 136 prises. Les phares et balises sont le phare des Mamelles, du Cap Manuel et les feux du port. Le trafic en 1947 est de 3448 navores jaugeant 6 715 798 t. et un trafic de 39 734 passagers. Les importations sont de 1 045 342 t, et les exportations de 780 342 t.
  • Dakar, boulevard National
  • Dakar, vue de la jetée
  • Dakar, Palais de Justice et Place Protet - il s'agit de l'ancien Palais de Justice devenu depuis la Chambre de Commerce
  • Dakar, le boulevard Pinet-Laprade, la Poste
  • Dakar, l'anse Bernard et le gouvernement
  • Dakar, vue générale rue Vincens
  • Dakar, vue générale
  • Dakar, rond point de l'Etoile -aujourd'hui place de Soweto
  • Dakar, building des services du gouvernement - il doit s'agir aujourd'hui du bâtiment des archives nationales
  • Dakar, vue générale du building
  • Dakar, Place Protet - devenue depuis Place de l'Indépendance - postée en 1911
  • Dakar, rue des Essarts
  • Dakar, l'hôtel de la Marine
  • Dakar, boulevard National
  • Dakar, boulevard Pinet-Laprade, avenue de la Gare - postée en 1911
  • Dakar, boulevard National - postée le 10.5.1911
  • Dakar, place du marché, postée en 1911
  • Dakar, place du marché
  • dakar26
  • Le phare des Mamelles à Dakar - carte postale éditée par la Cie générale de navigation à vapeur CYP. Fabre
  • Dakar, Baie des Madeleines
  • Dakar, la place Protet - postée en 1911
  • Dakar, avenue Roume - datée du 28.2.1916 - la tour que l'on aperçoit sur un bâtiment à gauche est celle du Gouvernement Général
  • Dakar, l'hôtel de ville.
  • Dakar, les écoles
  • Dakar, la rue Félix-Faure vers 1955
  • Dakar, l'immeuble des services administratifs vers 1955 - il doit s'agir aujourd'hui du bâtiment des archives nationales
  • Dakar, le centre ville et Gorée vers 1955
  • Gorée, la moquée vers 1955
  • Dakar, l'Hôtel de N'Gor vers 1955
  • Dakar, un coin du marché Kermel, postée en 1942
  • Dakar, boulevard National, secrétariat général
  • Dakar, la Poste vue des quais
  • Dakar, rue des Essarts
  • Dakar, le monument aux morts
  • Dakar, le lycée Van Vollenhoven
  • Dakar, la rue des Essaarts
  • Dakar, à la fontaine - postée en 1909
  • Dakar, la cathédrale du souvenir africain
  • Dakar, l'école de médecine - datée du 24.07.1945 - créée en 1918, l'Ecole de médecine de l'AOF, aussi appelée école Jules Carde forme des médecins et des pharmaciens auxiliaires ainsi que des sages-femmes. Elle est inaugurée et dirigée par Le Dantec, directeur de l'hôpital indigène. L'école compte 4 sections: médecine (en 4 ans), pharmacies, sages-femmes et vétérinaires (toutes en 3 ans d'étude). La section vétérinaire sera transférée par la suite à Bamako. A sa fermeture en 1953, l'école a accueilli 32 promotions et formé 582 médecins, 87 pharmaciens et 447 sages-femmes. Elle devient à compter de 1953 une faculté dépendante de l'Éducation nationale française sous le nom d'« École préparatoire de médecine et pharmacie de Dakar ». Elle assure les trois premières années de formation qui se déroulent par la suite pendant trois ans en France et essentiellement à Bordeaux. En 1958 elle devient « École nationale de médecine et pharmacie » et délivre à partir de 1960 ses propres diplômes. Le président ivoirien Houphouët Boigny fut élève de l'école de médecine.
  • Dakar, jardin de Hann
  • Dakar, le môle et la douane.
  • Dakar, rue de Garonne
  • Dakar, Boulevard Pinet-Laprade et la grande Poste
  • Dakar, Place Protet et boulevard National
  • Dakar, la rade
  • Dakar, Cap Manuel (Cap vert)
  • Dakar, Place Protet
  • Environs de Dakar, village indigène
  • Île de Gorée, près de Dakar, la terrasse.
  • Dakar, boulevard National et casernes des Madeleines
  • Dakar, le gouvernement général – Carte postée en 1950 - devient, après l'indépendance, la présidence de la République.
  • Dakar, boulevard maritime
  • Maison d'habitation au Sénégal
  • Dakar, Palais de Justice - il s'agit de l'ancien Palais de Justice devenu depuis la Chambre de Commerce
  • Thiès, le marché - Thiès est le chef lieu du cercle du même nom, qui compte en 1948 une population de 2797 Européens et 272 692 Africains, dont 144 330 Ouoloffs, 91 754 Sérères et 12 369 Peuhls, pour une densité de 40,5 hab/km². La ville elle-même compte 1350 Européens, 624 étrangers et 24 783 Africains.
  • Saint-Louis, hôtel du gouvernement
  • Dakar, la rue Victor Hugo sous la pluie
  • Dakar, vue d'ensemble n°1
  • Dakar, vue d'ensemble n°2
  • Dakar, jardin de Hann - Le jardin public de Hann, qui comprenait une pépinière, fut créé en 1903 par le Gouverneur Merlin. Le parc zoologique voisin est aménagé en 1934.
  • Gorée, l'église paroissiale
  • Dakar, les régates
  • Dakar, l'Assemblée nationale
  • Dakar, le port
  • Dakar, avenue Roume - la tour avec un drapeau que l'on aperçoit est celle du Gouvernement Général
  • Dakar, avenue William Ponty - devenue peu après la disparition du président français avenue Georges Pompidou
  • Dakar, marché Sandaga
  • Dakar, la Corniche, plage de l'Anse Berrnard
  • Dakar, la Gare
  • Dakar, la Maire et la plage
  • Gorée (du Castel)
  • Dakar, la Corniche - à l'arrière plan, on aperçoit le palais du gouvernement
  • Dakar, Boulevard National
  • Dakar, un coin de marché et la Banque
  • Dakar, vue générale du Gouvernement - ce lieu est devenu, après l'indépendance, le palais présidentiel
  • Dakar, chargement d'un camion
  • Dakar, boulevard Pinet-Laprade - à l'angle de l'avenue de la Gare
  • Dakar, palais du Gouvernement et Hôpital - il s'agit de l'hôpital indigène aussi connu comme hôpital Le Dantec
  • Lookheed Super Constellation - Air France -29.08.1960, 06:47, l'appareil immatriculé F-BHBC, qui faisait escale à Dakar en routre pour Abidjan, s'abime en mer au large des Mamelles. Les 63 occupants, dont le poète David Diop, périssent. La légende dakaroise a longtemps raconté qu’il s’agissait du dernier vol, voir du dernier atterrissage, avant la retraite du pilote qui aurait du regagner Paris en tant que passager. Elle disait aussi qu’il s’était parfaitement aligné sur la piste mais se serait mystèrieusement posé avant, dans la mer. Le rapport officiel sur cet accident, ou le résumé que l’on peut en trouver aujourd’hui, est plus laconique. « Le vol AF343 parti de Paris à destination d’Abidjan avait Dakar pour première escale. A l’approche de la capitale sénégalaise, l’équipage entreprend une première procédure d’atterrissage, mais doit l’interrompre en raison des intempéries. Déclinant la suggestion de se poser sur la piste 30 en ILS, le pilote s’en tient à son idée initiale et décide d’attendre que les conditions météo s’améliorent. L’attente est reconduite peu après 06 heures 41. Ayant signalé qu’il passait en vent arrière à 06 heures 47, l’avion disparaît dans une rafale de pluie et s’abime en mer à 2400 mètres du phare des Mamelles, un endroit où il y a 40 mètres de fond. » Le rapport conclut que les causes probables de l’accident n’ont pu être déterminées. L’appareil transportait 55 passagers et 8 membres d’équipage, aucun ne survécut. Le poète sénégalais David Diop et sa femme font partie de s victimes de cette catastrophe. Né à Bordeaux en 1927 d’un père sénégalais et d’une mère camerounaise, il avait étudié en France avant d’aller enseigner au lycée Maurice Delafosse à Dakar et à l’école normale de Kindia en Guinée Française.
  • Dakar, les niayes borant la capitale
  • Dakar, l'Anse Bernard et le palais du gouverneur
  • Dakar, le bloc Maginot
  • Dakar, la gare
  • Dakar, la piscine olympique du Lido - Piscine olympique de 50m. X 15 s (remplie à l'eau de mer) et ses fameux plongeoir de 3m, 5m et 10 mètres,
  • Dakar, boulevard National
  • Dakar, le marché, aujourd'hui connu comme marché Kermel
  • Vue générale de l'île de Goréee
  • Dakar, îlle de Goree, la falaise et le Castel
  • Dakar, île de Gorée, fort du Catel
  • Dakar, la Place Protet
  • Dakar, la mosquée
  • Dakar, hôpital colonial - Projet remontant à 1882, l'hôpital voit le jour en 1890 près du Cap Manuel et face à Gorée. Destiné au départ à recevoir 200 lits, cet hôpital militaire en accueil bientôt 600 et est connu comme
  • Kaolack, le port. Situé sur le Saloum, le port de Kaolack est accessible aux cargos. En 1948, il n'y a pas de service régulier. Le cercle du Siné-Salooum dont Kaolack est chef-lieu, exporte 220 000 t d'arachide en 1948.
  • Kaolack, les travaux publics
  • Louga, la Résidence – Outre la Résidence du chef de cercle, Louga dispose d’un dispensaire avec maternité, de deux écoles régionales, du téléphone – télégramme et bureau de poste, d’un collège moderne d’agriculture, d’une paierie, d’un commissariat de police, d’une gendarmerie, d’un service vétérinaire, d’un service de l’agriculture et d’une gare de chemin de fer.
  • Louga – En 1948, la ville de Louga, chef-lieu de cercle, a une population constituée de 84 Métropolitains, 204 Libano-syriens, 3 métis français, 12 300 Africains et 16 étrangers.
