En mars 1890, le commandant Monteil fait étape à Bobo-Dioulasso, durant sa fameuse expédition de Saint-Louis du Sénégal à Tripoli en passant par le Lac Tchad. Il décrit le marché et ses échanges en ces termes : « Bobo-Dioulasso est un marché important où se tissent des cotonnades célèbres d’une grande finesse de trame en même temps que de grande solidité. Les principales transactions du marché portent sur l’or, la noix de kola et le coton. La noix de kola vient du sud du Ouorodougou et de Gondia ». Pour l’explorateur, le séjour dans cette ville voltaïque réserve quelques déconvenues. Il y est abandonné par la fuite de ses porteurs. Outre ces derniers, il voyage avec une troupe légère, composée d’un adjudant français et de douze tirailleurs sénégalais. Il soupçonne son cuisinier d’être l’organisateur de cette défection. Mais celui disparait à son tour, avant de reparaitre à Ségou, où il raconte une histoire confuse aux autorités militaires françaises, évoquant le massacre par des brigands de toute la mission Monteil, dont il serait le seul survivant. Mais son affabulation ne convainc pas et il est décapité pour désertion. Monteil, qui relate cet épisode, prit connaissance de son issue après son retour en France. Réputé esprit audacieux – il prédit même l’indépendance de l’Indochine dans ses écrits dès le début du XXème siècle -, il ne parait pourtant pas choqué ou même affecté par la sévérité de la sanction pour une faute si vénielle… Cette photographie, localisée au Haut-Sénégal-Niger, se situe chronologiquement entre 1904, création de ce territoire, et 1919, naissance de la colonie de Haute-Volta. 

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