  • Rufisque, côté de la gare - carte datée du 24.7.1945
  • Rufisque, le port
  • Saint-Louis, avenue Dodds - Alfred Amédée Dodds (Saint-Louis du Sénégal, 6 février 1842 - Paris, 17 juillet 1922) est un général français créole, commandant supérieur des troupes françaises au Sénégal à partir de 1890. En 1892-1894, ce capitaine créole mena la conquête du Dahomey (actuel Bénin) sur Béhanzin 1er. Proche des radicaux français, Alfred Dodds dut sa nomination comme chef d'expédition à l'intervention personnelle de Clemenceau, nomination qui entraîna la démission du ministre de la Marine Godefroy Cavaignac. Sorti de Saint-Cyr en 1862, lieutenant d'infanterie de marine en 1867. En poste à La Réunion, il se distingue durant les émeutes de 1868. Capitaine en dec 1869. Durant la guerre de 70, il se distingue à Bazeilles (chevalier de la Légion d'honneur). Il s'évade après la capitulation de Sedan et rejoint l'armée de la Loire puis celle de l'Est. Il est interné en Suisse à la fin de la guerre. Il sert au Sénégal de 1871 à 1878. Il part ensuite en Cochinchine de 1878 à 1879. Chef de bataillon en 1879, il est en poste au Sénégal et participe aux opérations de la Casamance (1879-1883). Lt Colonel en 1883, il participe aux opérations dans le delta du Tonkin. Colonel en 1887, il pacifie le Fouta Djalon en Guinée. Commandeur de la Légion d'honneur en 1891. Il prend le commandement du 8e colonial à Toulon, puis en 1892, il est nommé commandant supérieur au Bénin et dirige la campagne du Dahomey. Général de brigade en 1892, Inspecteur des troupes de marine. Grand Officier de la Légion d'honneur . En 1895, il reçoit le commandement supérieur des troupes en Indochine. Général de division en 1899. De 1903 à 1907, il est commandant supérieur des troupes de marine. Membre du Conseil supérieur de la guerre. Grand-croix de la Légion d'honneur, Médaille militaire (1907). Décédé en 1922.
  • Saint Louis, le pont Faidherbe sur le Sénégal – Reliant la banlieue de Sor, située sur le continent, à la ville de Saint Louis située sur une île entre les deux bras du fleuve Sénégal, il a été choisi pour son esthétique et financé sur un emprunt par le Conseil Général en 1892.
  • Saint Louis, avenue Dodds - le petit garçon avec un casque colonial est le propre fils de Pierre Tacher, l'éditeur de ces cartes postales  - Alfred Amédée Dodds (Saint-Louis du Sénégal, 6 février 1842 - Paris, 17 juillet 1922) est un général français créole, commandant supérieur des troupes françaises au Sénégal à partir de 1890. En 1892-1894, ce capitaine créole mena la conquête du Dahomey (actuel Bénin) sur Béhanzin 1er. Proche des radicaux français, Alfred Dodds dut sa nomination comme chef d'expédition à l'intervention personnelle de Clemenceau, nomination qui entraîna la démission du ministre de la Marine Godefroy Cavaignac. Sorti de Saint-Cyr en 1862, lieutenant d'infanterie de marine en 1867. En poste à La Réunion, il se distingue durant les émeutes de 1868. Capitaine en dec 1869. Durant la guerre de 70, il se distingue à Bazeilles (chevalier de la Légion d'honneur). Il s'évade après la capitulation de Sedan et rejoint l'armée de la Loire puis celle de l'Est. Il est interné en Suisse à la fin de la guerre. Il sert au Sénégal de 1871 à 1878. Il part ensuite en Cochinchine de 1878 à 1879. Chef de bataillon en 1879, il est en poste au Sénégal et participe aux opérations de la Casamance (1879-1883). Lt Colonel en 1883, il participe aux opérations dans le delta du Tonkin. Colonel en 1887, il pacifie le Fouta Djalon en Guinée. Commandeur de la Légion d'honneur en 1891. Il prend le commandement du 8e colonial à Toulon, puis en 1892, il est nommé commandant supérieur au Bénin et dirige la campagne du Dahomey. Général de brigade en 1892, Inspecteur des troupes de marine. Grand Officier de la Légion d'honneur . En 1895, il reçoit le commandement supérieur des troupes en Indochine. Général de division en 1899. De 1903 à 1907, il est commandant supérieur des troupes de marine. Membre du Conseil supérieur de la guerre. Grand-croix de la Légion d'honneur, Médaille militaire (1907). Décédé en 1922.
  • Makhana, le village et les usines élévatoires - Ces installations sont chargées d'envoyer de l'eau douce à Saint Louis
  • Saint Louis, le Marché des plantes médicinales en usage chez les noirs
  • Saint-Louis, l'entree de la ville à la sortie du pont Faidherbe. A gauche la poste
  • Saint-Louis, la plage à Guet N'Dar. Les départs pour la pêche. Les retardataires. Les brisants sont mauvais.
  • Saint-Louis, la rue Carnot
  • Saint-Louis, Guet N'Dar
  • Saint-Louis, la Poste
  • Saint-Louis, place du Gouvernement et Caserne Rogniat
  • Saint-Louis, rue de la Mosquée, au fond la Poste
  • Saint-Louis, perspective du pont Faidherbe, longueur 511 m. – L’ouvrage atteint un poids total de 1300 t.
  • Saint-Louis, pont Faidherbe ouvert – Inauguré par deux fois, le 14 juillet 1897 par le gouverneur-général Chaudié et le 19 octobre de la même année par André Lebon, premier ministre des Colonies à se rendre au Sénégal, il remplace le pont flottant du même nom. Ce dernier avait été inauguré le 2 juillet 1865 par le colonel du Génie Pinet-Laprade, en remplacement du bac de Rouet ville, lui-même inauguré le 10 juin 1858 et qui permettait l’emport de 150 passagers par voyage pour 10 rotations par jour, ce qui s’avéra très vite insuffisant. Le pont flottant, composé de 40 pontons flottants en tôle de 4 t chacun, et d’un tablier de bois de 4 m de large, possédait une portière de trois pontons qui permettait un passage de 20 mètres pour les navires. La délicate manœuvre d’ouverture avait lieu une fois par jour. Ce pont, qui faisait au total 680 m avec une partie flottante de 355 m, nécessitait un entretien intensif et coûteux, mobilisant une équipe de 16 personnes pour vider quotidiennement l’eau infiltrée dans les pontons, vérifier les amarres… Il resta néanmoins en service 32 ans durant.
  • Saint-Louis, place du gouvernement
  • Saint Louis, rue de la Mosquée - Au fond la Poste
  • Saint Louis, pont de bateaux à Guet N'Dar - Posé sur le petit bras du fleuve Sénégal, il sépare la ville de Saint-Louis, située sur une île, de sa banlieue littorale populaire Guet N'dar
  • Saint Louis, village indigène
  • Saint Louis, panorama
  • Saint Louis, avenue du Guet N'Dar
  • Saint Louis, le marché - carte éditée par les Messageries Maritime
  • Sénégal, rapides du fleuve aux basses eaux
  • Darkar, rue Garammont
  • Dakar, le marchand de lait ambulant
  • Dakar, la Mairie
  • Dakar, pileuses de mil
  • Dakar, Polyclinique Roume
  • Dakar, l'Hôtel de la Croix du Sud
  • Thiès - carte postée en 1956 –L’activité commerciale à Thiès est assez soutenue. Il y a des comptoirs de CFAO, Maurel Frères, Maurel et Prom, NOSOCO, SCOA, Chavanel, Vézia, Soucéli, Peyrissac, mais aussi les commerces de G. Castagné, P. Hartmann, R. Thomas, A. Senghor, Hide Nabhim, N. Ganamet. Il existe aussi des commerces spécialisés, Bata, Ardiès (chaussures), Sentenac (cabinet dentaire et pharmacie), Sassy, Hallack, Maurel et Prom, Heneny (boulangeries), Au poussin bleu (patisserie), Hôtel de la Gare, brasserie de la Victoire (J. Curel), restaurant Central (Alba), café-restaurant Rex, Le Cosmopolite (E. Thibault) (cafés-brasseries), Rex, Agora (cinéma)…
  • Publicité de 1948 – L’activité commerciale à Thiès est assez soutenue. Il y a des comptoirs de CFAO, Maurel Frères, Maurel et Prom, NOSOCO, SCOA, Chavanel, Vézia, Soucéli, Peyrissac, mais aussi les commerces de G. Castagné, P. Hartmann, R. Thomas, A. Senghor, Hide Nabhim, N. Ganamet. Il existe aussi des commerces spécialisés, Bata, Ardiès (chaussures), Sentenac (cabinet dentaire et pharmacie), Sassy, Hallack, Maurel et Prom, Heneny (boulangeries), Au poussin bleu (patisserie), Hôtel de la Gare, brasserie de la Victoire (J. Curel), restaurant Central (Alba), café-restaurant Rex, Le Cosmopolite (E. Thibault) (cafés-brasseries), Rex, Agora (cinéma)…
  • Ziguinchor, l'ancien marché
  • Le port de Douala. – « Douala, à l’embouchure du Wouri, est le port principal et la ville la plus importante. De grands travaux y ont été menés à bien et le port dispose de 600 mètres de quai en eau profonde permettant l’accostage simultané de quatre grands paquebots, avec les moyens de manutention et de stockage appropriés. De grands travaux sont en cours (quais, magasins, matériel) pour porter la capacité du port à 1 million de tonnes » (1). « Des dragages ont été effectués aux postes de mouillage qui peuvent recevoir des navires de 150 mètres de long. Devant la ville il existe 5 postes que peuvent prendre les navires ne désirant pas accoster à quai. On peut aussi mouiller en amont des quais. Les quais ont une longueur de 550 mètres avec des profondeurs au pied de 7 à 10 mètres ; ils bordent a ville et permettent l’accostage de 4 grands bâtiments. En amont le quai dit, du chalandage, où les profondeurs sont de 1 à 3 mètres, prolonge les quais précédents » (2). Sources : (1) Le Cameroun (dépliant d’information) Agence de la France d’outre mer, Paris, 1951. (2) Instructions nautiques – Côtes Ouest d’Afrique, Paris, Service Hydrographique de la Marine, 1941.
  • Minlaba, le dispensaire. - L’effort sanitaire colonial au Cameroun porte avant tout sur la lutte contre la maladie du sommeil. L’affection, endémique dans la région, a en effet pris un tour épidémique catastrophique à la fin du XIX ème siècle, avec la circulation des populations engendrée par la pénétration coloniale et par les mouvements de main d’œuvre, vers les plantations notamment. En quelques décennies, la trypanosomiase emporte plusieurs millions de personnes, dans une hécatombe restée sans équivalent. Du temps de leur occupation, les Allemands prennent la mesure du problème et ébauchent un dispositif, essentiellement basé sur la concentration des malades dans des sites dédiés ou, pour le moins, en préparant des lieux d’accueil. Les Français reprennent l’idée à leur compte, mais en la sophistiquant selon les principes établis par Eugène Jamot, le maitre de la lutte contre la maladie du sommeil. Ils consistent à débusquer manu militari les patients dans les villages grâce à des équipes mobiles, à traiter les moins atteints dans les dispensaires et les postes de santé avancés –auxquels sont également dévolus les soins courants pour les autres affections- et à transporter les plus malades dans des « hypnoseries », établissements spécialisés dans leur traitement. Voici la description d’un de ces postes avancés, faite au milieu des années trente : « Les hôpitaux sont supplées, pour les cas bénins, par des infirmeries de brousse. Une case à trois compartiments, dont l’un sert de chambre à l’infirmier. Des thermomètres, des compresses, des bandes, des seringues, une armoire à médicaments, d’où l’on a exclu les poisons qu’on ne confierai pas sans péril à un indigène même diplômé. C’est tout. C’est déjà beaucoup ». Source : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Grande épicerie au Cameroun. - Les comptoirs, forme traditionnelle du commerce de détail dans les colonies d’Afrique, vont progressivement céder le haut du pavé aux supermarchés. Ainsi, à partir des années 1950, les grands groupes de distribution français lancent des chaines de magasins modernes, en libre service, dans les capitales africaines. Leur but est de  stimuler les affaires, en répondant aux nouvelles attentes de la clientèle européennes des villes. Celle-ci vit désormais le plus souvent en famille, dispose de moyens accrus avec le dynamisme économique de l’après guerre et aspire à consommer à l’occidentale. En 1952, la SCOA (Société commerciale de l’Ouest Africain), pilier du secteur, lance l’enseigne « Pirntania » en association avec Le Printemps. Deux grandes surfaces sont crées sous ce nom au Cameroun, un à Yaoundé en 1958, l’autre à Douala en 1957, année où un Monoprix voit le jour la même ville. Les magasins à la mode ancienne, souvent opérés par des commerçants indépendants libano-syriens, perpétuent la distribution auprès des populations africaines et des Européens de brousse.
  • Cameroun, évacuation des billes sur Decauville. – Le système de transport ferroviaire Decauville, initialement développé pour évacuer les betteraves des champs détrempés de métropole, connait un certain succès dans les colonies. Constitué de voies à faible écartement, de rails et traverses métalliques facilement démontables et déplaçables, il s’avère précieux pour la manutention des marchandises dans les villes portuaires, dans les plantations et sur les exploitations forestières. La forêt camerounaise, où se déroule cette scène, regorge d’essences de valeur. Pour la France du début du XXème siècle, les bois issus de l’empire colonial sont salutaires car la production métropolitaine ne permet plus de satisfaire la demande intérieure. En effet, avec le développement de l’activité économique et de la consommation, les besoins sont en pleine croissance et le territoire national reste largement dévolu à l’agriculture traditionnelle au détriment des forêts. Cependant la production coloniale ne résout pas tout. D’une part elle est trop faible pour résorber les déficits. D’autre part les essences tropicales, essentiellement destinées à l’ébénisterie et au déroulage –la fabrication de contreplaqués-, ne peuvent pas remplacer les importations de bois d’œuvre venues notamment de Scandinavie. Ainsi, grâce à ses colonies, la France exporte du bois dans le monde entier, sans toutefois parvenir à se passer de ses fournisseurs étrangers.
  • Palais du gouverneur de Duala. – « La ville et le port sont bâtis sur la rive gauche du large Wouri ; il y a des maisons, des bateaux, un hôpital, - naturellement, - tout blanc, un palais du gouvernement pour loger le gouverneur quand il en a assez de son paradoxe de Yaoundé… […] Le palais du gouvernement est une belle construction, - belle, je veux dire grande, et, d’ailleurs, elle n’est pas très laide, - édifiée par les Allemands. Un grand jardin l’entoure, avec des gazons, des arbres, des grandes chauves-souris brunes, qui s’accrochent aux palmiers par grappes, la tête en bas, comme des linges qui sèchent. Il s’avance en terrasse sur le Wouri, qui, ce matin, est couleur de lait, exactement. Il fait beau et bon ». Source : Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Douala, la Woermann-Line. – Cette compagnie de navigation allemande, dont on voit ici le siège au Cameroun, est issue du département de transport de la société de commerce fondée à Hambourg par Carl Woermann en 1837. Elle commence officiellement ses activités maritimes en 1885, au lendemain de la conférence de Berlin organisant le partage de l’Afrique entre puissances européennes, pour exploiter la desserte entre la métropole germanique et ses toutes nouvelles possessions du Cameroun, du Togo et d’Afrique orientale allemande (devenue Tanzanie, Rwanda et Burundi aujourd’hui). L’entreprise s’impose comme le principal opérateur sur ces destinations et ses représentations locales, à l’instar de celle de Douala, sont des lieux importants pour ces colonies dont l’économie est tournée vers l’extérieur. Elle développe une flotte moderne de paquebots mixtes, portent tous un prénom accolé au nom Woermann (Lucie Woermann, Ema Woermann, Adolf Woermann…). Après la première guerre mondiale, elle perd une partie de ses navires, saisis et partagés par les vainqueurs, mais poursuit ses activités africaines sous l’œil souvent suspicieux des nouveaux maitres du Togo et du Cameroun. Le romancier Jean Martet rapporte ainsi les propos recueillis en ce sens lors d’un voyage au Cameroun en 1933, reflétant la tension perceptible localement à l’égard des anciens adversaires: « A chaque fois qu’un bateau de la Woermann arrive à Douala, il donne une fête… [explique un commerçant français] […] Le représentant général de la Woermann s’appelle Firmenich. C’est un homme très gentil. Tous très gentils, je te dis. C’est un ancien commandant de bateau de guerre. Lui, il dit : de croiseur. Moi, je dis de sous marin. » (1). La compagnie maritime cessera finalement d'exsister durant la seconde guerre mondiale. La branche commerciale existe encore, mais elle a focalisé son action sur des marchés très porteurs et sans rapport avec l'histoire coloniale allemande, le Ghana, le Nigeria et l'Angola. Sources : (1) Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Yaoundé, place de la cathédrale, le magasin Printania. – En 1958, le « Printania » de Yaoundé est la seconde grande surface à ouvrir au Cameroun, un an après le Monoprix de Douala et un avant le Printania de cette même ville. Cette enseigne a été créée en 1952, par un pilier de la distribution en Afrique, la SCOA (Société commerciale de l’Ouest Africain), en association avec Le Printemps. Pour dynamiser le commerce dans les capitales d’AOF et d’AEF, cette même société lance également une autre chaine avec le groupe Prisunic, les magasins « Pariscoa ». Cette formule moderne s’adresse en premier lieu à la clientèle européenne des villes, laissant celle des Africains et des « broussards » aux comptoirs, forme traditionnelle du commerce colonial. Le Cameroun connait en la matière un certain dynamisme, avec une intense concurrence entre sociétés commerciales françaises, anglaises et allemandes notamment. Le statut de tutelle sous mandat de la SDN puis de l’ONU implique, en effet, l’égalité des Etats membres et interdit d’établir des tarifs douaniers préférentiels.
  • Chemin de portage aménagé en 1925-26. Photo agence économique de l’AEF. – L’exploitation des richesses du Cameroun nécessite une abondante main d’œuvre. Faute de routes et de voies navigables en nombre suffisant, le transport par portage des matières premières –caoutchouc de la forêt notamment- vers la côte, et des marchandises d’importation en retour, mobilise beaucoup de bras. Moyen de transport traditionnel, le portage a explosé avec la mise en valeur des ressources par les colonisateurs successifs. Mais ce développement ne va pas sans inconvénients. Sur le plan économique, il entraine une concurrence entre production et transport, puisque les sociétés commerciales, qui assurent cette seconde tâche, emploient bien plus de travailleurs que les plantations. Dans la région de Mungo, par exemple, il y avait au début du XXème siècle 10 à 20 fois plus de porteurs que de manœuvres dans les exploitations forestières, au détriment des capacités de production. Sur le plan sanitaire, les déplacements incessants engendrés par le portage contribuent à diffuser les maladies, et particulièrement la maladie du sommeil, qui va provoquer une effroyable hécatombe en Afrique centrale puis en Afrique de l’Ouest. D’un point de vue politique, l’accroissement du portage  n’est pas non plus sans conséquences. Il nécessite d’importer des populations des régions les plus peuplées de l’intérieur vers les zones moins denses de la côte et entraine également des troubles lorsque les porteurs pillent les villages pour palier à l’insuffisance du ravitaillement prévu sur leur parcours. Sources : Champaud, J., Villes et campagnes du Cameroun de l'ouest, Paris, éditions de l’ORSTOM, 1983.
  • Chemin de Fer du Nord à Bonaberi. – La ligne reliant Douala à Nkongsamba est construite entre 1908 et 1911, à l’époque coloniale allemande. On l’appelle alors la « ligne du Nord », bien que ses 172 km de long ne la mènent en réalité pas bien loin dans la partie septentrionale du pays. Le projet initial était, il est vrai, de rallier  N’Gaoundéré et Garoua. De fait, la ligne devint par la suite le « chemin de fer de l’ouest », ce qui est plus conforme à son tracé. Bien plus tard, entre 1964 et 1974, un tronçon joignant Yaoundé à N’Gaoundéré devait effectivement desservir le nord du Cameroun. Equipé d’une voie unique à écartement métrique, le chemin de fer « du nord » devenu « de l’ouest » part, côté capitale économique, depuis le quartier de Bonabéri, sur la rive ouest du Wouri. Pour l’emprunter, les habitants de la ville devaient traverser le fleuve par voie navigable jusqu’à la construction du pont en 1954. – « Je quitte Douala un matin, à l’aube. Michel est venu me chercher au Gouvernement, m’a emmené au port ; nous sommes montés dans une petite vedette à pétrole, nous avons passé le Wouri. Nous sommes arrivés à un endroit qui s’appelle Bonabéri. Là, il y a une gare et un petit train. […] je suis monté dans le train ; le train est parti. On m’a donné un wagon, tout un wagon. Il y a une plateforme à l’arrière du wagon et le wagon est le dernier du train. J’ai pris un fauteuil dans le salon, je me suis assis sur la plateforme et je regarde la petite voie filer dans la forêt des deux côtés. » (1). Sources : (1) Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Exploitation forestière au Cameroun. - Acajous, douka, moabi, niové, oboto, bilinga, bubinga, kévazingo, padouk, zingana ou ébène, la forêt camerounaise regorge d’essences de valeur. Pour la France du début du XXème siècle, les bois issus de l’empire colonial sont salutaires car la production métropolitaine ne permet plus de satisfaire la demande intérieure. En effet, avec le développement de l’activité économique et de la consommation, les besoins sont en pleine croissance et le territoire national reste largement dévolu à l’agriculture traditionnelle au détriment des forêts. Cependant la production coloniale ne résout pas tout. D’une part elle est trop faible pour résorber les déficits. D’autre part les essences tropicales, essentiellement destinées à l’ébénisterie et au déroulage –la fabrication de contreplaqués-, ne peuvent pas remplacer les importations de bois d’œuvre venues notamment de Scandinavie. Ainsi, grâce à ses colonies, la France exporte du bois dans le monde entier, sans toutefois parvenir à se passer  de ses fournisseurs étrangers.
  • Douala, carrefour avenue Poincaré et rue du 27 août. – « Le voyageur qui débarque pour la première fois à Douala est surpris de se trouver devant un vaste chantier […]. Dans les rues – goudronnées depuis peu – le mouvement des automobiles et bicyclettes devient tel que le service de la circulation a dû installer aux principaux carrefours des « clignotants » vert et rouge, les agents, les « polices » comme on les appelle ici, ne parvenant plus, par leurs seuls moyens individuels, bâton et sifflet, à éviter, aux heures d’affluence, des embouteillages spectaculaires ». Sources : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1953.
  • Yaoundé, femmes indigènes. - « Les relations conjugales manquent le plus souvent, de tendresse et de justice. Rien qui ressemble à ce sentiment qui est européen et plus encore français et que nous nommons l’amour. On peut dans un village passer des heures, des jours même, avec un jeune Noir sans qu’il vous présente sa femme, sans qu’on l’aperçoive avec elle ; à plus forte raison ignore-t-il le bras-dessus bras-dessous. […] Chez les Ewondo, les épouses, avec plus de tempérament, prennent plus de licences. Néanmoins, au tribunal indigène, quand deux hommes se disputent l’une d’elles, elle, qui montre de tels regards d’angoisse quand un de ses petits est malade, reste inerte et le regard vague, entre ses deux prétendants. Elle a moins l’air d’une épouse dont le sort se joue que d’une bouche au bureau de placement. Peu lui importe qui la battra ; elle sait que ce sera toujours avec le même bois. » Source photo et texte : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Cameroun français, en brousse, arrivée triomphale du Missionnaire au village. – « [Le Cameroun compte] en tout, une soixantaine de pères et 2500 catéchistes pour 232 000 catholiques, 142 000 catéchumènes ou 374 000 Noirs plus ou moins christianisés, soit en moyenne, un prêtre pour 6500 fidèles ou demi-fidèles et un catéchiste pour 150. […] Dans la brousse, on n’est à son presbytère que la moitié du temps. Ainsi, à Edéa, le supérieur peut en quinze jours visiter vingt-cinq de ses cinquante postes ; au sud et au sud-est, les derniers sont à cinquante ou soixante kilomètres ; faute de bonnes routes, il doit aller entièrement à pied ; il fait chaque jour plus de cinq lieues dans la région du sud où les villages sont rares, deux heures seulement de marche au sud-est où les habitations sont plus rapprochées. […] Suivant l’état des chemins, tantôt dans une vieille petite Ford, tantôt en motocyclette, tantôt à cheval, tantôt à pied, par des pistes souvent barrées de troncs d’arbres, coupées de ruisseaux, même de rivières, où il arrive qu’on trouve un vieux pont de liane qu’il faut réparer avant de s’y hasarder. ». – Carte postale éditée par la « Mission des Prêtres du Sacré-Cœur de St-Quentin ».   Source : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Douala, carrefour avenue Poincaré et rue du 27 août. – « Le voyageur qui débarque pour la première fois à Douala est surpris de se trouver devant un vaste chantier […]. Dans les rues – goudronnées depuis peu – le mouvement des automobiles et bicyclettes devient tel que le service de la circulation a dû installer aux principaux carrefours des « clignotants » vert et rouge, les agents, les « polices » comme on les appelle ici, ne parvenant plus, par leurs seuls moyens individuels, bâton et sifflet, à éviter, aux heures d’affluence, des embouteillages spectaculaires ». Sources : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1953.
  • Douala, la Chambre de Commerce. – En 1932, selon les rapports publiés par la SDN (Société des Nations), les principales marchandises importées au Cameroun sont les tissus de coton (16 762 000 francs), les essences (3 095 000 francs) et les médicaments composés (2 941 000 francs). Les marchandises exportées sont le cacao en fèves ( 21 614 000 francs), l’huile de palme ( 8 125 000 f) et les bois de construction (5 405 000 f). Les firmes européennes (françaises, allemandes et anglaises) sont des coupes de bois, des plantations, des banques, des factoreries, des agences de compagnies de navigation : Woerman, John Holt, l’Equateur, la FAO, la SCOA, la Banque de l’Afrique occidentale… Source : Rapports de la SDN, Imprimerie générale Lahure.
  • Douala, un coin des quais. - « Le port de Douala, avec balises, chenal et quais. On les a construits sur du poto-poto. Les paquebots y accostent. Seuls ceux qui ont débarqué des passagers ou chargé des marchandises en face des wharfs ou à travers la barre des côtes africaines, savent ce que c’est qu’un quai. » (1). « Des dragages ont été effectués aux postes de mouillage qui peuvent recevoir des navires de 150 mètres de long. Devant la ville il existe 5 postes que peuvent prendre les navires ne désirant pas accoster à quai. On peut aussi mouiller en amont des quais. Les quais ont une longueur de 550 mètres avec des profondeurs au pied de 7 à 10 mètres ; ils bordent a ville et permettent l’accostage de 4 grands bâtiments. En amont le quai dit, du chalandage, où les profondeurs sont de 1 à 3 mètres, prolonge les quais précédents » (2). Sources : (1) J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934. (2) Instructions nautiques – Côtes Ouest d’Afrique, Paris, Service Hydrographique de la Marine, 1941.
  • Douala, rue indigène, tailleurs loango. – « Les adultes, de plus en plus, s’habillent à notre exemple ou à peu près. En brousse, les femmes sont vêtues d’une robe de coton imprimé, laissé pour compte des magasins d’Europe, avec un mouchoir de couleur sur la tête et pieds nus. Les hommes, pieds nus et tête nue, ont la petite culotte et le veston kaki ou bien une chemise blanche et un pagne à dessins qui descend jusqu’aux chevilles. Dans les centres, à Yaoundé et surtout à Douala, les employés des factoreries ou de l’administration s’habillent comme les Blancs, et même, car ils ne souffrent pas comme eux de la chaleur, plus que les Blancs, puisque les élégants portent col fermé, canne et lunettes » (1). - Jean de Puytorac, qui vécut en Afrique Centrale entre les années 1920 et 1940, nous apprend que les tailleurs loango étaient fréquemment appelés « Fayette », en référence au célèbre magasin de confection parisien Galeries Lafayette. Sources : (1) J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934. (2) Puytorac, J. de, Makambo. Une vie au Congo. Paris, Zulma,1992.
  • Akwa, le temple de Saker restauré, tel qu’il a subsisté jusqu’en 1945. – Le missionnaire baptiste britannique Alfred Saker est un pionnier à plusieurs titres : il fut l’un des tout premiers religieux à investir la côte que l’on nommait alors Cameroons, où il s’installa dès 1845, et il fut le premier à fabriquer des briques en terre cuite dans toute la région. En habile artisan, ce mécanicien-constructeur de marine parvint, à partir de 1860, à produire deux mille briques par semaine. Avec ce nouveau matériau, il put bâtir son temple, une école et une maison d’habitation. Ses constructions, sans briller par leur architecture, se démarquaient de l’existant où dominaient les matériaux d’origine végétale.  Le plateau d’Akwa, qui est aujourd’hui un quartier de Douala, est décrit en 1826 par un voyageur britannique comme propre, ordonné et structuré par deux vastes avenues parallèles, et surplombé par la vaste demeure à étage du roi. Quand Saker s’y installe, les rares autres constructions européennes sont des factoreries, dépôts fonctionnels destinés au commerce de traite. Il faut noter que les bâtiments érigés par Saker devaient s’avérer bien plus résistant que les premières constructions allemandes, souvent préfabriquées en bois et métal.
  • Douala, courses de pirogues sur le Wouri, à l’occasion de la célébration du 14 juillet, dans les années 1930.– Cette compétition fluviale, « récupérée » par la fête nationale française à l’époque du mandat de la SDN, s’intègre dans des cérémonies traditionnelles appelées  « le Ngondo », dont l’origine remonterait au XVII ème siècle. Ces festivités, célébrant le fleuve et ses bienfaits, réunissent les peuples Sawa, un groupe composé d’une trentaine d’ethnies réparties dans deux des dix régions du Cameroun (Littoral et Sud-Ouest). Réinvesties par les autorités traditionnelles locales à partir de 1949 sous l’impulsion du prince Théodore Lobè Bell – on parle de « Ngondé de l’époque moderne » –, elles se déroulent désormais en fin d’année, au mois de novembre et décembre. Elles durent plusieurs semaines, et comptent, outre la course de pirogues géantes, des évènements symboliques comme l’immersion d’un vase sacré dans les eaux du fleuve, et spirituels avec des offices religieux donnés sur la berge. – Cliché amateur pris par Gaston Patte, qui fut employé des postes au Cameroun du début des années 1930 jusqu’en 1946, et communiqué par sa fille Claudine Broux. Ses photos ont fait l’objet en 2004  d’une exposition à Douala, financée par la communauté urbaine de la ville.
  • L’auteur va interroger deux gardes civiques qui viennent d’arrêter six maquisards du pays Bamiléké, Cameroun (1). - Il y a cinquante ans jour pour jour, le 1er janvier 1960, le Cameroun accédait à l’indépendance.  Officiellement, il s’émancipait sans heurts de la tutelle coloniale française – la partie anglaise devint indépendante en 1963, et l’unification des deux Cameroun eu lieu en 1972. Mais la réalité historique est bien différente : pour conserver le contrôle de ce pays et de ses abondantes richesses naturelles, la France va mener une guerre sans merci à tous ceux qui semblent menacer ses intérêts, du milieu des années 1950 à la fin des années 1970. Dans la ligne de mire de Paris, l’Union des populations du Cameroun, un parti politique qui réclame l’indépendance dès 1952 et est rapidement interdit : ses dirigeants et ses militants sont implacablement traqués et éliminés. Ainsi, Um Nyobé, le fondateur de l’UPC, tombe sous les balles de l’armée française en 1958. Félix Moumié, son successeur, meurt empoisonné par un agent français à Genève en 1960. Et au total, les opérations militaires menées au Cameroun par l’armée française - y compris après l’indépendance -, l’armée camerounaise et leurs supplétifs locaux, coûtent la vie à de très nombreux Camerounais (30 000 à 500 000, ou davantage, selon les sources). Paradoxalement, ces événements, qui courent d’une République à l’autre – IVème et Vème -, impliquent plusieurs exécutifs successifs, engagent l’armée nationale et sont motivés par l’intérêt de grands opérateurs économiques hexagonaux, demeurent quasiment inconnus en France. La discrétion est de mise. Ainsi, l’ouvrage de Mongo Béti « Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation », publié chez François Maspéro en 1972, est censuré en France. La photo présentée ici est l’un des rares témoignages iconographiques – certes furtif et indirect - parus sur le sujet. Publiée dans un récit à la gloire de l’action des Européens en Afrique (1), elle ne suscite apparemment aucune question sur la situation camerounaise à l’auteur, Jean Toulat, pourtant connu pour son engagement pacifiste. Aujourd’hui encore, la mise en cause des puissantes entreprises françaises opérant  au Cameroun, et de leurs pratiques parfois contestables, donne lieu presque systématiquement à des poursuites pour diffamation (2). Sources : (1) Toulat, Jean, Français d’aujourd’hui en Afrique Noire, Paris, Librairie académique Perrin, 1966. (2) « Deux journalistes de France Inter attaqués pour diffamation par Bolloré », LEMONDE.FR avec AFP, 15.12.09.
  • Douala,  avenue de la Libération du 27 Août. – Au lendemain de la défaite française de 1940, le Cameroun refuse l’armistice. Ses habitants, pour le moins ceux qui ont la possibilité de se faire entendre, clament leur volonté de continuer la lutte. Le spectre d’un retour des Allemands hante de longue date les habitants français de cette ancienne colonie allemande, sous mandat français depuis la première guerre mondiale. Le 27 août 1940, le colonel Leclerc prend le poste de commissaire général du territoire, au nom du général De Gaulle, et déclare le Cameroun autonome politiquement et économiquement. La ville de Douala compte alors 40 000 habitants. Durant la guerre, sa population va décroître, avant d’augmenter rapidement au sortir des hostilités, pour atteindre 60 000 habitants en 1947 et 108 105 en 1954. Ce développement de la ville est lié à celui des affaires, aux importants chantiers – le nouveau port notamment – qui sont financés par le FIDES, le fonds d’investissements pour le développement économique et social, crée en 1946.
  • Nkongsamba, avenue de la Région. - La ville s’est développée avec l’arrivée du chemin de fer, construit entre 1907 et 1912 par les Allemands qui donnèrent alors le nom Nsamba à la localité. La ligne, appelée CFN pour chemin de fer du nord, reliait l’intérieur du pays à la côte, allant de Nkongsamba à Bonabéri, juste à coté de Douala, et passant par Mbanga avec un embranchement sur Kumba. Le chemin de fer, en ouvrant un débouché sur la côte aux productions agricoles de l’Ouest, du Sud-ouest et de la région du Moungo, scelle la prospérité de la ville. De nombreux commerçants européens, allemands, anglais, français et méditerranéens s’y établissent. Les grands comptoirs coloniaux, et tout ce qui compte dans le commerce de l’époque, y installent des succursales ; SCOA, RW King, Tsekenis, CFAO, SHO, Compagnie soudanaise, Olympius, Panafric, les établissements Mercier, John Holt, Paterson Zochonis… La ville est dotée de services officiels, et devient un centre administratif en 1923, succédant dans ce rôle à la localité de Baré. - Le tronçon de chemin de fer reliant Douala à Yaoundé, long de 262 km, fut construit entre 1908 et 1927. Il fut ensuite enrichi d’une bretelle de 30 km reliant Ngoumou à Mbalmayo, construite entre 1927 et 1933. Le tronçon allant vers le nord du pays, entre Yaoundé et Ngaoundéré, (long de 622 km) fut construit bien plus tardivement, entre 1964 et 1974.
  • Le sultan de Foumban sur la galerie de son palais. – Dernier représentant de l’empire Bamoun, l’un des plus anciens du continent, le sultan de Foumban embarrasse les  autorités mandataires françaises - cette partie du Cameroun est placée en 1922 sous mandat français par la Société des Nations. Elles vont s’employer à réduire son pouvoir et son emprise, en transformant l’empire en simple région dès 1922, puis l’année suivante, en simple subdivision de la circonscription de Dschang. La même année, le souverain Njoya est déposé. Exilé à Mantoun dans un premier temps, puis à Yaoundé, il meurt en 1933, scellant la disparition de l’organisation politique Bamoun et la suprématie de l’administration coloniale française. – Ce cliché fait partie de l’œuvre du photographe Georges Goethe. Né en 1897 en Sierra Leone, il vient au Cameroun  en 1922 comme agent commercial et, fasciné par les hommes, les villes et les paysages, se lance en amateur dans la photographie. Pionnier du genre, il acquiert vite une réputation, et les chefs de villages le demandent. En 1931, il devient professionnel et ouvre à Douala son studio, appelé « Photo Georges », où seront formés nombre des premiers photographes camerounais. Ses archives constituent un fonds d’une grande richesse sur la vie du pays. Depuis sa disparition  en 1976, son fils, Doualla Cyrille Goethe, poursuit son oeuvre.
  • Les pasteurs J. Kuo-Isédu, J. Ekolo, J. Modi-Din. – Il s’agit de pionniers de l’église protestante camerounaise, appelés par les circonstances particulières à leur époque à assumer des responsabilités habituellement dévolues à des missionnaires occidentaux.  Après la défaite allemande de la première guerre mondiale, le Cameroun fut placé par la Société des Nations sous mandat britannique, dans sa partie ouest, et français, dans sa partie est. La France n’autorisa pas le retour de missionnaires étrangers, et leurs stations furent confiées à la Société des missions évangéliques de Paris, qui, faute de missionnaires disponibles, s’en remis aux pasteurs locaux. Ainsi, c’est aux pasteurs Joseph Ekolo, Joseph Kuo, Jacob Modi Din, mais aussi aux pasteurs Lotin et Martin Itondo que revint la charge des  églises protestantes du Cameroun sous mandat français. Joseph Ekolo et Joseph Kuo, tous deux catéchistes, avaient été consacrés pasteurs en 1912 à Bonabéri, par le missionnaire Dinkelacker. Jacob Modi Din fut consacré la même année à Bonadouma par le missionnaire Lutz, et commença à exercer son ministère dans la région de Douala. Résistant aux avances des autorités allemandes, qui voulaient exploiter la forte influence qu’il avait acquise dans la région, il fut emprisonné dès le début de la guerre.  Le premier pasteur évangélique camerounais avait été Johannes Man Eleme Deibol, consacré en 1901 par la mission de Bâle, et mort en 1908. Source : Messina, J-P. et Van Slageren, J., Histoire du Christianisme au Cameroun – Des origines à nos jours, Paris, Karthala, 2005.
  • Douala, hôpital général. – « Naturellement certaines affections seront traitées sur-le-champs [par les tournées sanitaires]. D’autres exigeront des soins continus ou la table d’opération. C’est pourquoi les tournées s’appuient sur des hôpitaux. Une dizaine d’hôpitaux généraux. L’institut Vernes de Douala pour les syphilitiques. Tous n’ont pas leur forme définitive. Le plus parfait est à Douala. Celui de Yaoundé est en reconstruction. La plupart des autres sont en pisé, et l’outillage y est médiocre. [...] Ces hôpitaux sont suppléés, pour les cas bénins, par des infirmeries de brousse. Une case à trois compartiments dont l’un sert de chambre à l’infirmier. Des thermomètres, des compresses, des bandes, des seringues, une armoire à médicaments, d’où on a exclu les poisons qu’on ne confierait pas sans péril à un indigène même diplômé. C’est tout, c’est déjà beaucoup. Les hôpitaux et les tournées produisent des statistiques. Pour tous ceux et toutes celles du territoire, les affections qu’ont y a constaté en 1932 sont, par ordre de fréquence et en s’arrêtant au plus fréquentes : affectons sporadiques 39,7% ; affections chirurgicales 11,7% ; syphilis 10,4% ; pian 8,5% ; helminhiases 7,9% ; cutanées 7% ; ulcères phagédéniques 4,8% ; paludisme 4,2% ;  blénorhagie 3,6%  ». Source : Wilbois, J., Le Cameroun, Paris, éditions Payot, 1934.
  • Nkongsamba, les PTT et la région. - La ville s’est développée avec l’arrivée du chemin de fer, construit entre 1907 et 1912 par les Allemands qui donnèrent alors le nom Nsamba à la localité. La ligne, appelée CFN pour chemin de fer du nord, reliait l’intérieur du pays à la côte, allant de Nkongsamba à Bonabéri, juste à coté de Douala, et passant par Mbanga avec un embranchement sur Kumba. Le chemin de fer, en ouvrant un débouché sur la côte aux productions agricoles de l’Ouest, du Sud-ouest et de la région du Moungo, scelle la prospérité de la ville. De nombreux commerçants européens, allemands, anglais, français et méditerranéens s’y établissent. Les grands comptoirs coloniaux, et tout ce qui compte dans le commerce de l’époque, y installent des succursales ; SCOA, RW King, Tsekenis, CFAO, SHO, Compagnie soudanaise, Olympius, Panafric, les établissements Mercier, John Holt, Paterson Zochonis… La ville est dotée de services officiels, et devient un centre administratif en 1923, succédant dans ce rôle à la localité de Baré. - Le tronçon de chemin de fer reliant Douala à Yaoundé, long de 262 km, fut construit entre 1908 et 1927. Il fut ensuite enrichi d’une bretelle de 30 km reliant Ngoumou à Mbalmayo, construite entre 1927 et 1933. Le tronçon allant vers le nord du pays, entre Yaoundé et Ngaoundéré, (long de 622 km) fut construit bien plus tardivement, entre 1964 et 1974.
  • Douala, la place du gouvernement, avec les bâtiments du Crédit Lyonnais et de Printania. -A la recherche d’une formule de type « grands magasins », se démarquant des comptoirs, susceptible de rénover le commerce dans les capitales africaines, la SCOA (Société commerciale de l’Ouest Africain) s’associe à partir de 1952 avec le groupe Printemps pour ouvrir des magasins Printania, et avec Prisunic pour lancer une chaîne de magasins sous l’enseigne Pariscoa. – « La clientèle européenne suffirait à elle seule à faire vivre un certain nombre de commerces (5 à 6000 Européens à Douala, sans compter les « broussards » qui viennent s’y ravitailler) ; la formule ancienne – comptoirs ou boutiques grecques – cherchant à convenir à la fois aux Européens et aux Africains, dont les goûts et les besoins sont souvent différents, semble condamnée à disparaître ». Source : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1953.
  • Douala, route et porte de Dido. – Dido est le nom d’un quartier de Douala, qui s’appelait précédemment  Bona Bele. Au 19ème siècle, les rois douala,  qui gouttaient aux noms à consonance étrangère, mettaient un certain snobisme à transformer leurs patronymes au gré de modes importées, les Bele devenant Bell, et les Kua devenant Akwa, pour ce qui est des deux principales familles fondatrices de la ville en 1807. Il en alla de même pour les villages précurseurs de la ville, et ainsi Bona Bele prit le nom d’un petit bateau de guerre anglais, le Dido, qui avait stationné dans ces parages, le long de la rive du Woori. Le village qui s’appellera aussi alternativement Hietory, devient un quartier de Douala,  comme Bell et Akwa, et est désigné aujourd’hui sous le nom de Diedo.
  • Indigène atteint de la maladie du sommeil. – La trypanosomiase, ou maladie du sommeil, est due à un petit parasite, le trypanosome, découvert en 1901 par des chercheurs anglais en Gambie, et transmis par la mouche tsé-tsé. La maladie endémique en Afrique centrale est signalée dès le milieu du XIXéme  siècle par un compagnon de Savorgnan de Brazza. La conquête coloniale et la circulation des hommes qu’elle entraîne, déclenchent une épidémie fulgurante qui dévaste la région et s’étend, une décennie plus tard, à l’Afrique occidentale. Pour lutter contre ce fléau terriblement meurtrier, le docteur Eugène Jamot (1879-1937) met au point une méthode fondée sur la mobilité des équipes médicales, qui vont à la rencontre des malades dans les villages. - « Plus brillants sans conteste ont été les résultats dans l’ordre sanitaire. Ceux qui concernent la maladie du sommeil sont dus presque entièrement à l’intelligence, à l’abnégation et à la ténacité, à travers cent obstacles, du médecin-colonel Jamot. C’est que le danger était plus grand et plus pressant. Il ne s’agissait de rien de moins que la vie des indigènes. Les statistiques démographiques, on le sait, montrent un faible accroissement, sinon une décroissances de la population. On sait aussi que la Noirs de ces contrées portent de les germes de presque toutes nos maladies. Mais seuls ils étaient victimes de la maladie du sommeil. Elle avait été déjà dénoncée par les Allemands. Mal étrange ; c’est par l’insomnie qu’il commence ; ensuite les malades deviennent tantôt décharnés, tantôt bouffis ; certains se transforment en déments, amusants ou dangereux ; à la dernière période, on se traîne à peine, on parle à peine , on entend à peine ; jadis les Noirs abandonnaient ces dormeurs dans des cases écartées où, une nuit, sans qu’ils pussent s’en défendre ni peut-être s’en apercevoir, une panthère venait les dévorer. Le fléau se communiquait de contrée à contrée, et certaines zones, en quelques années, il avait détruit plus de la moitié des habitants ». Source : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Marchands Haoussas. – « Ces Haoussas sont partout, vont partout, s’infiltrent partout ». Source : Nicod, Henri, Conquérants du Golfe de Guinée, Paris-Genève, Société des missions évangéliques, 1947.
  • Le père en tournée. – « [Le Cameroun compte] en tout, une soixantaine de pères et 2500 catéchistes pour 232 000 catholiques, 142 000 catéchumènes ou 374 000 Noirs plus ou moins christianisés, soit en moyenne, un prêtre pour 6500 fidèles ou demi-fidèles et un catéchiste pour 150. […] Dans la brousse, on n’est à son presbytère que la moitié du temps. Ainsi, à Edéa, le supérieur peut en quinze jours visiter vingt-cinq de ses cinquante postes ; au sud et au sud-est, les derniers sont à cinquante ou soixante kilomètres ; faute de bonnes routes, il doit aller entièrement à pied ; il fait chaque jour plus de cinq lieues dans la région du sud où les villages sont rares, deux heures seulement de marche au sud-est où les habitations sont plus rapprochées. […] Suivant l’état des chemins, tantôt dans une vieille petite Ford, tantôt en motocyclette, tantôt à cheval, tantôt à pied, par des pistes souvent barrées de troncs d’arbres, coupées de ruisseaux, même de rivières, où il arrive qu’on trouve un vieux pont de liane qu’il faut réparer avant de s’y hasarder. » Source : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Nkongsamba, route de Bafang, années 1950. - La ville s’est développée avec l’arrivée du chemin de fer, construit entre 1907 et 1912 par les Allemands qui donnèrent alors le nom Nsamba à la localité. La ligne, appelée CFN pour chemin de fer du nord, reliait l’intérieur du pays à la côte, allant de Nkongsamba à Bonabéri, juste à coté de Douala, et passant par Mbanga avec un embranchement sur Kumba. Le chemin de fer, en ouvrant un débouché sur la côte aux productions agricoles de l’Ouest, du Sud-ouest et de la région du Moungo, scelle la prospérité de la ville. De nombreux commerçants européens, allemands, anglais, français et méditerranéens s’y établissent. Les grands comptoirs coloniaux, et tout ce qui compte dans le commerce de l’époque, y installent des succursales ; SCOA, RW King, Tsekenis, CFAO, SHO, Compagnie soudanaise, Olympius, Panafric, les établissements Mercier, John Holt, Paterson Zochonis… La ville est dotée de services officiels, et devient un centre administratif en 1923, succédant dans ce rôle à la localité de Baré. - Le tronçon de chemin de fer reliant Douala à Yaoundé, long de 262 km, fut construit entre 1908 et 1927. Il fut ensuite enrichi d’une bretelle de 30 km reliant Ngoumou à Mbalmayo, construite entre 1927 et 1933. Le tronçon allant vers le nord du pays, entre Yaoundé et Ngaoundéré, (long de 622 km) fut construit bien plus tardivement, entre 1964 et 1974.
  • Douala, les quais. – « Douala, à l’embouchure du Wouri, est le port principal et la ville la plus importante. De grands travaux y ont été menés à bien et le port dispose de 600 mètres de quai en eau profonde permettant l’accostage simultané de quatre grands paquebots, avec les moyens de manutention et de stockage appropriés. De grands travaux sont en cours (quais, magasins, matériel) pour porter la capacité du port à 1 million de tonnes » (1). « Des dragages ont été effectués aux postes de mouillage qui peuvent recevoir des navires de 150 mètres de long. Devant la ville il existe 5 postes que peuvent prendre les navires ne désirant pas accoster à quai. On peut aussi mouiller en amont des quais. Les quais ont une longueur de 550 mètres avec des profondeurs au pied de 7 à 10 mètres ; ils bordent a ville et permettent l’accostage de 4 grands bâtiments. En amont le quai dit, du chalandage, où les profondeurs sont de 1 à 3 mètres, prolonge les quais précédents » (2). Sources : (1) Le Cameroun (dépliant d’information) Agence de la France d’outre mer, Paris, 1951. (2) Instructions nautiques – Côtes Ouest d’Afrique, Paris, Service Hydrographique de la Marine, 1941.
  • Douala, Allée des Cocotiers. – Devenue depuis avenue des Cocotiers, cette voie est, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, à la limite ouest de la ville. Elle commence derrière l’hôpital  européen, et se finit au niveau de l’école urbaine, en coupant successivement les rues de Verdun, Carras, de l’Hôpital et Clemenceau. « Les promenades classiques de Douala conduisent à la plage, au Mât du Pavillon, à l’Allée des Cocotiers, à l’Aviation (ainsi désigne-t-on l’aérodrome), au Bois des Singes, à Bassa (route « Razel »). » – Cette carte postale a été expédiée de Douala pour Montluçon, dans l’Allier, le 22 janvier 1948. Source : Le Cameroun (dépliant d’information) Agence de la France d’outre mer, Paris, 1951.
  • Un examen au village – « Longtemps encore, ils le savant, ils seront moins les administrateurs que les fondateurs de leur mission. Seulement, ils sont un pour élever six ou sept mille hommes, dont les plus éloignés sont à trois jours de marche, quand on les trouve dans leur village. Aussi doivent-ils agir par intermédiaire et contrôler cette action par des instruments qu’il leur faudra plus d’une fois improviser. Le premier est un tableau des fidèles […] Il va servir au père en tournée, dans les confessions et surtout dans les palabres. Ce qu’on appelle ici du nom général de palabre, ce sont les fautes où le père devra intervenir, pour punir et réparer, avec plus de vigueur et de solennité qu’au confessionnal. Apprendre ces palabres, en quantité et en nature, est la meilleure façon de connaître les mœurs chrétiennes du Cameroun. » Source (photo et texte) : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Douala, les quais. – « Douala, à l’embouchure du Wouri, est le port principal et la ville la plus importante. De grands travaux y ont été menés à bien et le port dispose de 600 mètres de quai en eau profonde permettant l’accostage simultané de quatre grands paquebots, avec les moyens de manutention et de stockage appropriés. De grands travaux sont en cours (quais, magasins, matériel) pour porter la capacité du port à 1 million de tonnes » (1). « Des dragages ont été effectués aux postes de mouillage qui peuvent recevoir des navires de 150 mètres de long. Devant la ville il existe 5 postes que peuvent prendre les navires ne désirant pas accoster à quai. On peut aussi mouiller en amont des quais. Les quais ont une longueur de 550 mètres avec des profondeurs au pied de 7 à 10 mètres ; ils bordent a ville et permettent l’accostage de 4 grands bâtiments. En amont le quai dit, du chalandage, où les profondeurs sont de 1 à 3 mètres, prolonge les quais précédents » (2). Sources : (1) Le Cameroun (dépliant d’information) Agence de la France d’outre mer, Paris, 1951. (2) Instructions nautiques – Côtes Ouest d’Afrique, Paris, Service Hydrographique de la Marine, 1941.
  • Exploitation forestière au Cameroun. – « La forêt couvre 1/3 du pays. Après l’écrémage des essences précieuses, on procède aujourd’hui à l’exploitation méthodique des essences communes pour le sciage et la satisfaction du marché intérieur dont l’ampleur croit sans cesse. » (1). – La forêt couvre, dans le Cameroun contemporain, après unification des zones sous mandat français et sous mandat britannique, près de 45 % du territoire. S’il est vrai que le marché intérieur de bois d’œuvre s’est considérablement développé dans les années suivant la seconde guerre mondiale, en raison de la construction de nombreux bâtiments modernes à Douala et d’infrastructures dans le sud du pays, les exportations du Cameroun n’ont jamais faibli. Source : (1) (photo et texte) Le Cameroun (dépliant d’information) Agence de la France d’outre mer, Paris, 1951.
  • Femmes camerouniennes préparant leur repas. – « Les relations conjugales manquent le plus souvent, de tendresse et de justice. Rien qui ressemble à ce sentiment  qui est européen et plus encore français et que nous nommons l’amour. On peut dans un village passer des heures, des jours même, avec un jeune Noir sans qu’il vous présente sa femme, sans qu’on l’aperçoive avec elle ; à plus forte raison ignore-t-il le bras-dessus bras-dessous. […] Chez les Ewondo, les épouses, avec plus de tempérament, prennent plus de licences. Néanmoins, au tribunal indigène, quand deux hommes se disputent l’une d’elles, elle, qui montre de tels regards d’angoisse quand un de ses petits est malade, reste inerte et le regard vague, entre ses deux prétendants. Elle a moins l’air d’une épouse dont le sort se joue que d’une bouche au bureau de placement. Peu lui importe qui la battra ; elle sait que ce sera toujours avec le même bois. » Source photo et texte : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Commerçants Haoussas, musulmans, sur les pistes de Foumban. – « Ces Haoussas sont partout, vont partout, s’infiltrent partout ». Source :  Nicod, Henri, Conquérants du Golfe de Guinée, Paris-Genève, Société des missions évangéliques, 1947.
  • Foumban, le tribunal. – La ville de Foumban, capitale du royaume Bamoun, est le siège du pouvoir de cet empire parmi les plus anciens d’Afrique. Les autorités mandataires françaises (cette partie du Cameroun est placée en 1922 sous mandat français par la Société des Nations) vont s’employer à réduire l’emprise du sultan du Bamoun. Ainsi, Foumban devient une simple région dès 1922, puis l’année suivante une subdivision de la circonscription de Dschang. La même année, le souverain Njoya est déposé.  Exilé à Mantoun dans un premier temps,  puis à Yaoundé, il meurt en 1933, scellant la disparition de l’organisation politique Bamoun et la suprématie de l’administration française. L’affluence au tribunal, sur cette photo qui date des années 1950, en est le symbole.
  • Jeunes filles Ewondo. – « Ainsi, en ces latitudes, nul ne se marie, on est marié.  On l’est de trois façons, assez analogues en dépit de leurs noms, par rapt, par échange ou par dot. […] Néanmoins, même dans l’ancien temps, l’épouse était loin d’être choyée. […] La femme n’a guère que des devoirs, qui consistent à porter des enfants allègrement. 1° Elle ne possède en propre que de menus meuble ; 2° Ses enfants, si son mari la renvoie, restent au mari ; 3° Elle ne peut hériter de rien ; 4° Quand son mari meurt, elle suit son héritier avec le reste de l’héritage… ». Source (photo et texte) J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934.
  • Missionnaires en tournée, à deux mille mètres d’altitude, dans le Grassfield. – « Pendant qu’un missionnaire s’installait au Grassfield, un autre s’apprêtait à ouvrir une station plus à l’est, à Somo-Nodiki. Pendant dix ans, ceux de Douala et de Yabassi avaient parcouru, au prix de grandes fatigues, la région montagneuse, recouverte par la forêt vierge, s’étendant de Douala aux confins de al savane et dans laquelle se trouvaient les stations abandonnées de Nyamtan et Ndogossi ». Source : Nicod, Henri, Conquérants du Golfe de Guinée, Paris-Genève, Société des missions évangéliques, 1947.
  • Douala, la place de la Victoire. – « Le plus beau et le plus moderne de ses monuments, celui que la ville de Douala a élevé à la mémoire du Général Leclerc, se dresse sur la place du Monument aux Morts. C’est à Douala en effet qu’a commencé la marche de Leclerc à travers le Tchad et le Sahara jusqu’à l’Europe ». Source : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1953.
  • Douala, magasin Pariscoa (photo A. Gouelle).  – A la recherche d’une formule susceptible de rénover le commerce dans les capitales africaines, de type « grands magasins » et se démarquant des comptoirs, la SCOA (Société commerciale de l’Ouest Africain) s’associe à partir de 1952 avec le groupe Prisunic pour lancer une  chaîne de magasins sous l’enseigne Pariscoa et avec le groupe du Printemps pour ouvrir des magasins Printania. – « La clientèle européenne suffirait à elle seule à faire vivre un certain nombre de commerces (5 à 6000 Européens à Douala, sans compter les « broussards » qui viennent s’y ravitailler) ; la formule ancienne – comptoirs ou boutiques grecques – cherchant à convenir à la fois aux Européens et aux Africains, dont les goûts et les besoins sont souvent différents, semble condamnée à disparaître ». Source : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1953.
  • Douala, vue générale. – « A Douala, il y a encore beaucoup d’anciennes « cases » (ici on appelle « cases » toutes les maisons, qu’elles soient occupées par les Européens ou les indigènes) typiquement coloniales ou des cases nouvelles construites sur le même principe ; un rez-de-chaussée surélevé entouré le plus souvent d’une véranda, un toit de tôle ondulée, une cuisine indépendante. Ces cases sont généralement agréables à habiter car elles sont bien aérées. Mais on rencontre aussi des « cases » qui ressemblent aux maisons de France : immeubles à 1 ou 2 étages avec logements ou appartements » (1). Le recensement de novembre 1951 dénombre à Douala une population de 5250 Européens et 115 000 Africains. - On distingue, à l’arrière plan, la cathédrale Saints-Pierre-et-Paul. Source : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1951.
  • Arrivée de l’avion d’Air France à Douala, en 1950. – « Le camp d’aviation, son bar plutôt, est un des rendez-vous où l’on papote, les arrivées et les départs d’avions fournissant des sujets de conversation inépuisables » (1). Pour se rendre au Cameroun en 1950, les voyageurs doivent posséder un passeport, doivent avoir reçu les vaccinations antiamaryle et antivariolique. De plus, ils doivent verser une caution, ou produire une dispense délivrée par la Sûreté du territoire à la demande de l’employeur. Le montant de la caution s’élève à 30  000 francs CFA pour les Français, Belges, Allemands, Espagnols, Hollandais, Italiens, Luxembourgeois, Portugais et Suisses, à 50 000 f. CFA pour les Russes et Américains du Nord et du Sud, à 10 000 f. CFA pour les « Originaires de la Côte d’Afrique », et 40 000 f. CFA pour les autres nationalités. Les voyageurs doivent aussi disposer d’une autorisation d’embarquement, délivrée par la Délégation du Cameroun en France. Les vols d’Air France entre  Paris et Douala par Constellation durent 14 heures, avec une escale à Alger, et le billet coûte 57 800 f. CFA (115 600 francs métropolitains). Les vols UAT, sur DC4, passent par Alger et Niamey, et durent 18 heures comme les vols TAI qui passent par Alger et Kano, et le billet coûte sur ces compagnies 46 500 f. CFA, soit 93 000 f. métropolitains. Par comparaison, le SMIG (salaire minimal interprofessionnel garanti) créé en France en 1950, ne s’élevait alors qu’à 64 francs métropolitains par mois !  Source : « Douala, porte du Cameroun » (brochure), Douala, Secrétariat social du Cameroun et Chambre de commerce, d’agriculture et d’industrie du Cameroun, 1951.
  • Duala, le Grand Hôtel. – Le Grand Hôtel est ouvert par un certain Millet, qui était arrivé en 1917 à Douala après s’être fâché avec son beau frère avec qui il devait exploiter le Grand Hôtel de Conakry. Il commença par un plus petit établissement, il n’avait que 2 francs et 25 centimes en caisse le jour de l’ouverture le 13 juillet 1917. Mais Douala foisonnait alors de soldats français, et plus encore de soldats anglais, qu’il fallait nourrir et abreuver. Millet gagna rapidement de quoi  s’agrandir et loua le Grand Hôtel. Mais c’était un homme changeant, et il se désintéressa vite de cette activité et se lança successivement dans le commerce du pain, avec l’idée de conquérir le marché indigène,  dans les transports en commun entre Douala et New-Bell, dans le transport de marchandises entre les quais et Douala, avec des tracteurs et des trains de remorques, dans l’approvisionnement de Douala en bois de chauffe, s’était en 1926, puis devint libraire… Source : Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Mission de Dukula, apprentissage laborieux. Filles du Saint-Esprit. Saint Brieux (C.-du-N.) – « Ainsi, l’enseignement élémentaire, disons mieux le premier dégrossissage des petits Noirs, est l’affaire des missions ; à elles appartient, en dépit des mots, la véritable instruction « publique ». [...] Elles [les écoles missionnaires] seules pénètrent profondément dans la brousse. Les unes sont des écoles « reconnues », c'est-à-dire règlementées et contrôlées ; le français – 20 heures par semaine – y est obligatoire ; elles avouent plus de 8000 élèves. Les autres, « non reconnues », sont tout à fait libres de leurs programmes et de leurs méthodes ; leur enseignement est en général donné en langue indigène ; elles instruisent, disent-elles, plus de 50 000 enfants. Ces nombres sont incertains et sans doute trop faibles, car le catéchisme à lui seul donne un rudiment d’instruction. [...] Les soeurs [du St-Esprit] habitent toujours une maison séparée, qu'elles décorent toujours avec le charme un peu enfantin des couvents de France. Leurs moindres besognes c'est d'orner l'église ou d'assurer la cuisine. En outre l'une sera détachée au sixa, la seconde à l'école, la troisième à un dispensaire ».  Source : J. Wilbois Le Cameroun, éditions Payot, Paris, 1934
  • Douala, palais du gouverneur. – « La ville et le port sont bâtis sur la rive gauche du large Wouri ; il y a des maisons, des bateaux, un hôpital, - naturellement, - tout blanc, un palais du gouvernement pour loger le gouverneur quand il en a assez de son paradoxe de Yaoundé… […] Le palais du gouvernement est une belle construction, - belle, je veux dire grande, et, d’ailleurs, elle n’est pas très laide, - édifiée par les Allemands. Un grand jardin l’entoure, avec des gazons, des arbres, des grandes chauves-souris brunes, qui s’accrochent aux palmiers par grappes, la tête en bas, comme des linges qui sèchent. Il s’avance en terrasse sur le Wouri, qui, ce matin, est couleur de lait, exactement. Il fait beau et bon ». Source : Martet, Jean, Les bâtisseurs de royaumes, Paris, Albin Michel, 1934.
  • Kribi, le port aux bois. – « C’est un petit port, bien abrité par des écueils, qui ne convient qu’aux canots automobiles, aux chalands et autres embarcations ; les navires doivent mouiller à l’extérieur. […] Une bouée rouge portant l’inscription « Kribi N°2 » est mouillée par 8,5 mètres d’eau, sur l’alignement du clocher et du phare. Une bouée noire, avec l’inscription « Kribi N°1 » est mouillée, par même profondeur,  à 0,5 mille au Nord de la précédente. Dans le port le mât de pavillon de la maison du capitaine de port et une bâtisse, située au rivage dans S.W., servent de guide. […] Le quai ou appontement du Bruix ne peut convenir qu’aux barques. […] Kribi est le siège d’une résidence et il y existe un hôpital. Pas de vivres à l’exception de quelques produites indigènes. En cas de besoin la ville peut fournir de l’eau ; celle de la rivière est bonne, mais il n’y a pas de moyen de la transporter. Des routes d’automobiles relient Kribi aux centres importants de Grand Batanga, de Londji, Elebolowa, Lolodorf, et Yaoundé ». Source : Instructions nautiques – Côtes Ouest d’Afrique, Paris, Service Hydrographique de la Marine, 1941.
  • Nkongsamba, terminus du chemin de fer du nord, centre administratif et commercial, (années 1940). – La ville s’est développée avec l’arrivée du chemin de fer, construit entre 1907 et 1912 par les Allemands qui donnèrent alors le nom Nsamba à la localité. La ligne, appelée CFN pour chemin de fer du nord, reliait l’intérieur du pays à la côte, allant de Nkongsamba à Bonabéri, juste à coté de Douala, et passant par Mbanga avec un embranchement sur Kumba. Le chemin de fer, en ouvrant un débouché sur la côte aux productions agricoles de l’Ouest, du Sud-ouest et de la région du Moungo, scelle la prospérité de la ville. De nombreux commerçants européens, allemands, anglais, français et méditerranéens s’y établissent. Les grands comptoirs coloniaux, et tout ce qui compte dans le commerce de l’époque, y installent des succursales ; SCOA, RW King, Tsekenis, CFAO, SHO, Compagnie soudanaise, Olympius, Panafric, les établissements Mercier, John Holt, Paterson Zochonis… La ville est dotée de services officiels, et devient un centre administratif en 1923, succédant dans ce rôle à la localité de Baré. - Le tronçon de chemin de fer reliant Douala à Yaoundé, long de 262 km, fut construit entre 1908 et 1927. Il fut ensuite enrichi d’une bretelle de 30 km reliant Ngoumou à Mbalmayo, construite entre 1927 et 1933. Le tronçon allant vers le nord du pays, entre Yaoundé et Ngaoundéré, (long de 622 km) fut construit bien plus tardivement, entre 1964 et 1974.
  • Coin de forêt à Kongsamba. – « La vie est plus dure dans les coupes. Quelques jeunes coupeurs, sans diplômes, aimant le risque, ayant confiance en son destin, riches de quelques dizaines de mille francs, obtient une concession forestière. A première vue elle parait immense. Mais à la prospection on s’aperçoit qu’elle est pauvre. En outre, vingt accidents vous menacent : ainsi le bois n’est prêt qu’à l’époque des basses eaux et voilà un retard d’une saison. On est forcé d’abuser des conserves ou de boire l’eau des marigots. On souffre de chiques ou de crowcrows, on risque le paludisme, la bilieuse, la tuberculose, le coup de bambou. Certains résistent : ce sont ceux qui ont une bonne santé et une solide morale ; ceux-là contribuent à assurer à la main-d’œuvre indigène le patronage qu’ils auraient exercé sur les employés d’Europe. Mais tel autre, qu’on a pas le droit de juger avec une éthique de sédentaire, succombe au climat. Les souffrances du cœur s’y ajoutent. Il croit qu’il est impossible d’amener une femme d’Europe à l’équateur ». Source : Wilbois, J., Le Cameroun, Paris, éditions Payot, 1934.
  • En brousse : la Chapelle et la Maison du Père couvertes en paille. – Carte éditée par la Mission des pères du Sacré-Cœur de St Quentin. « Toutes [les missions], à première vue, ne diffèrent que par la grandeur des bâtiments et la qualité des matériaux. Le centre, c’est l’église. La plupart du temps, c’est une large case aux murs bas de torchis surmontés d’une claire-voie et coiffée d’un vaste toit de feuilles de rafia que supportent, en guise de piliers,  des troncs non équarris et diversement tordus […] Ici et là, les chrétiens noirs auront fourni des corvées volontaires, comme ceux qui, au moyen âge, travaillaient aux cathédrales : le toit de feuilles de Nkol-Avolo a exigé dix-huit kilomètres de nattes de rafia ; tout l’édifice a été élevé en quinze jours ». Source : Wilbois, J., Le Cameroun, Paris, éditions Payot, 1934.
  • Cameroun français : Petits enfants  païens avec leur collier de coquillages. – Carte postale éditée par la mission des pères du sacré-cœur de St-Quentin. « Si faciles à séduire, du moins dans les régions du centre et dans les villes, les femmes devraient avoir beaucoup d’enfants. Or voici notre étonnement. Le Cameroun ne se peuple pas. En certaines régions même, sa population décroît.  […] Trois décrets de 1930 ont créé des centres d’état civil indigène ; la population ne parait pas s’y opposer ; mais ce n’est qu’un essai local. De temps en temps on fait un recensement, un fonctionnaire français enquête dans chaque village ; mais les uns cache un frère pour le soustraire à l’impôt, les autres ne parlent pas de leurs enfants, qui ne comptent pas à leurs yeux ; les listes ont des lacunes dont on ignore l’ampleur. Si on signale dans tout le territoire sous mandat, en 1931, 2 223 802 habitants, on peut douter non seulement des centaines, mais des centaines de mille. […] Donc M. Cournarie a demandé aux femmes de sa liste combien elles avaient d’enfants vivants et avaient eu d’enfants morts. Les vivants étaient déjà recensés, elles ne pouvaient mentir. Les morts ne risquaient pas de devenir imposables. On vérifiait leur sincérité, de temps en temps, dans le privé, auprès d’une commère jalouse. Toutefois il n’aurait pas été prudent de s’enquérir des fausses-couches ; elles signifient presque toujours adultère : ce sont des choses que l’on avoue pas devant le gouvernement. Par ces interrogatoires on se rend compte de l’étendue de la mortalité, de la mortalité infantile en particulier.   » Source : Wilbois, J., Le Cameroun, Paris, éditions Payot, 1934.
  • Douala, la chambre de commerce en 1933. – En 1932, selon les rapports publiés par la SDN (Société des Nations), les principales marchandises importées au Cameroun sont les tissus de coton (16 762 000 francs), les essences (3 095 000 francs) et les médicaments composés (2 941 000 francs). Les marchandises exportées sont le cacao en fèves ( 21 614 000 francs), l’huile de palme ( 8 125 000 f) et les bois de construction (5 405 000 f). Les firmes européennes (françaises, allemandes et anglaises) sont des coupes de bois, des plantations, des banques, des factoreries, des agences de compagnies de navigation : Woerman, John Holt, l’Equateur, la FAO, la SCOA, la Banque de l’Afrique occidentale… Source : Rapports de la SDN, Imprimerie générale Lahure.
  • Cameroun français, un Chef en tenue de gala avec son fon masqué. Carte éditée par la mission des prêtres du Sacré-cœur de St-Quentin. - Sur cette photo, probablement prise dans les années 1920-1930, on voit un grand chef (fo) Bamiléké de l'Ouest-Cameroun, revêtu de ses vêtements d'apparat en tissu ndop (batik de coton, teint à l'indigo) et notamment sa grande coiffe de plumes (ten), son baudrier, et son immense pipe
  • Douala, l'avenue des cocotiers. - précédemment l'allée des cocotiers.
  • Douala, l'allée des cocotiers devenue l'avenue des cocotiers.
  • Le mariage d’un évolué. – « Quand il a connu quelques Européens, il [le « camerounien »] s’habille comme eux, et plus européennement qu’eux : il n’y a que des Noirs à Douala pour porter des cols durs et des souliers vernis ». Source : Wilbois, J., Le Cameroun, Paris, éditions Payot, 1934
  • Douala, l'hôpital européen.
  • Travaux sur le port de Douala.
  • Jeunes étudiants à Akono - Dans la ville d'Akono, à 60 km au sud de Yaoundé, se trouve une mission catholique réputée pour sa belle église et son petit séminaire, établissement que fréquentent vraisemblablement ces
  • Douala, New Bell - Ecole et prison
  • Douala, les bureaux du service de l'exploitation des chemins de fer – La construction du premier tronçon du chemin de fer camerounais, long de 262 km entre Douala – Yaoundé, fut construit entre 1908 et 1927. Il a été enrichi par une bretelle de 30 km reliant Ngoumou à Mbalmayo, construite entre 1927 et 1933. Le tronçon allant vers le nord du pays, entre Yaoundé et Ngaoundéré, (long de 622 km) est construit bien plus tardivement, entre 1964 et 1974.
  • Douala, Printania – Printania est le fruit de la collaboration entre la SCOA et le groupe du Printemps pour ouvrir, à partir de 1952, une chaîne de « grands magasins » en Afrique.
  • Douala, le quai
  • Cameroun Français, le Père avec un groupe de catéchistes
  • Portrait d'un homme de la forêt
  • Douala, bâtiment du nouveau lycée - Carte postale écrite en 1956
  • L'arrivée à Douala. - Carte éditée par la Compagnie générale de navigation à vapeur Cyp. Fabre.
  • Yaoundé, avenue Kennedy - années 70
  • Douala, quartier résidentiel
  • La Gare de Douala -
  • La sieste - Carte postale de la collection Printania
  • Yaoundé, l'internat, en récréation – Carte postale éditée par Les Soeurs Missionnaires du St-Esprit au Cameroun -
  • Edéa, l'usine hydroélectrique - années 1950.
  • Edéa, vue intérieure de l'usine hydroélectrique - années 1950.
  • Bébé sur son berceau
  • Bébé sur son berceau
  • Cameroun, pour sauver la race noire, nous sauvons les enfants - légende manuscrite – Carte postale expédiée le 03.11.48
  • L'hôpital européen de Douala
  • Bébé blanc et bébés noirs orphelins - Mission médicale au Cameroun – Carte postale écrite le 05.06.21
  • Haus des Bezirksamtmannes in Edea - Carte postale écrite le 12.07.21
  • Douala, (?) - Carte postée 19.04.25
  • Edéa, la centrale et le barrage, 32 000 kw
  • Douala, la Béséké
  • Douala, vue du port
  • Famille chrétienne de Foumban.
  • Douala, pont sur le Wouri-Deïdo-Bonabéri – Carte postale écrite le 25.11.57
  • Type Foulbé.
  • Douala, pirogues de course
  • Fillettes Bamouns
  • Douala, le Palais de justice - Le bâtiment a été construit en 1931.
  • Case Bamiléké - Carte postale écrite le 13.03.51
  • Départ en tournée, le portage - Transports en Afrique Centrale – Photo éditée par l’Agence Togo-Cameroun.
  • Tipoye traversant un marigot près de Lomié - Transports en Afrique Centrale - Photo éditée par l’Agence Togo-Cameroun
  • Case Bamiléké - Carte postale écrite le 13.03.51
  • Air Cameroun - Super Constellation F-BGNI - Entré en service aux couleurs d'Air France sur la ligne Paris-New York en novembre 1953, en version luxe pour 48 passagers, transformé en version 92 sièges en 1961 puis en cargo en 1962, loué à Air Cameroun à partir de 1967, retiré du service et convoyé vers Nimes en 1972 où il est féraillé en 1976
  • Douala, maison de la jeunesse protestante
  • Douala, maisons missionnaires
  • Douala, le Palais de justice - Le bâtiment a été construit en 1931.
  • Retour de la bananeraie - Mission Catholique, à Yoko
  • Chef catéchiste - Missions des Pères du Saint-Esprit.
  • Yaoudé, vue générale
  • Des
  • Cameroun, vieille esclave
  • Femme chrétienne Douala
  • Types de Bassa
  • Case de pêcheurs sur les bords du Wuri
  • Construction d'une case.
  • Cases grassfield.
  • Mission de Nitui
  • Mission de Nitui
  • Marché de Maroua
  • Préparation de l'huile de palme
  • Yaoundé, centre commercial
  • Yaoundé, le centre commercial
  • Bord de lagune
  • Yaoundé, vue aérienne sur le lac
  • Yaoundé, Lycée Leclerc
  • Yaoundé, Palais de Justice, Cour d'Appel
  • Grand père - Carte postale éditée par les Missions des Pères du Saint-Esprit.
  • Le papayer
  • rcam.jeunesetudiantsdakono
  • Douala, allée des cocotiers
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2005615